La neige

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Source de l'image : @archillect (twitter)

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— Hey !

— Quoi ?

— Tu vois quelque chose ? Reviens !

Le type courut vers son pote emmitouflé dans une énorme doudoune, en tenant sa casquette d'une main pour éviter qu'elle ne tombe. Le sol était glissant, l'équilibre précaire de la tête aux pieds, et il n'avait que cette casquette pour lui garder la cervelle au chaud, alors il ne fallait pas la perdre. Son acolyte, lui, avait eu la bonne idée de prendre un manteau d'hiver avec une capuche en fourrure.

— Rien de rien ! Aucune trace d'elle ! s'époumona-t-il.

Effectivement la rue semblait déserte. La neige tombait gentiment, ses énormes flocons virevoltant dans une légère brise glacée qui leur frisa les moustaches.

— Eh mec ?

— Qu'est-ce qu'il y'a bordel ? grommela celui à la casquette.

— Mais où est-ce qu'elle peut bien être ? J'ai pas envie de passer la nuit à la chercher !

— T'avais qu'à pas la laisser sans surveillance. Maintenant on est mal. La fête est finie, y'a plus personne pour nous aider. Va falloir qu'on se démerde seuls pour mettre la main dessus sinon on va vivre un sale moment.

Cela faisait plusieurs heures qu'ils l'avaient perdue de vue, et plus la nuit avançait, plus la neige s'accumulait et moins ils pouvaient espérer remettre le grappin sur elle sans risques.

La pénombre était épaisse, un réverbère blafard tentait d'éclairer l'endroit sans trop de succès. Les traces de pneus au sol ne donnaient aucune indication supplémentaire, si ce n'est qu'ils étaient totalement isolés, qu'ils étaient paumés.

Ils vécurent certainement la nuit la plus longue de l'hiver. Errant sans but, les yeux plissés par le froid. S'insultant régulièrement pour décharger leur haine et leur frustration. Se rapprochant par instants pour se rassurer de ne pas être le dernier humain dans ce bout de nulle part.

Ils finirent par s'endormir, d'un sommeil sans rêves, adossés l'un à l'autre au milieu de l'immensité blanche. Résignés à mourir là s'il le fallait, mais ne pouvant plus lutter contre la fatigue et le froid.

Ce fut l'urine tiède d'un chien qui baladait sa vieille maîtresse au bout d'une laisse qui les ramena à la vie. Le soleil avait repris ses droits et leurs yeux mirent un peu de temps à s'habituer à cette soudaine clarté. Cillant pour faire le point sur ce qui les entourait, celui à la doudoune fourrée donna un coup de coude à son pote. Leur voiture était garée juste à quelques mètres.

Sans un mot, ils se levèrent, ouvrirent les portières, et dès que le moteur fut assez chaud et les vitres suffisaient transparentes, ils s'en allèrent honteux, mais réchauffés.

La prochaine fois ils prendraient le bus.

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