Chapitre 17 : On y est

10 1 0
                                    

- Comment on va faire ? criai-je. Comment est-ce que tu vas mettre bas ? demandai-je à ma génitrice.

- J'ai une amie qui pourra m'aider.

- Mais comment on pourra vivre ? Il ne sera pas déclaré, on va devoir se cacher, il devra éternellement rester à la maison, c'est invivable !

- C'est trop tard, qu'est-ce que tu veux faire ?

Mes méninges s'activèrent et je réfléchissais à une alternative. Mon cœur battait à cent à l'heure. J'ignorais comment nous sortir de là.

- Je ne sais pas, je n'en sais rien ! On n'a qu'à tuer ce bébé !

Ma génitrice écarquilla les yeux, elle ainsi que mon géniteur, mon frère et Cole.
Ce dernier intervint:

- Non, tu ne penses pas ce que tu dis...

Je m'énervai contre celui que j'aimais.

- Toi, tu n'as pas ton mot à dire ! Tu n'as vécu que quelques mois ici, et ce sont pas tes parents qui risquent de mourir ! Alors vaudrait mieux que... que tu t'en ailles, parce que tu n'as aucune idée de ce que ça représente, tu as à peine connu tes parents !

Cette dernière phrase sembla l'achever. Il me fixa sans rien dire. Je pris soudain conscience de mes paroles et je bégayai:

- Je... excuse-moi, c'est que...

- Non, m'interrompit-il. Tu dois certainement avoir raison (il ne pensait pas un mot de ce qu'il disait). Je vais m'en aller.

Ces sourcils demeurèrent froncés et il sortit.
Il y eut un silence long et malaisant seulement pour ma famille, mais pas pour moi. Je repris mes esprits, malgré la fêlure qui s'était tout à coup formée sur mon coeur.

- Bref, lançai-je d'un ton sec. Il faut qu'on résolve ce problème !

- Mais qu'on résolve quoi ? demanda mon frère. Il n'y a rien à faire.

- Bien-sûr que si, il faut se débarrasser du bébé !

- Tu dis n'importe quoi, lâcha mon géniteur. Il en est hors de question !

- Vous voulez mourir ? Vous voulez nous laisser seuls, Bemy et moi ?

- On peut cacher le bébé, beaucoup l'ont déjà fait.

- C'est vous qui faites n'importe quoi, et ce n'est pas une vie pour lui ! Et puis s'il se fait découvrir, il mourra, et il se sera caché pour rien, et vous aussi vous mourrez !

- Ne t'inquiète pas.

- Pff, c'est ridicule ! Évidemment que je m'inquiète !

- Ton avis ne compte pas, notre décision est prise, de toute façon, me dit ma génitrice. C'est comme ça et pas autrement, tu devras vivre avec.

Je ne relevai pas. Puis elle me conseilla de retourner voir Cole parce qu'il était sûr que je l'avais blessé. Elle avait raison, et moi, je me disais que j'essaierai de les raisonner, eux, plus tard.
Je sortis de la maison, à la recherche de Cole. Je criais son nom, pour qu'il m'entende et me réponde. Au moment où je l'aperçus, il parlait à quelqu'un, mais je ne voyais pas le visage de son interlocuteur. Il lui demandait méchamment:

- Qu'est-ce que tu fous ici ?

La voix de l'inconnu m'apparut tout à coup comme familière, mais je n'arrivais pas à me rappeler où est-ce que je l'avais déjà entendue.

- À ton avis ? Je vis ici !

- T'aurais pu me le dire !

- Ça fait des années que je ne t'ai pas vu, Cole, comment est-ce que j'aurai pu te le dire, je ne savais même pas que tu avais été sélectionné pour venir vivre sur Anone.

Un Autre MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant