Ce moment avec Ave, Sem et Cole s'éternisa. Je dis bien « s'éternisa » car cela devenait insupportable ! C'était Sem qui m'énervait, en fait. Elle et Cole parlaient beaucoup, et ils rigolaient beaucoup, surtout. Elle gloussait comme une imbécile et cela me mettait hors de moi. Le pire, c'était qu'il la taquinait comme il le faisait avec moi. J'avais l'impression qu'elle l'aimait particulièrement bien, beaucoup trop, d'ailleurs. Et lui, cela n'avait pas l'air de le déranger, bien au contraire même. Ma mâchoire restait figée, contractée. Mon regard était dur, alors je tentai de le cacher. Ave le remarqua très vite. En temps normal, Sem l'aurait aussi remarqué, mais elle était bien trop occupée à rire des blagues de Cole et se plaindre faussement, genre: « Arrête ! » ou bien « T'es bête ! ». Si elle n'avait pas été ma meilleure amie, je l'aurais détestée instantanément.
Ave me demanda discrètement:- Qu'est-ce qui se passe, Oka ? Tu n'as pas l'air bien...
- Je te raconterai, mais là, il faut que je les sépare.
Qu'est-ce que j'aurais bien pu lui raconter ? Je ne voyais pas ce qu'il y avait à dire. Je ne comprenais pas vraiment ce que je ressentais pour lui.
J'étais entièrement concentrée sur leurs moindres faits et gestes. Je guettais chacun de leurs contacts physiques. Je craquai:- Cole, ma génitrice vient de m'envoyer un message. Il faut qu'on rentre.
Lui et Sem levèrent les yeux vers moi. Il me répondit, presque déçu:
- Ah... D'accord.
(C'est une blague, là !)
Je me levai précipitamment et le regardai fixement pour qu'il se dépêche et qu'on s'en aille le plus vite possible. Sem me regarda étrangement, elle ne comprenait pas ce qui m'arrivait.
Sur le chemin en direction de chez moi, il y avait comme un malaise entre nous, alors je lui dis, afin de détendre l'atmosphère, du même air approbateur et élogieux avec lequel m'avaient regardée Ave et Sem un peu plus tôt:- Alors, avec Sem, le courant passe bien, on dirait.
- Pourquoi tu veux savoir ?
- Je ne veux pas savoir, je fais juste une remarque.
Il ne répondit pas tout de suite, comme s'il réfléchissait avant de me répondre:
- Bah... Elle est sympa et carrément canon !
Mon coeur fit un bond, puis il se serra.
- Ah bon, alors vous deux, c'est pour bientôt ?
Il fallait que je sois fixée alors je me forçai à dire ces mots, mais cela m'arracha les lèvres. Je voulais lui faire croire que leur petite idylle naissante ne m'atteignait pas le moins du monde.
- Tout de suite les grands mots ! On verra ce que ça donne me dit-il, mais oui, pourquoi pas ?
Je lâchai un rire (complètement hypocrite, je l'admets).
Mais tout à coup, un homme surgit de derrière. Il saisit Cole et l'empêcha de bouger et presque de respirer en mettant son bras sous son menton et contre son cou.
Il était cagoulé et tout de noir vêtu. Il pointa son pistolet sur la tempe de Cole et lança:- Les Ash ne tolèrent pas l'...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Cole se défit brutalement de son emprise. Il attrapa son agresseur par le col, passa sa jambe derrière les genoux de tissu noir et le poussa violemment vers l'arrière pour le faire trébucher, puis tomber. L'agresseur, en tombant, cogna sa tête contre une roche et s'évanouit aussitôt.
Je restai bouche-bée, pas totalement certaine de ce que je venais de voir. Je n'avais même pas eu le temps de réagir ni de dire quoi que ce soit. Cole me saisit le poignet et m'ordonna « Cours ! » en m'entraînant avec lui.
D'après le peu de mots qu'avait dit l'agresseur, je devinai qu'il était membre des Ash. Alors cela signifiait que ceux-ci pouvaient être à l'origine du meurtre du Terrien dont Sem et sa famille s'occupaient. Je croyais pourtant qu'ils ne pouvaient pas avoir commis ce crime. Je m'étais bien trompée !
Lorsque nous arrivâmes chez moi, nous étions essoufflés alors nous reprîmes notre respiration et rentrâmes.
Ma génitrice, qui avait entendu la porte claquer, vint nous rejoindre dans l'entrée. Moi qui voulais l'éviter, c'était raté !
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Un Autre Monde
Science FictionÀ chaque seconde passée sur Anone, les Terriens risquent leur vie. Oka va se battre pour les défendre, quitte à prendre de gros risques, malgré la haine qu'elle leur porte. Et puis, comme on dit, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avi...