Un Autre Monde

Chapitre 19 : Fais ci, fais ça !

Je lui en voulais, à lui aussi, mais ma déception envers lui n'était rien comparée à celle que je ressentais envers Sem. Ce n'était même pas descriptible. Toutes ces années d'amitié, de confiance, de moments partagés, d'engueulades parfois, mais toutes ces années d'amour, détruites par un mensonge, détruites par des soi-disant sentiments, détruites par un égoïsme pur et simple, détruites par un garçon - malgré lui, bien-sûr. C'était d'autant plus décevant ! Pour moi, l'amitié était dix fois plus importante que l'amour. Pour moi, l'amitié était indestructible, comparée à l'amour. Pour moi, aucune amitié ne devait être détruite à cause de l'amour parce que si j'avais dû choisir, j'aurais choisi l'amitié. C'était ma façon de penser, ma façon de voir les choses. Certains n'étaient pas d'accord, d'autres aimaient en débattre mais là n'était pas le sujet.

Je ne savais plus ce que je devais faire, trop de problèmes étaient apparus dans ma vie en un laps de temps très restreint. J'ignorais comment gérer toute cette pagaille, tous ces sentiments, toutes ces craintes. Je voulais faire passer mes géniteurs et ma sœur avant moi, mais comment ? J'étais coincée dans une maudite cellule, en attendant d'être jugée et directement envoyée en détention. Leurs vies étaient en jeu et j'étais totalement impuissante. Je ne savais pas à qui demander de l'aide, parce que j'étais déçue par Cole, encore une fois. Mais j'étais prête à tout, même passer au-delà de mon égo surdimensionné et demander à Cole de se battre à ma place, pour sauver ma famille.

Je pris un air blasé.

- Tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre de vos histoires de sentiments à deux balles ! (Il glissa un « mais... » auquel je ne laissai aucune suite) Faites ce que vous voulez, mais je n'ai qu'une chose à te demander. Use de tes relations pour aider mes géniteurs, fais changer les lois, s'il le faut, exagérai-je. Mais fais quelque chose, je t'en prie, sauve-les.

Il ne prit même pas la peine d'essayer de me convaincre qu'il m'aimait moi et pas elle. Soit parce qu'il croyait que je disais cela dans le vent, que j'avais très bien conscience qu'il n'aimait que moi, soit parce qu'il savait qu'il n'était pas indifférent à elle et il ne cherchait pas à se prendre la tête, simplement à m'aider; parce que quelques soient les sentiments qu'il éprouvait pour elle, il m'aimait et il ne voulait en aucun cas me laisser tomber.

Les Ancés firent ressortir Cole, me laissant en plan, il était sûrement déjà en train de méditer à propos du sort qui s'acharnait sur moi. Mais qu'est-ce que j'avais fait pour mériter tout cela ?

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Après que j'ai blessé Sem, c'est Oka qui me brisa. Comment pouvait-elle penser une seule seconde que je ressentais un quelconque sentiment à l'égard de Sem, autre que le dégoût, à présent ?
Peu importe, il fallait que j'aille voir mon père de toute urgence.

J'entrai précipitamment, sans prendre la peine de toquer, dans son bureau, à l'étage des personnes importantes...

- Qu'est-ce qu'il y a, fils ?

- Comment oses-tu encore m'appeler « fils » ? Tu m'as abandonné, tu n'es même pas mon père ! Tu n'as jamais été présent pour moi, tu ne sais même pas comment s'appelle ma copine, que je fréquente depuis presque un an !

Je comptais précisément le déstabiliser et le faire culpabiliser afin d'obtenir ce que je voulais.

- Si, je connais son nom.

- Ah oui ? C'est quoi ?

Il bégaya.

- Ol... Ak... Oa..

- Oka ! Et tu sais qui elle est ? C'est la future épouse de ton fils, le seul et l'unique ! Tu sais pourquoi ? Parce que tu as décidé, avec son père à elle, qu'elle l'épouserait lui !