Vivre de sa plume

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    Pierre était écrivain depuis qu'il était tout petit. Lorsqu'il écrivait, il prenait un autre nom et prénom. Il aimait se glisser dans la peau d'un autre personnage, cacher la vérité.

Il avait rendez-vous à Paris où il devait tenter de convaincre une maison d'édition de publier son roman, ce qui n'était en effet pas une mince affaire.

Il savait qu'il devait paraitre convaincant, déterminant et motivé devant les éditeurs. Surtout que l'été approchait et qu'il n'était pas le seul à vouloir faire partie des bibliothèques et des librairies.

Il était conscient que la concurrence était rude, mais c'était aussi cela qu'il aimait dans son métier.

Le jour se levait, et il savait qu'il devait prendre le train dans quelques heures. Il détestait prendre le train, il manquait toujours d'air à force d'être coincé entre les passagers. Il avait souvent du mal à respirer lorsqu'il se sentait en présence d'inconnus. Mais il n'avait pas le choix, il devait voir les éditeurs.

Ses rêves allaient peut-être se réaliser, il était à deux doigts de le toucher. Son amour inconditionnel pour la lecture et pour l'écriture était communicatif. Il devait donc s'envoler en direction de la capitale, malgré le fait qu'il habitait en province.

En arrivant à Paris, il pouvait entendre dans les rues de la musique. Il reconnaissait divers instruments, diverses cultures. Ce bonheur qu'il ressentait état gratuit, et il en était reconnaissant.

De nombreux groupes chantaient ensemble en chœur, en communion.

Beaucoup d'étrangers se promenaient, ils semblaient enchantés par les environs. La maison d'édition était encore loin, et il lui restait peu de temps. Il faisait nuit, il était très tôt. Des étoiles brillaient dans les yeux de Pierre, tellement il était excité.

Son esprit n'arrêtait pas de penser à son entretien.

Il savait que la maison se trouvait dans l'un des quartiers les plus riches et les plus privilégiés de Paris. Lorsqu'il la trouva, il y entra.

Il arriva devant l'un des bureaux avec qui il avez rendez-vous. Il rajusta sa cravate et frappa à la porte.

Une voix à l'intérieur lui répondit et lui dit d'entrer. Pierre ne se fit pas prier et marcha d'un pas assuré.

Dans sa valise se trouvait le roman qu'il avait passé des mois à écrire. Il s'assit sur un fauteuil en velours. L'homme en face de lui avait un air grave, sérieux. Pierre lui serra sa main moite. Il déglutit, ne sachant que dire.

Il décida alors de sortir son trieur vert. Dedans se trouvait le manuscrit de son roman. Il faisait à peu près cinq cent pages, voire même plus.

Il résuma brièvement l'histoire à l'éditeur. Il n'essaya pas de rentrer dans les détails, tentant de garder une part de mystère. Ses histoires portaient sur le thème de la mort, un thème qu'il appréciait beaucoup.

Il savait qu'il n'aurait pas de réponse immédiate de la part de l'éditeur, car celui-ci devait tout d'abord le lire.

Pierre avait tout écrit à la main, et non à la machine. Il espérait que l'éditeur allait pouvoir comprendre son écriture avec ses arabesques.

L'éditeur feuilleta le gros pavé devant lui. Il lui dit alors qu'il lui répondrait dans une semaine, voire même moins.

Pierre partit alors de la maison, ne sachant quoi penser de cet entretien si particulier. Lorsqu'il arriva chez lui quelques heures plus tard, il s'allongea sur son lit. Il attendit les autres jours pour une lettre ou un mail.

Chaque jour il regardait sa boite aux lettres, et attendait impatiemment l'arrivée du facteur.

Il se demandait même si le facteur ne s'était pas trompé d'adresse, espérant qu'il avait mis son courrier par erreur dans la boite aux lettres de son voisin. Bien évidemment, il recevait toujours les factures, mais jamais une lettre de la maison!

Il décida alors de sortir de chez lui pour aller au marché.

Lorsqu'il rentra, il vérifia s'il n'avait pas eu d'appels manqués. Il se dirigea vers son téléphone fixe posé sur la table. Il avait bien reçu un appel manqué, et le numéro lui était inconnu.

Il décida alors de rappeler le numéro. Une voix familière lui répondit, mais il ne savait où il l'avait déjà entendu. C'était l'éditeur qui lui parlait. Il appelait pour confirmer que son roman l'intéressait. Pierre avait complètement oublié qu'il avait donné son numéro de téléphone, qu'il était bête!

Son roman allait être publié d'ici trois mois. Pierre se voyait déjà décerné le prix Goncourt, il était excité. Il était jovial, heureux. Il avait hâte de savoir à quoi ressemblerait sa couverture...


Début d'un rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant