Chåpītrę 3

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              Tohar était fermement ancré dans le sol devant ce spectacle, il était incapable de bouger tant il était démuni. Les flammes semblaient avaler tout sans faire de distinction, réduisant à néant les maisons et les souvenirs qu'elles contenaient. Les crépitements du brasier sonnaient comme la plus insoutenable des mélodies, les murmures des peines des défunts s'en échappaient vicieusement.

N'y tenant plus, les premières larmes depuis bien longtemps glissèrent le long des joues de Tohar. Son épiderme sali de la poussière de sa course était désormais parcouru de sillons luisants de tristesse.

Ses bras reposaient mollement le long de son corps et sa gorge laissa échapper un sanglot plaintif qu'il calma bien vite en tournant dos à ce spectacle. Cette vision lui était insoutenable, des tas d'émotions le traversaient sans qu'il ne puisse en comprendre une seule. Ses mains passèrent rageusement sur son visage et dans sa chevelure sale. Il refusait de devoir dire adieu à tout son passé, il en deviendrait malade.

Derrière lui, son patelin de toujours se faisait anéantir par cette force rouge démoniaque. L'air se faisait de moins en moins présent, il avait l'impression d'étouffer près du massacre de son enfance. Alors il s'élança une fois de plus à travers la végétation, s'enfonçant toujours plus loin pour ne plus avoir ces images fantômes dans son esprit.

Au fond de lui demeuraient des questions qui lui labouraient le crâne. Pourquoi tout ceci était-il arrivé? Qui en était responsable? Ce qui était sûr c'est que ces interrogations animaient un brasier ardent de plus en plus puissant au fond de son être. Si tant d'Hommes s'amusaient à déverser autant de désespoirs dans sa vie, alors Tohar n'allait sûrement pas se priver de déverser sa haine sur leurs faces de rats.

Était-il seul maintenant? À l'heure qu'il est, il était probablement le seul à être encore en vie, tous décimés par ces êtres dénués d'humanité. Sa mère, elle ne méritait pas ça, elle avait toujours été une femme formidable avec un grand coeur. Son père non plus, malgré son tempérament un peu dur, jamais il n'aurait dû connaître un sort pareil. Et son meilleur-ami, il aurait dû vivre.

Ils auraient tous dû vivre. S'il le pouvait, Tohar n'hésiterait pas un seul instant pour donner sa vie en échange de celles de ses proches. Mais visiblement, le destin en avait décidé autrement et ça le tuait de se résigner à l'idée d'être le seul survivant.

Il fixait ses pieds le regard vide, regardant les feuilles mortes et humides se faire emporter par ses pas. Sa démarche devait être tout ce qu'il y avait de mélancolique. Son corps tanguait de droite à gauche, comme s'il avait consommé un peu trop de vin. Seulement ce n'était pas des gouttes d'alcool qui étaient en lui, mais des gouttes de tristesse.

Le son grondant de son ventre affamé le rappela à l'ordre. Il n'avait rien avalé de toute la journée, pas même au foutu banquet. Il n'en avait pas eu le temps, interrompu par ces ęntårtręs d'humains. Peut-être même qu'ils étaient actuellement en train de fêter leur victoire, assis sur les cadavres de ses proches.

ÿᴍęʀåOù les histoires vivent. Découvrez maintenant