15. Je t'aime.

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Retsu était fatiguée ces derniers temps. D'abord elle s'était fait rejeter par Gon, ensuite elle avait appris qu'il avait embrassé Kirua, finalement elle avait compris qu'ils avaient sans doute des sentiments l'un pour l'autre même s'ils paraissaient ne pas vouloir aller plus loin. Avec l'arrivée impromptue d'une fiancée, elle s'était dit qu'elle aurait peut-être encore ses chances, que Gon comprendrait qu'il ne pouvait pas être avec Kirua, et qu'il se tournerait vers elle. Gon avait été dans tous ses états quand la dite fiancée avait débarqué au collège pour emmener Kirua, Retsu l'avait vu complètement désemparé, faire les milles pas devant le collège.

- Tu ne rentres pas chez toi ? Avait-elle demandé.

- Kirua est avec sa fiancée. Mais c'est normal qu'il soit avec elle, puisque c'est sa fiancée, alors pourquoi est-ce que je me sens aussi mal ?

- Gon...

Il avait tourné ses magnifiques yeux bruns vers elle, lui qui était toujours si sûr de lui semblait plein d'hésitations.

- Kirua n'avait pas l'air de vouloir partir avec elle, est-ce que j'aurais dû le retenir ?

- C'est sa fiancée, avait-elle dit, qu'est-ce que tu peux y faire ?

Retsu pensait l'apaiser mais Gon avait eu l'air de vraiment se sentir mal. Un peu comme s'il tombait malade sous ses yeux et allait se mettre à vomir.

- Je vais rentrer, avait-il dit, courir me fera du bien. Salut Retsu.

Elle l'avait vu partir en quatrième vitesse.

Retsu s'était donc dit que peut-être Gon se détournerait un peu de Kirua après l'avoir vu avec Chieko. Elle espérait. Mais les choses ne se passèrent pas comme elle le désirait. Elle ne s'attendait pas à voir Gon non seulement rester proche de Kirua, mais en plus de les voir presque flirter sous ses yeux. Leurs taquineries étaient les mêmes que d'habitude, mais leurs yeux s'accrochaient un peu plus longtemps, leurs visages se faisaient plus proches, leurs voix devenaient plus douces. Bon sang, ils se tenaient presque la main en faisant semblant de se battre. Retsu détestait assister à ça pile sous son nez, mais que pouvait-elle y faire ? Tenter de les séparer ? Intervenir ? Supplier Gon ? Toutes ces idées étaient stupides. La seule chose qu'elle pouvait réellement faire, c'était l'accepter.

xxx

Kirua s'était sentit en colère toute la nuit, et le lendemain il était prêt à s'engueuler avec Gon sans raison valable, parce qu'il l'avait poussé dans les bras de sa fiancée au lieu de la retenir. Et puis quand il avait vu Gon, ses cheveux dressés sur la tête, ses grands yeux bruns, et son sourire qui montrait toutes ses dents, il avait lâché l'affaire. Pourquoi s'engueuler à cause de cette fille qui ne l'intéressait même pas ?

- C'était comment hier soir ? Demanda Gon.

- Nul. Je lui ai dit que je n'avais plus envie de la revoir.

Gon avait souri, ça avait suffi à Kirua, qui s'était calmé instantanément. Ils n'en avaient pas reparlé, ils s'étaient comportés comme d'habitude. Ou peut-être avec un peu plus de proximité. Kirua n'était pas bien sûr. Des fois, il appuyait son genou contre celui de Gon au milieu d'un cours, ou il s'amusait à tirer sur ses cheveux et à lui tirer la langue, il jouait avec ses doigts et les tenait un peu trop longtemps, il le fixait trop souvent. Il ne savait pas exactement à quoi il jouait, il avait l'impression d'être possédé par moment, et puis Gon ne l'aidait pas, il paraissait même l'encourager. Par exemple en appuyant sa paume contre la sienne pour comparer la longueur de leurs doigts, puis en refermant ceux-ci sur les siens, un bref instant. Il lui faisait des sourires désarmants. S'approchait beaucoup trop prêt. Et disait des trucs trop honnêtes et à rendre fou « j'aime bien tes mains, on dirait qu'elles sont piles à la taille exacte pour aller avec les miennes », « je comprends pourquoi tu plais, t'as quand même de super beaux yeux », « j'aime bien quand tu souris ». Kirua devenait rouge à chaque fois et songeait à ne jamais quitter son écharpe pour pouvoir planquer son visage dessous, tellement c'était la honte. Pourquoi réagissait-il aussi facilement franchement ?

La clé de la cage doréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant