R Chapitre 23.

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Dipper ouvrit finalement les yeux, encore ankylosé par un sommeil loin d'être réparateur. Ses paupières collaient, et ses joues étaient striées par les larmes séchées. Il bougea les jambes faiblement, la gorge sèche et la langue pâteuse. Il n'avait vraiment pas bien dormi.

Il n'osa pas bouger durant quelques minutes, ayant peur de se faire attaquer si quelqu'un venait à se rendre compte qu'il était réveillé. Mais il finit par comprendre que personne ne se trouvait à ses côtés. Bill avait déserté le lit. Il se redressa difficilement, ses réserves d'énergie à plat. Il regarda entre ses jambes nues et constata que le sperme de Bill avait séché sur le matelas et sur l'intérieur de ses cuisses. Il grimaça à ce dérangeant souvenir. N'avait-il donc pas fait de cauchemar ? Tout ce qu'il avait vécu avait-il donc été bel et bien réel ?

Le garçon se débarrassa de ses draps et sortit du lit. Une vive douleur au derrière l'électrisa et il chancela. Ses jambes lui paraissaient si lourdes qu'il crut les avoir échangées avec celles d'un éléphant durant la nuit. Il boitilla jusqu'à la salle de bains et se dirigea vers le lavabo qu'il actionna pour se passer de l'eau sur le visage. Il en profita pour en boire un peu, pour dessécher sa gorge. Quand il eut fini, il leva des yeux rougis sur le miroir, les mains agrippées sur le rebord de l'évier.

Il se sentait sale. 

Il se souvint de ces bras qui l'enlaçaient, de cette main lui retenant les cheveux, de ces coups de bourrin qui lui faisaient un mal de chien, de ces dents enfoncées dans son épaule.

Mais aussi de son impuissance, de sa faiblesse, de sa souffrance et de son dégoût. De ses pleurs, de ses cris, de sa douleur.

Il voulait oublier, mais ses fesses en gardaient un douloureux souvenir. Tout son corps avait été traumatisé.

Il passa une main sur son épaule, caressant fébrilement la morsure qui faisait rougir sa peau. Bill ne l'avait pas manqué. La bête sauvage qui sommeillait en son bourreau avait resurgi la nuit précédente et il en avait payé les frais.

Il se fit couler un bain et y resta une bonne heure, à se frotter toutes les parties du corps maintes et maintes fois, comme pour enlever toute trace de Bill sur sa peau. Ce monstre était comme un bactérie qui allait se propager s'il ne faisait rien pour se guérir. Et rester avec lui dans un monde parallèle au sien promettait de complexifier sa situation. Jamais il ne pourrait réchapper à son emprise s'il ne se débarrassait pas de lui.

Quand il sortit de la salle d'eau, entouré d'une simple serviette, il constata avec effarement qu'il n'était plus seul dans la chambre. Bill était de retour, regardant à travers la fenêtre qui montrait toujours un ciel obscur simplement éclairé par la lune écarlate. Il ne devait probablement pas y avoir de journée dans le monde des démons pour que la nuit fût encore là. Dipper ne lui laissa même pas le temps de lui adresser le moindre mot qu'il claqua la porte sans demander son reste, le cœur battant la chamade. Il garda la main sur la poignée, le corps tremblant comme une feuille. Une peur invraisemblable se répandit dans tout son être, et il ne savait pas comment la canaliser. Quand il entendit trois petits coups provenant de l'autre côté de la porte, son souffle se coupa. Sa poigne se resserra, pensant que cela suffirait pour ne pas laisser le démon entrer.

- Le petit-déjeuner vient d'arriver. J'ai laissé des vêtements sur le lit. Si tu veux te changer, tu peux te servir.

Il ne voulait pas sortir. Il était hors de question qu'il se retrouvât dans la même pièce que son violeur, celui qui l'avait humilié. Il ne bougea pas. Et s'il lui ressautait dessus dès qu'il aurait le malheur de franchir le seuil de la porte ? Il resta alors de longues minutes sans bouger, toujours cramponné à la poignée. Puis son estomac lui cria famine. Il n'allait tout de même pas rester cloisonné dans la salle de bains, toute la journée ? De toute façon, si Bill lui ordonnait de sortir, il n'aurait d'autres choix que de se plier à sa volonté. Il entrouvrit la porte, passa la tête à travers l'embrasure et chercha le blondinet du regard. Il se trouvait à la même place que la veille, assis sur une chaise, le même livre à la main. Il prit son courage à deux mains et se dirigea vers le lit à grandes enjambées pour aussitôt retourner dans la salle d'eau et se changer en paix. Il se dépêcha de peur de faire attendre Bill et de se faire sermonner. Quand il retourna dans la chambre, fraîchement habillé d'un simple t-shirt bleu, d'une veste et d'un bermuda, il s'approcha du plateau-repas posé sur une commode, guettant toujours les faits et gestes de Bill qui demeurait plongé dans sa lecture afin de s'assurer qu'il ne tentât rien avec lui. De la nourriture humaine lui était proposée, soit un verre de jus de pamplemousse, des tartines beurrées et une pomme verte. Il se demanda si les démons mangeaient comme eux ou si on lui avait apporté cette nourriture spécialement pour lui. Mais il ne se pencha pas trop sur la question et s'empressa de prendre une gorgée du jus avant de se servir d'une tranche de pain grillée. Il dégusta en silence, toujours à l'affût des mouvements de Bill. Il ne le quitta pas du regard, l'observant en train de feuilleter les pages comme s'il n'était pas là. Tout à coup, le démon leva les yeux de son livre pour les poser sur son prisonnier qui se figea en croisant son regard doré. Il détourna automatiquement les yeux, n'osant plus lui faire face en repensant à leur nuit mouvementée. L'appétit disparut d'emblée et il hésita à finir sa tartine à moitié entamée.

