CHAPITRE 3 : idontwannabeyouanymore

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Ici, la chanson est de Billie Eilish, que vous connaissez sûrement. Elle parle d'estime de soi, de tristesse infinie. J'aime cette chanson car elle reflète le sentiment que j'ai, parfois, celui dans lequel on se déteste. 

LOUIS

Que dire lorsqu'on vous demande de parler de vous ? Je ne suis pas une personne très intéressante, je n'ai pas eu une vie qui doit être racontée. Mon enfance a été basique, rythmée de solitude et de livres. Ensuite, j'ai connu l'adolescence, basique, celle où, bouffé par les hormones, j'ai fait un peu tout et n'importe quoi pour plaire. Et enfin, les études supérieures, jeunes adultes. Tout se passait 'normalement' avant ces derniers mois.

- Parce qu'il n'y a rien en particulier à raconter, dis-je pour répondre à sa question. Je ne veux pas te décevoir mais ma vie est on ne peut plus basique.

Harry hausse un sourcil. Il ne semble pas convaincu par mes mots. Il pose la guitare face au sol puis se lève. Une fois devant moi, j'observe encore le fait qu'il est plus grand. C'est un peu vexant, pour ma virilité. Il me fait un signe de la main puis se dirige vers la caisse. Grâce à ma pomme, il s'éclaire et récupère un carnet qui était dans sa sacoche, je suppose. Il s'installe sur sa chaise de travail puis tourne quelques pages, toujours s'aidant de la pomme pour voir ce qu'il fait.

- Je vais te parler de ma vie, comme ça tu seras lancé pour parler de la tienne, m'indique-t-il.

- Pourquoi tu t'obstines ? Demandé-je en me calant sur le comptoir.

- Je suis quelqu'un d'obstiné, il hausse les épaules puis me tend le carnet et la bougie. Ce que tu vas lire, c'est un de mes textes. Je suis Harry le caissier, la nuit, mais le jour je chante dans les rues pour essayer de me faire un peu connaître. Puis je poste des vidéos sur internet quand je trouve le temps. 

Le poème est magnifique. C'est une métaphore sur un fantôme, qui représente plutôt des sentiments qui s'envolent. Je crois que si on m'écrivait quelque chose comme ça, je reviendrais en m'excusant immédiatement. Je relève cependant, que lorsque Harry s'adresse à la personne concernée, il la genre au masculin.

- Ensuite, il se penche pour tourner la page, je te présente aussi un autre bout de ma vie. J'ai été viré de chez mon père il y a quelques années, j'avais seize ans. Et depuis, je vis chez des amis ou chez mon patron, qui est un peu comme un oncle à mes yeux.

- Harry, tu n'es pas obligé de me raconter ça, dis-je en relevant les yeux du carnet où est encore écrit un poème, bien plus sombre. C'est très, trop, intime. On ne se connaît pas et...

- Je t'en prie, on se connaît un peu, sourit-il. Et puis ça me dérange pas du tout.

Il a l'air sincère. Je ne sais pas trop comment réagir. Ce genre d'événements peut être difficile à surmonter, mais il m'en parle avec un sourire aux lèvres comme si l'on parlait du beau temps. Je lui rends son carnet qui me brûle presque dans les mains. Il écrit des choses divines. Je me sens presque coupable de l'avoir jugé comme quelqu'un de hautain et désagréable. Si j'avais mes raisons pour mal réagir à ses remarques, il avait les siennes pour me les faire. Personne ne réagit de la même manière lorsqu'on découvre quelqu'un d'autre.

- Si tu veux, je te raconte quelques bouts de ma vie. Mais c'est très banal.

Son sourire semble me crier "quand tu veux", alors je me lance. Je lui parle un peu de mon enfance chez ma tante, en France, avec l'absence de mon père qui m'a malgré tout transmis l'amour de la littérature. Puis j'évoque mes années collège et lycée qui n'ont pas grand chose d'intéressant, et mes années universitaires en Amérique, mon job. Ensuite, il me pose cette question :

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 21, 2019 ⏰

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Torn | L.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant