X : La fille

1 1 0
                                    

Quatre par quatre, je gravis les escaliers, ils montaient toujours plus haut vers un nouvel étage, à moitié ouvert sur le précédent. La mezzanine était plongée dans l'obscurité la plus totale, mes yeux parvenaient à peine à discerner les formes des murs. Autour de moi, d'étranges ombres dansaient, je n'étais pas réellement rassuré, et pourtant, je me sentais protégé. Comme enveloppé d'une étrange couverture de mystère qui m'empêchait de m'enfuir, comme le voile qui sépare un acteur du monde dans lequel son personnage est joué, je me sentais - bien que terrorisé – invincible. Mon cerveau bouillonnait, de vieux mécanismes de la pensée semblaient s'activer pour la première fois depuis plusieurs mois. A ma gauche, un faisceau de lumière émanait du seuil d'une porte fermée. Bien avant que mes yeux ne le perçoivent, je me dirigeai déjà vers elle, comme pris d'une obsession soudaine. Je n'étais plus rien, plus qu'une chose, plus qu'une volonté régie par l'attirance soudaine que me provoquait cet étrange manoir, j'avais de plus en plus peur, mais je n'avais pas le temps de m'en préoccuper. De ma main, je saisis la poignée de la porte, et l'ouvris brusquement. Par delà entrebâillement, une fille dont le visage m'était familier. Elle me fixait et semblait m'attendre, une sorte de taser au poing ; le corps inconscient de Séline à ses pieds. J'étais paralysé, tétanisé, comme si, tout à coup, je voulais faire le mort. Elle ... Elle avait tué Séline. A présent, son arme était pointée sur moi, sa main tremblait. J'aurais aimé crié à l'aide, mais elle pris les devants.

« N'aies pas peur, je vais pas te faire de mal. »

Elle regarda le corps de Séline et enchaîna :

« Elle n'est pas morte, elle se réveillera dans quelques heures, elle aura simplement tout oublié. Bon, tu te souviens de moi ?

- Je crois, je parvins à lui répondre intimidé. Elle me regarda, et laissa voir dans ses yeux d'immenses faiblesses.

- S'il te plaît, dis-moi ce dont tu te souviens. C'est important. »

J'étais perdu, je ne comprenais pas ce qui se passait, et je voulais m'enfuir, partir loin, mais elle avait une arme. Elle avait une arme bordel ! Mes yeux n'étaient que concentrés sur ça, ce canon pointé sur moi et son bras qui le tendait. Je ne pouvais lui désobéir, une force surhumaine m'en empêchait, comme un ange gardien.

« Je ... Je. Tu habitais ici, et ... Tu avais un chat je crois. Shogun. Tout à l'heure, je l'ai vu, je suis désolé, il était ...

- Shogun ... Tu ne te souviens même pas du plus important ... »

Elle jeta son arme, elle renifla. Sur ses joues ses sont mises à couler des larmes. Elle s'approcha et me pris dans ses bras. Son contact était à la fois une douleur grande douleur mentale, et une madeleine de Proust pour mon cœur, dont les souvenirs revenaient à présent un par un.

« Si, tu t'appelles Eve, on étais ...

- Oui. Je suis revenue pour toi, enchaîna-t-elle comme soulagée

- Tu étais partie où ? Elle soupira.

- Je t'en parlerais après, c'est une longue histoire. Toi, tu n'as rien de neuf à me raconter ? Demanda-t-elle en posant le regard sur Séline.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Apr 07, 2019 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Cycle 8Where stories live. Discover now