- Viens ici, Pinetree.

Il leva des yeux horrifiés quand il l'entendit prononcer ces mots. Qu'avait-il l'intention de lui faire ? Bill posa son livre sur l'épais accoudoir et tapota ses cuisses, lui signifiant qu'il devait s'y installer. Son cœur lui monta à la gorge et il fit un signe de tête négatif, le souffle coupé. Le démon fronça les sourcils, mécontent.

- Je ne demandais pas ton avis.

Avec hésitation, l'adolescent s'approcha à petits pas, faisant retarder le moment fatidique où il serait à sa merci. Il posa ses fesses sur ses cuisses, les poings serrés sur ses genoux, la tête basse. La main gantée de Bill se posa sur sa cuisse, ce qui déclencha un spasme de terreur en son sein. Il entendit son palpitant résonner dans ses tempes et sa respiration se fit plus lourde. Le blondinet souleva l'une de ses jambes pour le forcer à s'asseoir à califourchon sur lui, en face à face. Les mains du propriétaire des lieux se posèrent dans le creux de son dos, à la naissance de ses fesses et il se redressa sur son siège.

- Regarde-moi.

Ses prunelles hésitantes plongèrent dans l'unique œil doré de Bill qui se mit à briller de désir.

- Tu es si mignon, mon petit Pinetree.

Il déplaça l'une de ses mains sur sa joue, caressant sa peau comme s'il s'agissait d'une poupée de porcelaine, prenant garde à ne pas la briser - un parfait contraste avec la façon dont il l'avait malmené quelques heures auparavant, dans le lit.

- Tu étais tellement touchant la nuit dernière que j'ai envie de te remettre dans le même état.

L'affolement qui ne l'avait pas quitté se propagea comme une traînée de poudre dans ses veines, et ses yeux s'arrondirent de stupeur. Il tenta de se dégager, paniqué, mais Bill resserra sa prise et l'embrassa durement, dérivant la main sur son visage vers son torse, descendant doucement jusqu'à son ventre pour remonter sous son t-shirt. Dipper plaqua ses mains sur les épaules de Bill, cherchant à le repousser de toutes ses forces, au risque de s'écrouler par terre, mais le démon attrapa l'un de ses poignets, l'empêchant de mettre à bien sa tentative de fuite. Sa bouche continuait de le dévorer avec véhémence, embrumant l'esprit de l'adolescent de pensées incohérentes. Quand ses lèvres furent libérées, Dipper prit une profonde inspiration, comme s'il avait été vidé de son oxygène.

- Laisse-moi te posséder, susurra Bill d'une voix enrouée par le désir.

Il embrassa son cou, créant des frissons dans la nuque de la poupée, puis descendit sur ses clavicules et s'empara de sa chair pour y laisser des marques rouges semblables à des piqûres de moustique. Les petits gémissements de Dipper qui avait fermé les yeux, les lèvres crispées de peur, emplirent la pièce, au plus grand plaisir de Bill qui continua son petit manège.

- Bill... Non... Stop...

Celui-ci le dévisagea d'un œil lubrique et, contre toute attente, il s'arrêta.

- Tu as raison. Inutile de nous presser !

Il retira ses mains de son corps et le laissa quitter ses cuisses. Il se leva et fit signe à son pantin de le suivre. Ils quittèrent la chambre, Dipper, soulagé, mais Bill, un peu frustré. Il aurait aimé continuer leur petit jeu qui l'avait bien fait bander. Mais l'attente n'en serait que plus savoureuse.

Ils arrivèrent bien rapidement dans le hall, beaucoup plus vide que durant la soirée de la veille. Personne n'aurait pu se douter qu'une fête avait eu lieu quelques heures auparavant. Bill continua d'avancer jusqu'à la porte d'entrée de grande envergure.

- Nous allons sortir quelques heures, informa-t-il à l'un des domestiques. Nous rentrerons certainement à l'heure du déjeuner.

- Très bien, Maître Cipher. Profitez bien de votre promenade.

Dipper continua de suivre Bill à l'extérieur. Les arbres qu'il avait eu l'occasion d'apercevoir depuis la chambre se profilèrent le long du petit sentier qui s'étalait sur plusieurs dizaines de mètres. Soudain, il sentit un bras passer autour de sa taille, le pétrifiant d'effroi. Les images dans la chambre revinrent à la charge.

Ses caresses, son souffle chaud contre ses oreilles, son sexe dans son intimité.

Il voulut crier mais aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres. Un autre bras passa sous ses genoux et il se retrouva dans les bras de Bill. De peur de tomber, il s'accrocha à sa nuque.

- Prêt, Pinetree ? Nous partons.

BillDip - Un pacte démoniaque.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant