Partie 4 - Départ

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William fixa sa mère, peu confiant en ce que lui réservait la suite.

– Nous avons décidé de t'envoyer chez un ami de ton père. Là-bas, tu réfléchiras à ton comportement, à ta façon de nous parler. Tu penseras à toi surtout, à ton avenir loin de tes amis. Parce qu'il est évident que tu agis en fonction de ce qu'ils penseront de toi. L'ami de ton père est un homme formidable. Lui et sa famille t'apprendront ce que veut dire le mot « travail » et « famille ». Pendant ce temps, ton père et moi avons besoin de nous retrouver.

Elle avait parlé avec le plus grand calme.

– Tu te fous de moi ? suffoqua William en tapant du poing sur la table.

– Ton langage ! lui fit remarquer son père en haussant la voix.

– Tu pars le lendemain de la remise des diplômes.

– Hein ? Et mon voyage au Portugal ?

Il allait de surprises en surprises.

– Logan se passera de toi.

Il avait préféré ne pas dire à ses parents qu'en réalité, il partait avec Jenna. Ils auraient refusé que leur fils occupe ses vacances avec des filles. C'était pourtant ça les vacances : sea, sex and sun, non ?

– Je n'irai pas ! J'ai vingt ans et je suis en âge de faire ce qu'il me plait !

Patrick replia son journal et le fixa droit dans les yeux.

– Cet homme m'a aidé à monter mon entreprise, il a cru en moi et c'est grâce à lui si aujourd'hui tu vis dans le luxe.

William tenta le tout pour le tout.

– Je préférerais vivre dans la rue avec une famille soudée plutôt que dans le luxe et les disputes constantes.

À voir la mine impassible de ses parents, ils avaient déjà prévu sa réaction.

– C'est pourquoi nous aussi, nous prenons des vacances. On va faire une croisière d'un mois aux caraïbes, rien que nous deux.

Le jeune homme haussa un sourcil. Ce que les parents pouvaient être des créatures étranges. Se payer un voyage dans l'espérance de se réconcilier... William, lui, voyait plus cela comme une excuse pour faire un peu de place à la banque.

Il dû se résigner à l'inévitable. À jamais dégoûté des décisions saugrenues des parents, il se leva de table et monta chercher ses écouteurs dans sa chambre.

– Je vais courir, annonça-t-il à ses parents en passant devant la porte de la cuisine.

– Ta table, William, dit sa mère.

– La femme de ménage le fera, répliqua-t-il.

– Non, tu...

Il n'entendit pas la suite, la musique à fond dans ses oreilles.

Courir lui fit éliminer quelques toxines de la veille et oublier ce mauvais moment. La pluie le trempa en moins de deux minutes mais il s'en fichait. Courir, juste courir. Fuir loin de cette maison, du poids qui lui pesait tant sur les épaules de ne pas avoir une famille qui lui sembla normale, joyeuse, hors des règles qu'imposaient le luxe et la prestance.

Il rentra chez lui deux heures plus tard, trempé jusqu'aux os. Ôtant ses baskets dans lesquelles nageaient ses pieds, il monta à l'étage, prit une douche bouillante et resta en peignoir tout le reste de la journée. Et de la semaine. Il avait attrapé un rhume, bien vite suivi d'une bronchite. Fichue pluie.


Le lendemain de la remise du diplôme, William prépara sa valise pour ses deux mois en Provence.

– Ta mère m'a expliqué que tu partais les deux mois chez ton ami, dit Logan, appuyé nonchalamment contre la porte de la chambre.

– Ce n'est pas mon ami, c'est celui de mon père, répliqua William.

– Ouais, c'est pareil. Je lui ai demandé si je pouvais venir te voir. Tu sais ce qu'elle a répondu ?

– Que je passerais les deux mois sans voir mes amis parce que j'avais besoin de réfléchir à mon comportement ?

– C'est à peu près ça. Elle a ajouté que tu devais te concentrer sur ton avenir. Mais tu veux toujours être mannequin ?

– Bah écoute, il faut bien que le travail que j'ai fourni avec mon corps soit rentabilisé. Mais ils ne l'entendent pas de cette oreille. Ils estiment que ce n'est pas un métier sérieux. Comme si envoyer leur fils loin d'eux pour se payer du bon temps au lieu de former une famille, c'était sérieux, ça !

Le jeune homme sentait la colère monter en lui. Il décida de se taire et de reprendre le contrôle de ses émotions.

Logan ressentait son mécontentement et décida de dévier la conversation vers son voyage avec Jenna.

– Il tombe à l'eau, répliqua William. Tu pourrais lui annoncer ? Je ne saurais pas la voir avant de partir et j'ai été trop malade cette semaine que pour être allé chez elle. Elle n'est même pas venue à la remise hier.

Logan sourit devant la mine dépitée de son ami.

– Ouais, je sais, elle partait une semaine à la mer. Elle revient demain. Tu ne sais pas lui sonner ? Elle va pas être contente...

William haussa les épaules. Il le savait. Il savait surtout qu'il détestait qu'une fille fasse une scène et que Logan y allait avec un peu plus de douceur pour annoncer de mauvaises nouvelles.

– Elle a planté son téléphone...

– Et qu'est-ce que je lui dis pour qu'elle te pardonne de la planter ainsi ?

– Je m'en occuperai en rentrant.

– Si je me fais taper dessus parce qu'elle devient enragée, tu seras seul responsable.

– Ne t'inquiète pas. Jenna est fougueuse mais jamais pour faire mal.

Il lança un clin d'œil entendu à son meilleur ami et Logan ricana en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.

Cet été-làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant