𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣𝙣𝙚𝙢𝙞 { TERMINÉ }

Partie 6✒

Je cours, longtemps, longtemps, très longtemps... Sans vraiment savoir où je vais. Je tourne à chaque coin de rue, je croise des gens du village qui s'interrogent sur ma présence ici.

- Mais elle devrait être à l'école à cette heure-ci ? Demande une femme à son mari.

- Oui... On se demande quelle éducation les parents donnent à leurs enfants parfois... Répondit l'homme tristement.

J'avais envie de leur dire d'aller se faire voir, de se mêler de ce qui les regardent. Et non de la vie des autres.
Mais j'habite depuis toujours, dans un petit village, où tout le monde se connaît, où tout le monde parle de tout le monde.

J'arrive dans une des rues principales du village. Celle où se trouve la boulangerie de Mme Levasseur. Et d'autres commerçants qui vivent ici.
En continuant, j'aperçois un petit groupe de soldats allemands, attablés chez Mr. Lebeau. Mr. Et Mme Lebeau sont un vieux couple qui possèdent une grande grange dans le village. Ils ont acheté le magasin pour y installer un café où les gens viennent discuter, manger, où lire le journal.

Quand j'arrive dans la petite rue, je m'arrête instantanément de courir. Les allemands glissent leur regard sur moi. Je me sens observée de tous les côtés. Qu'est-ce que je dois faire ? Continuer et tomber nez à nez avec les allemands ? Ou bien faire demi-tour et prendre le risque qu'ils me soupçonne de quoi que ce soit...

Non, je vais continuer et peut être même aller boire un verre à l'intérieur. J'ai soif et je n'ai pas bu une seule goutte depuis ce matin...

Je rentre dans le café, passant à quelques mètres des allemands.
Je m'assoie au bar et salue Mr. Lebeau.

- Bonjour Mr. Lebeau, juste un verre d'eau s'il vous plaît.

- Bonjour Elana ! Mais alors, tu n'es pas à l'école ?

- Hum... non... en fait Mr. Thibault est malade. Donc on est réparti chez nous cet après-midi.

- Ah bon ? D'accord d'accord. Répond Mr. Lebeau pas tellement convaincu de mon mensonge.

- Tu as entendu parler des bombardements de la nuit dernière ? Et l'anglais ! En cavale ! Peut être même chez nous...

- Oui oui... Je sais bien...
Mr. Lebeau sait que mon frère est en Angleterre. Et je pense qu'il a compris mon inquiétude.

- Ne t'en fais pas petite ! Je suis sûr que ton frère va bien ! Il y a des parties de Londres qui n'ont pas étaient touchées par les bombes.

Je n'en suis pas certaine... nous n'avons toujours aucune nouvelle de Bastien.
Je finis de boire mon verre et écoute la radio posée sur le bar.

"𝓣𝓸𝓾𝓳𝓸𝓾𝓻𝓼 𝓪𝓾𝓬𝓾𝓷𝓮 𝓷𝓸𝓾𝓿𝓮𝓵𝓵𝓮 𝓭𝓾 𝓹𝓪𝓻𝓪𝓬𝓱𝓾𝓽𝓲𝓼𝓽𝓮 𝓪𝓷𝓰𝓵𝓪𝓲𝓼 𝓭𝓲𝓼𝓹𝓪𝓻𝓾 𝓱𝓲𝓮𝓻 𝓼𝓸𝓲𝓻 𝓭𝓪𝓷𝓼 𝓵𝓮𝓼 𝓫𝓸𝓶𝓫𝓪𝓻𝓭𝓮𝓶𝓮𝓷𝓽𝓼. 𝓛𝓮𝓼 𝓪𝓵𝓵𝓮𝓶𝓪𝓷𝓭𝓼 𝓭𝓸𝓷𝓷𝓮𝓻𝓸𝓷𝓽 𝓾𝓷𝓮 𝓻é𝓬𝓸𝓶𝓹𝓮𝓷𝓼𝓮 à 𝓬𝓮𝓵𝓾𝓲 𝓻𝓮𝓽𝓻𝓸𝓾𝓿𝓪𝓷𝓽 𝓾𝓷 𝓬𝓮𝓻𝓽𝓪𝓲𝓷 "𝓙𝓪𝓶𝓮𝓼 𝓡𝓲𝓬𝓪𝓲𝓷𝓽𝓱"

- Et oui... une récompense. Je la mérite moi celle-là ! Je vais le retrouver l'anglais vous allez voir ! Se vanta Mr. Marchand.
Tant pis si les allemands l'exécute, j'aurais reçu MA récompense moi ! Continua t- il.

- Vous n'avez pas de coeur Mr. Marchand ! Le contredit Mme Lebeau derrière le bar. Vous savez que cet homme est humain ! Et il fait partie de nos alliés ! Si il est en cavale aujourd'hui, c'est pour échapper à sa propre exécution par ces foutu allemands ! Cria t-elle, malgré la présence de ceux-ci à l'extérieur.
Par chance, ils n'ont rien entendu... trop occupés à rire de leur méchanceté sans doute...

En quittant le café, je ne prend même pas la peine de dire au-revoir aux soldats ennemis toujours attablés.
Malheureusement pour moi, ce n'est pas au goût de certain...

- Et toi là-bas ! La fille là ! Viens ici !
Un fort accent allemand me transperce les tympans. Je décide tout de même de m'approcher de leur table. Ils sont cinq, cinq à me regarder de haut en bas, comme pour m'analyser.

- Oui ? Demandais-je d'une toute petite voix.

- Toi ne connais pas la politesse ? Me dit un autre, avec un accent encore plus fort.

- Hum... si excusez moi messieurs... Je ne vous avez pas vu...

- Moui... c'est ça. Retourne à l'école petite ! Vite !

Je me dépêche donc de quitter la rue.
Mais je ne vais certainement pas retourner à l'école. Surtout pour revoir ces pestes...
Non, je sais très bien où je vais. Un endroit qui n'appartient rien qu'à moi et Jack.