Elle avait trouvé en moi une parcelle de ma personnalité que je ne connaissais moi-même pas, ou plutôt, que j'avais profondément enfouie puis oubliée: la partie sentimentale, la partie cordiale. Je m'étais interdit de ressentir une quelconque émotion depuis la mort de ma mère et l'abandon de mon père. Je m'étais convaincu que j'avais un cœur de pierre. Elle n'a pas connu cette partie-là de moi parce qu'elle a immédiatement brisé cette roche malgré la froideur de son regard. Elle avait été extrêmement réticente à l'idée d'accueillir un Terrien chez elle.
Sur le chemin, dans la voiture, je ne me contentais pas de me remémorer tout cela et de la contempler. J'avais peur pour sa vie, peur du moment où, si elle le pouvait, elle reviendrait à nous: à quoi était due cette coupure de courant ? Aurait-elle des séquelles ?
La lumière ne tarda justement pas à refaire surface et nous, nous arrivâmes à l'hôpital. C'était la panique aux urgences anoniennes, il y avait des blessés, des gens inconscients - comme Oka - sur des brancards direction les salles de réanimation ou pour d'autres, la morgue.
Oka passait en priorité étant donné son état qui semblait grave. Ils l'emmenèrent en salle de réanimation. C'étaient des salles avec d'énormes spots lumineux, des lumières artificielles, et lorsqu'il faisait jour, la lumière du Soleil à travers les baies vitrées.
Le petit matin arrivait justement tandis que nous attendions, impatiemment pour ma part, dans la salle d'attente. J'ignorais combien de temps sa réanimation allait prendre, on m'avait dit que cela dépendait d'elle, qu'elle avait toutes les clefs en main pour revenir parmi nous: un maximum de lumières braquées sur elle. Les médecins ne pouvaient pas se prononcer sur son état, et cela m'inquiétait encore plus.J'attendis des heures et des heures en faisant les cent pas, en marmonnant, en réfléchissant et surtout, en m'inquiétant et m'imaginant les pires scénarios. Nous n'avions aucune nouvelle. Je me demandais si cela était bon ou mauvais signe.
Au moment où le Soleil fut au plus haut, j'aperçus à travers la vitre derrière laquelle je me trouvais qu'Oka se mit à bouger, puis ouvrir les yeux. J'entrai précipitamment.
- Oka, comment tu vas ? Je me suis tellement inquiété !
Je posai ma main sur la sienne mais elle la repoussa immédiatement.
- Vous êtes qui ? Où sommes-nous ? Où sont mon frère et mes géniteurs ?
Le docteur arriva, il me demanda de sortir de la pièce alors je m'exécutai.
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- Mademoiselle ? Est-ce que vous m'entendez ?
J'acquiesçai. Je ne comprenais absolument pas ce qui m'arrivait.
- Je suis où ? Je veux voir mes géniteurs !
- Vous êtes sur Terre...
(Sur quoi ?!)
Pourquoi ? Pourquoi la Terre ? Comment ?- Pardon ? Mais qu'est-ce que je fais ici ?
- Écoutez, ce n'est pas à moi de vous expliquer tout ça, je vais vous laisser avec les personnes qui vous ont amenée, mais d'abord, j'ai quelques questions à vous poser, vous êtes d'accord ?
Je me contrefichais de ce qu'il me racontait, je voulais savoir ce que je faisais sur cette planète, avec cette sous-race qu'étaient les Terriens !
- Vous êtes Terrien, vous ?
- Non, mais je dois vous poser des questions, mademoiselle, ensuite vous aurez des réponses à VOS questions.
Je gardai mon calme, plus vite je répondais à ses questions, plus vite je saurais ce que je faisais ici !
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Un Autre Monde
Science FictionÀ chaque seconde passée sur Anone, les Terriens risquent leur vie. Oka va se battre pour les défendre, quitte à prendre de gros risques, malgré la haine qu'elle leur porte. Et puis, comme on dit, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avi...