Chåpītrę 0

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               Le garçon ensanglanté referma la grande porte en bois dans un bruit sourd. Il y posa son dos pour faire barrage et hurla à ses compagnons de ramener un quelconque objet pour servir de cale. Le vent glacial lui fouettait le visage et son expression affolée traduisait parfaitement leur situation actuelle. Heureusement, Siulliq fut lea plus rapide et arriva avec un chandelier de métal solide dans les mains, qu'iel glissa dans les tenants de la porte. Aussitôt bloquée, Tohar se décolla de celle-ci et vit avec horreur le bois trembler sous des coups provenant de l'autre côté.

La lumière de la pleine Lune éclairant suffisamment pour leur permettre de voir l'endroit où ils étaient. Acculés, voilà ce qu'ils étaient. Le sommet de la plus haute tour du château, collée au bord de la falaise. On pouvait y voir les vagues tumultueuses du Bras de Fer s'abattre avec force sur la roche. Décidé à survivre, Tohar se retourna vers ses deux compagnons et leur hurla de rester calme. Plutôt ironique au vu de son ton.

«Il y a forcément une échappatoire. On ne peut plus se battre, il ne nous reste plus que la fuite, annonça tristement l'ęlf dont la vision commençait à être brouillée à cause du sang coulant de son front. »

À l'entente d'un nouveau coup porté sur la porte, le garçon prit la main de Spero dans la sienne et la serra très fort, comme pour lui communiquer sa peur mais aussi lui montrer sa présence.

La tension de la situation les obligea à se presser plus que ce qu'il n'aurait fallu pour être efficace. Tournant encore et encore sur la plateforme, cherchant dans les moindres recoins un escalier, un passage, ou n'importe quoi ressemblant à une solution.

Siulliq s'arrêta après quelques secondes de réflexion. Un mauvais pressentiment lea prit à la gorge et l'empêcha de continuer ses recherches.

« Eh... La porte... Je n'entends plus de bruit, signala-t-iel. »

En effet, en se retournant ils virent sous leurs yeux, le bois voler en éclats. Le bruit du chandelier tombant sur le sol rocheux résonna dans leurs oreilles comme le bruit d'un présent se cassant comme un miroir en mille morceaux, le signe d'une réalité prenant fin.

D'un geste commun, ils se retournèrent tous les trois et coururent là où les menaient leurs jambes. Malheureusement, ils durent s'arrêter bien vite en voyant le bord de la tour donnant tout droit dans le vide. Ils ne savaient comment survivre, ils étaient acculés face à leur mort. C'était la fin et ils le sentaient très bien.

Soudainement, Spero se retourna vers Tohar et s'approcha doucement, comme si une once d'hésitation le retenait. Mais visiblement sa volonté était plus forte et ses pieds s'ancrèrent solidement dans le sol à quelques centimètres du garçon.

Sans une parole, ses mains se posèrent sur ses joues et ses lèvres s'écrasèrent sur sa bouche blessée de son précédent combat. Surpris par ce nouveau contact, l'ęlf ne réagit pas de suite, se laissant doucement envahir par les émotions jusqu'à se laisser totalement submerger par ses sentiments.

Comme si sa vie en dépendait, il s'accrocha désespérément à Spero, approfondissant le baiser de toutes ses forces. Il pleurait, durant l'échange, il ne voulait pas le quitter. Se rapprochant le plus possible de son corps, voulant sentir sa chaleur pour réchauffer son pauvre cœur, il entoura le garçon de ses bras. Une énième larme glissa sur sa joue, se faisant bien vite balayer par les gouttes de pluies délicates tombantes des nuages.

Les cieux semblaient exprimer sa tristesse à leur tour. La noirceur de la nuit étant coupée par les lumières orangées du feu déclenché précédemment dans la ville. La nature déversait ses pleurs à son tour en même temps que les deux hommes. Elle se nettoyait de la blessure causée par les humains qui déchirait encore le ciel. Elle, elle en avait les moyens. Mais pas les deux âmes en peine.

Tohar transmettait à travers ce baiser, les sentiments les plus sincères qu'il pouvait offrir à Spero, tout cet amour qui avait naquit depuis leur rencontre. Toutes ces dernières semaines, ces derniers mois, cette flamme dans son corps n'avait cessé de croître jusqu'à aujourd'hui.

Il aurait aimé lui dire "je t'aime", mais il n'en avait plus le temps.

La main de Spero s'enroula autour celle de Tohar et autour de celle de Siulliq, et il les entraîna dans le vide.



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