Assise autour d'une table, apprivoisant les alentours, je riais, heureuse et ivre de bonheur. Aya faisait des grimaces, Elif fumait une énième cigarette et Adam prenait un malin plaisir à enquiquiner sa petite sœur qui ne ratait pas une occasion pour bouder. C'était enivrant.Vous savez, vous devez avoir plus d'expérience que moi qui ne connais le monde que depuis deux semaines, rappelez-vous, ce moment où le bonheur vous dévore, où vous riez à ne plus en pouvoir puis, soudain, à la suite d'une remarque, d'un clin d'œil, votre sourire retombe mélancoliquement, vos yeux s'écarquillent, et votre bouche, rougeâtre peut-être, s'ouvre légèrement pour qu'un hoquet de stupeur quitte votre être. Votre humeur joviale s'écrase telle une boule de démolition, et tout ce que vous voulez alors est de vous enfuir, vous cacher dans un coffre, dans un placard sombre, fermant les yeux, serrant les poings espérant revenir en arrière et changer le temps.
Je me baignais en plein océan pacifique quand les vagues atlantiques m'envahirent.
Cette ataraxie avant la cohue.
Lorsque je me suis réveillée toute perdue, et quelques jours plus tard lorsque je suis tombée sur ce livre « A sound of thunder, par Ray bradbury », une pointe de curiosité s'était élargie en moi et j'avais commencé la lecture de l'ouvrage concernant le déplacement temporel, et alors quelque chose m'a frappé, « écraser un papillon dans le passé aurait causé une catastrophe 60 millions d'années plus tard." Je me suis alors demandé: ce que j'ai pu faire, ou ce que j'ai pu subir avant mon réveil, allait-il affecter ma vie maintenant ? Cela allait-il avoir un impact radical sur mon existence ? Le bonheur conduit-il toujours à la peine ? L'insouciance, l'incertitude conduisent-elles toujours au désordre, au capharnaüm ?
Le battement de mon cœur un soir d'avril de l'année dernière allait-il être la cause de l'arrêt de celui-ci cette année à la même soirée ? Un mensonge, un regard à qui on ne donnerait pas de l'importance pourrait-il être la cause d'une vie chamboulée jusqu'à l'extinction des feux ? Je l'ignore, mais au moment venu, je le saurais tout comme vous.
Aya riait et Adam lui rappelait cette soirée où il l'avait surprise au supermarché en train de parler à un camarade de classe qu'elle avait malencontreusement croisé. Il lui avait alors fait tout un scandale, et n'en pouvant plus, au bord de sa vie, elle lui a vigoureusement frappé avec ses talons le tibia, avant de quitter la pièce enragée.
Elle a alors, de façon involontaire, enfoncé le couteau dans la plaie, bien profondément, elle a ravivé mes souvenirs, et m'a replongée dans la réalité de façon si brutale, que pour un instant je n'écoutais plus ce qui se passait à l'extérieur, mes yeux se sont refermés à la vue de sa mine coupable avant que je ne retrouve la raison.
-Elle a dit « -J'aimerais être amnésique pour oublier cette journée et tout autre moment avec toi. ».
Son ton se voulait taquin, mais j'eus quand-même un pincement au cœur. Je ne voulais pas être dramatique, je suis amnésique, ce n'est pas pour autant que ce mot ne doit pas être prononcé devant moi. Quand même, je voulais lui dire ceci et je ne me retins pas :
-Je ne crois pas que tu veuilles réellement oublier cette journée, ni ton frère. Tu serais bien triste si tu n'avais plus de souvenirs à chérir et à aimer, tu serais bien triste de le regarder, de sentir cette connexion sans pouvoir l'expliquer et sans pouvoir faire autrement que de se comporter comme des étrangers. »
Après cela, je m'excusais pour me rendre aux toilettes, me laver et rafraîchir le visage. Je me regardais dans la glace et ainsi, sans pouvoir me retenir, les larmes coulèrent, sans aucune retenue, je vis mon visage se déformer car je voulais sangloter, je vis mon visage rougir, et sans aucun contrôle, je frappais dans le mur avec mon pied, fis tomber la poubelle, et avec toute ma rage, je défonçais la porte d'une cabine à coup de poings, cela ne fait que blesser mes phalanges, car le bois restait intact.
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Dix-sept heures, quinze minutes.
RomanceVoici l'heure à laquelle l'ancienne moi s'est éteinte et peut-être ne se réveillera jamais. Voici l'heure, maudite soit-elle, qu'il haït de tout son être. L'heure qui lui a volé les derniers éclats de ses remords, les derniers éclats de mon innocen...