E Chapitre 21.

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Quand Dipper ouvrit les yeux, ses oncles, sa sœur, Soos et Dandinou s'étaient volatilisés. À la place de la pièce de vie du Mystery Shack, il se trouvait dans une vaste chambre à en juger le grand lit qui se dressait fièrement dans le fond de la pièce. Deux grandes fenêtres se situaient de part et d'autre du meuble rembourré. Il constata qu'il faisait nuit noire. Seule une lune cramoisie éclairait l'extérieur.

La main qui était toujours posée sur son épaule le délaissa et il entendit des pas dans son dos. Il se retourna pour observer Bill qui se rapprochait d'une chaise basique, comme celle qu'on pouvait aisément trouver dans le monde des humains. Il se souvint qu'une fois Bill lui avait révélé que les humains étaient des créatures qui l'amusaient pleinement et que tout chez eux l'intriguait. Peut-être était-ce pour cette raison qu'il avait décoré cette pièce selon les goûts des êtres humains ? Des humains nobles certes, mais n'avait-il pas un statut analogue ici-bas ?

Bill se posta devant un miroir plus haut que large. Les ornements qui l'encadraient rappelaient ceux des tableaux que l'on pouvait retrouver dans le château de Louis XIV à Versailles, en France. Celui-ci claqua des doigts et se métamorphosa en sa forme originelle, celle d'un polygone rappelant ses cours de trigonométrie au collège. Quand celui-ci se tourna vers lui, Dipper détourna le regard et s'avança vers la fenêtre. La pièce était obscurcie par le manque d'éclairage et il chercha à se rapprocher d'une source lumineuse, en l'occurrence, celle de la lune pleine qui surveillait les créatures démoniaques de la même espèce que son kidnappeur. Une étendue d'arbres s'allongeait à perte de vue. Il put les comparer aux conifères du monde des humains quand il observa les larges troncs noirs dépourvus de feuilles. Il n'y avait même pas de branches s'étirant aléatoirement. Leur finalité avait des formes diverses et variées, comme des pieux ou des torsades. Des monstres en tout genre étaient postés à l'entrée du bâtiment qui ressemblait à un immense manoir. Il se demanda pourquoi il y avait un tel attroupement. Une fête était-elle organisée ?

De fins petits bras élastiques le ficelèrent comme un vulgaire saucisson. Il avait l'impression que des serpents longeaient son torse. Quand il baissa les yeux, il trouva étrange que malgré que la pression de ses bras autour de lui n'était pas la même que sous sa forme humaine, il éprouvait ces mêmes sensations qui lui retournaient l'estomac.

- Cette chambre est la mienne. Dorénavant, elle sera la tienne également.

Il s'éloigna, ses longs bras noirs l'abandonnant. Il se rapprocha de la grande porte qui se trouvait à l'opposée et se retourna une dernière fois vers Dipper. Il claqua des doigts et une pluie de vêtements s'abattit sur le matelas recouvert de draps en soie.

- Choisis une tenue convenable. Un domestique viendra te chercher dans quelques minutes.

Puis il s'en alla, le laissant seul, désorienté, le regard fixé sur le tas d'habits d'un air dubitatif. Il s'en rapprocha et attrapa une veste au hasard qu'il étendit face à lui pour avoir un aperçu global. On aurait dit des vêtements pour les soirées dansantes. Pourquoi donc ? Une fête se déroulait-elle donc belle et bien sous ses pieds ? Et un humain comme lui y était convié ? Il trouva cela bien suspect. Il enfila à la va-vite un pantalon noir, une chemise blanche et un blazer sombre avec une broche en forme de triangle à la poitrine. En la remarquant, il pensa instantanément que c'était une manière de dire : "Propriété de Bill Cipher". Il se plaça devant le miroir et réajusta ses vêtements puis passa une main dans ses cheveux bouclés, nerveux. Il ne se sentait pas à l'aise dans ces vêtements. Ce n'était pas dans ses habitudes de porter une tenue de soirée. Il préférait largement les t-shirts et sa casquette. Sans elle, il se sentait dénudé. Elle était toujours entre ses mains et il hésita à la porter malgré tout. Mais cela aurait fait tache alors il la posa sur le rebord du lit et s'installa à côté, attendant que le domestique mentionné précédemment ne daignât le conduire à Bill. De là où il était, il pouvait toujours se voir dans la glace. Avec ses épaules retroussées et son regard fuyant, il ressemblait à un animal blessé, effrayé. Il resta de longues minutes à s'observer puis il dévia son regard pour s'ébouriffer les cheveux, poussant un grognement de mécontentement. Dans quelle galère s'était-il retrouvé !? Il avait accepté ce marché pour revoir ses proches, mais finalement, il ne pouvait même pas leur parler. Il se sentait stupide de s'être fait berner aussi bêtement. Peut-être même que Bill n'avait aucunement l'intention de le ramener dans son monde ? À cette pensée, il se sentit abattu.

BillDip - Un pacte démoniaque.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant