J'étais au septième ciel. Je n'aurais jamais pu imaginer cela ainsi. J'avais beaucoup entendu des filles se plaindre de leur première fois, mais l'anatomie anonienne n'était évidemment pas la même que l'anatomie humaine et j'étais, normalement, la deuxième Anonienne de l'Univers à connaître cette sensation. Nos deux corps se complétaient tellement !
Je ne le voyais plus de la même manière, je ne ressentais plus la même chose. J'étais moins gênée, en effet, je pouvais me blottir contre lui sans aucune distance, c'était comme s'il faisait partie de moi, et moi de lui. Ce n'était peut-être pas ma façon habituelle de penser mais j'avais l'impression qu'il m'appartenait entièrement.
Les semaines qui suivirent, je demeurais sur un petit nuage, à sourire à n'importe quelle occasion, à ne jamais m'énerver, à être littéralement aux anges, en fait.
Cole continuait de m'apprendre le Buddhako, je progressais beaucoup et, pour une fois, j'étais fière de moi ! J'arrivais à tenir des combats, avec lui, même si je ne faisais pas vraiment le poids, mais je n'étais pas aussi ridicule que juste après avoir commencé. Nous étions devenus plus complices que jamais, c'était comme si cela avait brisé le peu de glace qu'il restait entre nous. Il n'y avait presque plus aucun filtre.
Le délai de dix mois imparti par l'I.-G. touchait à sa fin. Je commençais déjà à rassembler mes affaires afin de ne rien oublier ici.
Ç'avait été, me concernant, une expérience très enrichissante. Presque un an plus tôt (un an contient quinze mois anoniens), je détestais les Terriens, la Terre, et quand je me regardais, après tout ce que j'avais vécu, je me voyais changée, en bien. Mes aprioris avaient disparu, ma vision de l'Univers, ou au moins, de la Terre, avait évoluée: j'avais rencontré des Terriens que j'appréciais - voire que j'aimais, dans le cas de Cole et de l'Oncle Isaac -, j'étais allée sur Terre, j'avais visité le Népal, découvert sa culture et c'était fabuleux, magnifique. Au début de ces dix mois, ma famille et ma planète m'avaient beaucoup manqué, mais très vite, je m'étais faite à la façon de vivre ici, sur la Planète Bleue.Il ne restait que moins d'un mois avant de repartir sur Anone et de retrouver tous mes anciens repères parce que oui, je m'en étais fait de nouveaux, sur Terre; j'avais pris mes marques.
J'appréciais énormément l'Oncle Isaac. Cole m'avait prévenue, quand il ne connaissait pas quelqu'un, il était distant et c'était pour cette raison qu'il utilisait des citations et des proverbes, peut-être même pour tester la personne en face de lui; et puis après, il apprenait à connaître l'individu (moi), se détendait et devenait vraiment sympathique. Je sentais sincèrement qu'il avait de l'estime pour moi. Il m'avait donné beaucoup de cours de Buddhako, durant mon apprentissage. Je préférais quand c'était lui qui m'enseignait: Cole était génial, extraordinaire, même, mais quand il me donnait des cours, j'étais légèrement distraite donc moins concentrée - voire pas du tout -, alors qu'avec l'Oncle Isaac, rien autour ne pouvait me perturber ou me sortir de la bulle dans laquelle je me mettais. Il était plus sage, plus posé, il avait plus d'expérience et de recul, il était plus neutre, aussi.
En dehors de ces heures de cours, je constatai au fur et à mesure du temps qu'il avait beaucoup d'humour. Je m'apprêtai à entamer le troisième (et dernier) thème qui était l'approfondissement. J'avais acquis toutes les bases, je m'étais entraînée des mois durant, je m'étais battue, ou du moins défendue et il était temps de terminer par ce fameux approfondissement. C'était le plus dur, et le plus long, mais rien d'infaisable. Cela ne prenait jamais réellement fin car, si on voulait conserver notre niveau dans cet art martial, il fallait continuellement le pratiquer et on ne cessait jamais d'apprendre, alors j'avais passé un réel cap.
J'étais presque déçue de devoir quitter ma deuxième maison. J'allais reprendre ma vie d'avant, certes, mais celle que je vivais depuis neuf mois (terriens) me plaisait énormément.
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Un Autre Monde
Science FictionÀ chaque seconde passée sur Anone, les Terriens risquent leur vie. Oka va se battre pour les défendre, quitte à prendre de gros risques, malgré la haine qu'elle leur porte. Et puis, comme on dit, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avi...