14. La fiancée.

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Chieko s'installa au piano et Kirua resta debout à côté. Leurs parents les avaient laissés seuls, pour qu'ils fassent connaissance. Son père lui avait fait comprendre d'un regard et d'une main sur l'épaule qu'il avait intérêt à bien se comporter. Kirua se demandait s'il le ferait fouetter s'il agissait mal vis-à-vis de Chieko. C'était bien possible.

La jeune fille commença à jouer. Elle se débrouillait bien comme elle l'avait dit. Kirua l'écouta en tripotant son nœud papillon. Il avait l'impression de jouer le rôle d'une mauvaise comédie romantique. Il n'en avait pas vu beaucoup, ses parents essayaient le plus possible de cibler ce qu'il devait regarder à la télé, mais ce qu'il avait vu ne l'avait pas vraiment passionné. Souvent des personnes désespérées qui se rencontraient et dont la vie changeait et après avoir vécu tout un tas de désagréments, ils finissaient par vivre une vie de bonheur ensemble avec des enfants. Ça n'avait jamais attiré Kirua. Les couples qu'il avait vus étaient tous hétéro. Et même s'il n'avait jamais eu d'autres modèles, il n'était pas stupide et se rendait bien compte depuis qu'il était au collège que les filles ne l'intéressaient pas. Les mecs non plus d'ailleurs à bien y penser. Le seul qui avait réveillé quelque chose chez lui, c'était Gon. Penser à Gon réveilla sa colère et il vint s'asseoir à côté de la pianiste et tapa ses doigts sur le clavier. Elle arrêta de jouer :

– Vous savez jouer ? Demanda-t-elle.

Kirua hocha la tête. Il commença à faire un morceau facile. Chieko l'écouta, avant de reposer ses doigts sur les touches et de l'accompagner.

– Vous vous débrouillez bien, dit-elle.

– C'est de la poudre aux yeux, sourit-il. Un Zoldik doit savoir tout faire pour pouvoir charmer les autres.

– Alors vous pouvez jouer de n'importe quel instrument ?

– Non. Juste quelques-uns. Et pas beaucoup de morceaux.

– Je suis quand même impressionnée, je ne sais jouer que du piano.

Kirua haussa les épaules.

– Mais je pourrai apprendre d'autres instruments.

– Pour quoi faire ?

– Pour vous êtes utile si je deviens votre femme.

Kirua arrêta de jouer et regarda sa fiancée.

– Pour m'être utile ?

– Oui. Une femme se doit de soutenir son mari et de répondre à ses besoins.

Kirua grimaça :

– C'est quoi ces conneries ?

– C'est le rôle d'une épouse.

Kirua secoua la tête :

– Tu crois vraiment à ce genre de trucs ?

– C'est ce qu'on m'a appris.

– Et ça te fait vraiment envie ? D'abord te marier à un enfant, ensuite devoir le servir comme une domestique ?

– Je serais honorée de faire partie de la famille Zoldik.

Kirua ricana.

– Je n'ai pas besoin d'une domestique de plus dans ma vie, dit-il.

– Alors de quoi avez-vous besoin ?

De Gon, pensa Kirua.

– Est-ce que tu sais jouer du yoyo ? Demanda-t-il.

– Non, répondit-elle, mais il paraît que vous avez été champion du monde.

La clé de la cage doréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant