Chapitre 6 : Voyage dans le temps

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-Oumou dépêche-toi de sortir de lasalle de bain. On est en retard !

Ma petite cousine, ouvre enfin la porteet passe furtivement devant moi en soupirant :

-Kumba tu me fatigues. On a toute lajournée et la plage ne va pas s'envoler ; ton amoureux nonplus d'ailleurs.

Je réplique calmement que BG n'estpas mon amoureux.

-Mais contrairement à toi, je suissûre que lui est déjà prêt. Je vais le chercher et on vous attenddevant la maison.

-Oh, BG est tellement parfait. Ooh queje l'aime, que je l'aime mon BG se moque ma cousine, imitant mavoix et courant jusqu'à la chambre.

Ce genre de railleries se multipliedepuis que j'ai rencontré BG et que nous passons énormément detemps ensemble. Aussi ambiguë qu'ils puissent être, je nem'offusque nullement des propos de mon entourage quant à la naturede ma relation avec BG. Après tout la plupart des gens ne croientpas à la réalité de l'amitié fille/garçon. Je souris donc àma cousine et lui lance la plus belle de mes grimaces. Puis j'attrapemon sac à dos et quitte en trombe la chambre où je laisse macousine finir de se préparer.

Je dépose une bise rapide sur lesjoues de ma grand-mère, avant de me ruer à l'extérieur de lavilla ; toute excitée que je suis par la superbe journée quis'annonce. Il fait un temps magnifique, mes cousins sont envacances et miracle : mon grand-père nous a autorisés àpasser toute la journée sur l'île de Gorée ! Toute une journéeen compagnie de mes cousins, BG, le soleil et la plage... sans aucunadulte pour ternir l'ambiance. Après ce qui me paraît être uneéternité, tous les concernés sont prêt et nous quittons enfin lequartier. Nous arrêtons un taxi sur le bord de la route et Moussanégocie le prix de la course jusqu'au port de Dakar. Une foisarrivé à bon port, une longue file nous attends avant de pouvoiraccéder au petit bateau qui effectue la navette jusqu'à l'île.Nous suivons Moussa, qui n'a vraisemblablement pas l'intentiond'attendre son tour. Il dépasse toute la file sans aucune gène etbizarrement, personne ne semble s'en offusquer ou ne serait-ce quele remarquer. Nous nous retrouvons devant une barrière où deshommes, emmitouflés dans un uniforme vert kaki bien trop chaud pourla saison, sont postés. Mussa fait signe d'approcher à l'und'eux. Après un bref échange verbal et un billet qui change depoche, le gardien nous autorise à franchir la barrière. Nousrentrons alors dans un grand hall où nous attends une autre queue,beaucoup plus courte que celle que nous avons évité à l'extérieur.Il y'a même des sièges pour s'asseoir. En moins d'unedemi-heure, c'est à notre tour d'embarquer dans la navette. Latraversé est rapide. Nous avons à peine le temps d'admirerl'océan, que déjà, l'île de Gorée pointe le bout de son nez àl'horizon. Des touristes se mettent alors à jeter de l'argentdans l'eau. Incrédule, j'interroge mes cousins sur lesmotivations de ce comportement absurde. Mais aucun de mes cousins nesemble disposé à me répondre sérieusement.

-regarde, tu vas voir, secontentent-ils de répéter, tout en ricanant bêtement. Je renonce àles interroger et transfert toute mon attention sur les touristes ;puis sur l'eau, dans laquelle ils s'acharnent à jeter une partiede leur budget vacance. J'aperçois alors un groupe de jeune garçondans l'eau. Ils nagent tranquillement autour du bateau, tel desdauphins. Ils plongent profondément dans la mer afin d'allerrécupérer les pièces jetées par les touristes.

-Mais d'où sortent ces enfants ?Je m'écrie, sidéré par la scène qui s'offrent à mes yeux.

-Ce sont les enfants de l'île,m'explique mon petit cousin Mohamed. Avec les enfants des pêcheursse sont les meilleurs nageurs d'Afrique, peut-être même dumonde ! Tu as vu comme ils sont comme des poissons dans l'eau.

-Oui, c'est impressionnant !

Je tempère néanmoins mon enthousiasmeet ajoute :

-Mais les touristes ne devraient quandmême pas jeter des pièces dans la mer comme cela et laisser lesenfants nager jusqu'ici. Nous sommes assez loin de la rive et on nesait jamais ce qui peut arriver. Ils pourraient simplement attendred'arriver sur l'île et donner les pièces aux enfants, de lamain à la main.

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