Ce texte a été rédigé dans le cadre du concours hiver 2018 organisé par LaPlumeEncree
La consigne était la suivante :
Nous vous demandons de réaliser l'interview de l'un de vos personnages. Sentez-vous libres de choisir celui qui vous inspire le mieux. Nous attendons sept questions, dont les cinq suivantes :
A. Quel est ton meilleur souvenir ?
B. Si tu pouvais revenir dans le passé et changer quelque chose, que changerais-tu ?
C. Quelle est ta plus grande peur ?
D. Quel est ton voeu le plus cher ?
E. Que voudrais-tu dire à ton auteur ?
Libre à vous de choisir les deux dernières. Vous pouvez bien sûr ne pas respecter l'ordre du listing.
J'ai choisi de faire l'interview du personnage d'Antiope. Par rapport au déroulement de l'histoire, celle-ci se déroule aux alentours du chapitre 20, c'est à dire après l'attaque sur La Vera Cruz et avant qu'ils repartent.
Avertissement !
Ce texte contient quelques spoilers sur l'histoire. J'estime que pour les lecteurs ayant déjà atteint le chapitre 34, les informations nouvelles n'auront que peu d'impact sur leur plaisir de lecture, mais sachez que vous apprendrez malgré tout des éléments concernant la fin de l'histoire.
* * *
Interview d'Antiope
Antiope referme la porte de la petite cabine à la proue de l'Espérance. D'un geste sec, elle me désigne le tabouret de bois qui constitue l'unique siège de la pièce. Je m'assieds, déploie mes feuillets de notes et mon nécessaire à écrire. La capitaine s'adosse au battant, bras croisés, tout en me toisant du regard.
Je me racle la gorge :
— Merci d'avoir accepté de me recevoir, capitaine. Comme je vous l'ai expliqué, les lecteurs de « L'œil du dieu serpent » aimeraient apprendre à mieux vous connaître. Ils ont dévoré vos péripéties jusqu'au fameux sac de la Vera Cruz dont le colossal butin fera la légende de générations d'aventuriers. Je souhaiterais donc vous poser quelques questions toutes simples de leur part, auxquelles je vous saurais gré de répondre avec la plus grande honnêteté.
Le regard noir que me lance Antiope pourrait presque me faire rentrer sous terre s'il n'y avait plusieurs toises d'eau salée juste sous mes pieds.
— Vous avez droit à sept questions, pas une de plus ! Je n'ai pas que cela à faire, figurez-vous. J'ai un équipage à diriger, un navire à manœuvrer, un butin à partager et une canonnière à délivrer. Je vous écoute.
J'attrape mon premier feuillet et plisse les yeux sous la lumière diffuse de la lanterne.
— Il est peu fréquent de trouver des femmes à la tête d'un navire comme le vôtre. Pourquoi avez-vous choisi d'embrasser la carrière de flibustière ?
Antiope accueille ma question avec un léger ricanement.
— Embrasser la carrière de flibustière ! Je ne l'aurais pas formulé ainsi ! C'est plutôt la carrière de flibustière qui s'est emparée de ma vie sous les traits d'un certain Henri Morgan. Vous l'avez peut-être déjà croisé dans ces pages : une suffisance qui n'a d'égale que sa bedaine libidineuse, une morgue dégoulinante de mauvaise foi, de fausses boucles de suppôt de Satan qui tente d'incarner un ange ! Après être passée entre ses mains, avais-je encore un autre choix ? En guise d'adieu, je me suis retrouvée dans un canot à la dérive avec deux amis, au milieu de nulle part. Nous avons pris par surprise une chaloupe de pêcheurs, rien que pour ne pas crever de faim et de soif dans ce désert d'eau salée. Une pitoyable barcasse remplie de cuirs à demi faisandés nous a procuré de quoi acheter un peu de poudre. Personne n'embauche une femme, un nègre et un peau-rouge dans ces îles. Nous avons conquis ce dont nous avions besoin pour vivre librement, sans chaînes ni insultes. D'autres nous ont rejoints, au fil des années. Et maintenant, pour rien au monde je ne me traînerais à terre au milieu de tous ces pourceaux de colons bien pensants si étriqués. J'ai trop goûté au calice d'une vie sans entrave pour accepter leur carcan !
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[Sous contrat] L'œil du dieu serpent
FantasyLes Caraïbes, 1683. Tandis que la France et l'Espagne s'affrontent pour les richesses des îles, les anciens dieux mayas somnolent sous les pierres d'une civilisation déchue, oubliés de tous, ou presque. Pourtant, l'un d'eux rumine encore sa colère d...