Sur twitter depuis quelques temps, l'excellent @_KeoT_ (@KeoTauteur) propose à une petite troupe toujours plus grande d'auteurs de rédiger un texte libre, chaque jour, sur une image issue de la bibliothèque de @archillect.
Adepte, et chanceux partic...
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Source de l'image : @MaskedHope (twitter)
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Viens. Je vais te montrer. Tu vois là-bas sous l'arbre ? C'est ici que tout se passait.
C'était il y a tellement d'années que peu d'ouvrages en ont gardé la trace. Mais ton arrière-grand-mère avait conservé les mémoires d'une de ses aïeules et a pu tout me transmettre avant de nous quitter.
Son témoignage, dont à mon tour je veux que tu hérites, parle d'une communauté secrète qui chaque soir se réunissait dans une transe collective, et inventait des histoires extraordinaires à partir d'une simple image proposée par leur maître spirituel.
Ils débordaient tous d'une imagination foisonnante et des myriades de contes virent le jour sous leurs plumes.
Mais le temps passant beaucoup se détournèrent de leur guide et succombèrent aux sirènes des gloires éphémères. Notamment à celles d'un certain courant de pensée, dont l'émergence reste encore un mystère. Celui inspiré par le culte d'idoles en ouate et de danse en pas de côté, qui n'avait aucun sens profond, mais offrait d'immenses tribunes et une large audience soumise. Ils s'appelaient les Ouatpadien ! Ils attiraient toujours plus de membres de la confrérie des images nocturnes dans leurs filets, les enivrant de la douceur de la ouate, dansant autour d'eux et leur amenant de plus en plus de public ébahi.
Alors le grand maître fit creuser ce puits, et il dit à ses disciples que ceux qu'il surprendrait en train de le fuir y seraient jetés, sans autre forme de procès. Bientôt le puits fut plein.
Aujourd'hui on ne sait plus raconter d'histoires, vois-tu. Et les adeptes Ouatpadiens comme ceux du mage du puits, car c'est ainsi qu'on finit par le nommer, ont disparu, il ne reste plus rien. Sous ces arbres, dans ce puits, tant de rêveurs ont été ensevelis. Quand les gens de la communauté ont cessé d'affluer vers les lumières de la ouate et du pas de côté, les Ouatpadiens s'inquiétèrent. Ils débarquèrent en courant pour découvrir les monceaux de cadavres au fond du trou, et tout autour. Face à eux, ils virent le grand maître et son tas d'images, qui riait comme un forcené. Devant l'ampleur du massacre ils décidèrent d'interdire d'inventer, et même de raconter, des histoires.
Depuis ce jour, tout a été englouti dans l'oubli. Et notre famille se cache avec son lourd secret, dans un monde morne et sans fantaisie. Mais tu es là, et maintenant, tu sais.
Peut-être seras-tu celui qui rallumera dans nos coeurs le bonheur et le courage de faire rêver.