Partie 38✒

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Nous sommes dimanche. Enfin lundi puisqu'il est 2h34 du matin.
Non je ne dors toujours pas, je réfléchis...

Au bout d'un certain temps, je me décide à me relever. Je prend un sac dans mon armoire et y met quelques pulls et des affaires pour un ou deux jours. Ce moment me rappelle celui où je me préparais à rejoindre James à la cabane.

Je passe dans le couloir avec précaution. La porte de la chambre de mes parents est fermée ainsi que celle de mon frère. Je passe par la porte qui ressort sur le jardin. L'autre grince de plus en plus alors je ne prend pas le risque.

Une fois dehors, je me met à courir en direction du village. La ville dort encore. Les volets des maisons sont fermés, personne n'est dehors et un silence règne.

Lorsque j'arrive devant la maison, je frappe doucement pour ne pas réveiller les voisins.

- Hattän ? Hattän c'est moi.

J'attends plusieurs secondes que quelqu'un vienne, mais il n'y a personne. Alors je frappe à nouveau et le verrou de la porte bouge enfin.

Ce n'est pas Hattän qui ouvre la porte mais un homme un peu plus âgé.

- Où est Hattän ? Je lui demande.

L'homme ne répond pas, il se contente de me faire signe d'entrer.

À l'intérieur, une forte odeur d'alcool se ressent. Je ressert mon blouson contre moi afin que les vêtements que je porte en dessous ne s'imprégnent pas de l'odeur. Sinon, mes parents ne seraient pas très contents et croiront sans doute que je me suis mise à boire...

L'homme allume une lampe posée sur une table et je remarque alors que nous ne sommes pas vraiment seuls ici... Plusieurs hommes sont couchés dans les canapés, sur les fauteuils et certains même sont roulés dans des duvets à même le sol.
Je recule de quelques pas, voyant que je m'apprêtais à piétiner un soldat.

L'homme me dit quelque chose en allemand que je ne comprend pas et se dirige au fond de la pièce.
Je l'entend parler à quelqu'un. Sans doute Hattän, qu'il est en train de réveiller.

Quelques minutes plus tard, Hattän vient vers moi. Il ne porte qu'un short et un tee-shirt. Ça fait bizzare de ne pas le voir en uniforme.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Me demande t-il en m'entrainant à l'extérieur. C'est pas un endroit pour toi ici...

- Désolée, je voulais pas te réveiller mais il fallait absolument que je te parle.

- C'est quoi ce sac ? Me demande Hattän.

- Hattän... Je dois partir.

- Quoi ? Tu veux fuguer ?

- Non ! Enfin...

- Elana, c'est quoi ce bordel ?

- Hattän, tout le monde est au courant ! Je ne peux plus rester ici.

- Au courant de quoi ?

- De nous !

Hattän se redresse est enfonce ses mains dans les poches de son short. La faible lumière des lampadaires suffit à ce que je puisse voir son visage.

- Qui est au courant ?

- Mon frère, les gens du village, tout le monde Hattän ! Bientôt ce sera ma mère.

- Tu ne peux pas partir comme ça. Penses à ta famille, et puis tu dois aller à l'école.

- Je m'en fous de l'école ! Et puis ma famille... Vous avez tué mon père ! Et mon frère est au courant lui aussi.

- Ce n'est pas moi qui a tué ton père ! Et tu le sais très bien.

- Ce n'est peut-être pas toi Hattän, mais tu fais partie de ceux qui l'ont tué.

Hattän soupire et se tourne vers la rue, dos à moi. J'ai bien l'intention de partir loin d'ici. Si je reste qui sait ce qu'il pourrait bien m'arriver. La même chose que mon père a subit, ou pire... Ce soir, je voulais juste dire au-revoir à Hattän.

- Je viens avec toi. Me dit-il soudainement.

- Hattän... Tu dois rester ici... Les autres t'attendent, je lui répond en montrant la maison.

- Ils se débrouilleront sans moi.

- Mais... Hattän, tu ne peux pas partir.

- Bien sûr que si, y a toujours des imprévus.

- Attends-moi là je prend quelques affaires et j'arrive, reprend t-il.

J'attends plusieurs minutes avant qu'il ne revienne avec son uniforme sur lui et un sac.

***

Nous sommes déjà loin du village, à plusieurs kilomètres sans doute. Je ne sais pas trop, je ne connais pas l'endroit où nous nous trouvons.
Une grande forêt nous entoure. Le soleil commence à se lever mais il fait tout de même froid.

- Où est-ce qu'on va ? Je demande à Hattän.

Il prend le temps de réfléchir avant de me répondre.

- Chez ma mère.

- Quoi ? Ta mère vit en France ?

Hattän m'avait déjà parlé de sa mère auparavant mais n'avais jamais évoquer le fait qu'elle vit en France.

- Oui, depuis que mes parents ce sont séparés il y a deux ans, ma mère a voulu recommencer une nouvelle vie, dans un nouveau pays, avec de nouvelles personnes.

- Tu es déjà allés chez elle depuis qu'elle habite en France ?

- Non, jamais.

- Ce sera l'occasion alors, je lui dis.

Hattän me regarde et passe un bras autour de mes épaules. Je comprend alors que je ne serais pas partie de cette manière et je ne serais certainement pas aller aussi loin sans lui.

Cela ne fait que quelques mois que nous nous connaissons et déjà, une grande complicité nous unit.

𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣𝙣𝙚𝙢𝙞                             { TERMINÉ  }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant