Partie 33✒

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- Lass mich bitte mit ihr in Ruhe, dit Hattän à ses deux camarades.

Je ne parle pas allemand mais je comprend qu'il leur demande de le laisser seul avec moi puisque les deux soldats partent de l'autre côté de la rue.

- Où étais- tu ? Je lui demande.

- J'étais partis à Lille avec les autres. Mais ils nous on rappelé ici.

Je m'en doutais bien... Mr Marchand avait donc raison.

- Je t'ai manqué ? Me demande Hattän en rigolant.

- Un peu... Je lui avoue.

C'est bizarre mais avec Hattän, je me sens différente. J'ai l'impression d'être quelqu'un d'autre, comme invincible.

- Qu'est-ce que tu fais toute seule à cette heure là ? Me demande t-il en regardant autour de nous, comme pour vérifier que personne n'est avec moi.

- Hum... Rien. Je me promène juste un peu...

Hattän n'a pas vraiment l'air de croire à mon mensonge. Il faut dire que je n'ai jamais été très douée pour le théâtre...

- Bien sûre... Allez dis-moi la vérité.

- Mon frère avait besoin de parler à mes parents... Et il ne voulait pas que je reste à la maison.

- Pourquoi ?

- Je sais pas trop... Il a dit que la discussion allait être violente. Voila...

- Comment il s'appelle ?

- Bastien.

- Bastien ? Celui qui était prisonnier à la comendature ?

- Hum... Oui, mais s'il te plaît ne dit rien à personne, je le supplie.

- Je ne suis pas comme ça, rigole Hattän.

Dans le noir, je ne vois pas sa main qui agrippe mon bras et m'entraîne vers lui.

- Viens, dit-il simplement.

Il me tire derrière lui dans la rue et finis par me lâcher devant une petite maison que je ne connais pas. Bien sûre, je suis déjà passé devant mais sans vraiment y prêter attention.
La structure ressemble plus à une vieille cabane en ruine qu'une maison...

- On va où ? Je lui demande.

- Entre, me dit-il en poussant la porte qui grince.

Je passe la porte et une forte odeur de renfermé et de poussière vient vers nous. L'intérieur est presque vide. Seul une petite table au milieu de la pièce et quelques fauteuils viennent habiller le décor. Des dizaines de bières et des paquets de cigarettes reposent sur la table.

- C'est là que vous vous retrouvez avec les autres soldats, c'est ça ?

- Oui, en quelques sortes.

- Mais la maison n'appartient à personne ?

- Non, elle doit être abandonnée depuis longtemps.

- Assis- toi, me dit-il en désignant un petit canapé.

Je m'installe sur la banquette et Hattän vient me rejoindre, un verre à la main. Il s'assoie à côté de moi et nos bras se touchent. Le contact de sa peau me donne des frissons.

- Tiens, me dit-il en me tendant le verre remplit d'un liquide transparent.

- C'est quoi ? Je demande.

- Goûte, tu verras.

Son sourire me transperce le corps et je me sens totalement paralysée.

Je pose le verre entre mes lèvres et bois une petite gorgée du liquide.

- C'est super fort ! Je me précipite au lavabo pour recracher ce que j'ai dans la bouche. La boisson qu'Hattän m'a servi est imbuvable...

Hattän rigole en reprenant mon verre. Il le fini d'une traite.

- Comment tu fais pour boire ça ?

- T'es vraiment une chochotte, toi.

- N'importe quoi ! Je suis pas une chochotte, c'est juste que moi je picole pas autant que toi.

Hattän me jète un seau d'eau sur la tête pendant que je tente de lui échapper en quittant la maisonnette en courant. Il me poursuit en rigolant, laissant la porte d'entrée ouverte.

Je crois que je ne me suis jamais autant amusée de toute ma vie.
Nous rigolons tous les deux en courant dans les rues du village, comme si nous étions seuls. Par chance, nous ne croisons personne ce soir là.

Au bout de plusieurs centaines de mètres à courir, Hattän me rattrape. Il me prend par la taille et m'attire contre lui. Nous sommes tous les deux essoufflés.

Il pose ses mains au creux de mes reins et penche la tête pour m'embrasser. Ses lèvres sont douces et son baiser est accompagné d'un léger goût sucré. J'aime la sensation qu'il contrôle la situation.

Plusieurs secondes après, nos corps se séparent et Hattän me regarde en souriant. C'est à ce moment là où je me compte que je suis amoureuse de lui. Je ressens des sentiments pour Hattän que personne ne peut décrire.

Soudain, le comportement d'Hattän change. Il paraît nerveux et fixe la pénombre, au loin.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu regrette c'est ça ? Désolée je...

- Non, me coupe t-il, je ne regrette absolument rien avec toi. Regarde, me dit-il en me montrant un point au bout de la rue.

Il y a en effet quelque chose là-bas, au loin. Mais je n'arrive pas bien à voir ce que c'est. Au bout d'un moment, mes yeux s'habitus à l'obscurité et je peux voir une silhouette.

- Il y a quelqu'un, me souffle Hattän.

- Tu crois qu'il nous a vu ?

- Je ne sais pas. Viens, dépêche-toi.

Hattän me prend par la main et m'entraîne quelques rues plus loin.

- Je dois partir... lui dis-je quelques minutes plus tard.

- Maintenant ? Tu ne peu pas rester encore un peu ?

- Non... Désolée. Mes parents m'attendent et la conversation entre eux et mon frère ne devait durer que quelques minutes. D'ailleurs, ça fait combien de temps que je suis avec toi ?

Hattän regarde sa montre avant de se tourner vers moi :

- Disons, une heure. On se revoit bientôt ?

- Oui, bien sûr, je lui répond en souriant.

Hattän me prend dans ses bras une dernière fois avant de le quitter.

- Fais attention, me dit-il.

Je prend le chemin de ma maison, le ventre remplis de papillons...

𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣𝙣𝙚𝙢𝙞                             { TERMINÉ  }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant