Un Autre Monde

Chapitre 9 : Fi et le reste

- Je te présenterai ton futur mari dans quelques jours.

Ma génitrice n'était pas ravie de cette façon de faire. Plus jeune, on lui avait aussi imposé mon géniteur et même si elle l'aimait, elle ne l'avait pas choisi. Elle ne supportait pas qu'on doive me l'imposer, à moi aussi, mais elle n'avait pas le choix.
Je laissai mes géniteurs seuls, ils avaient visiblement des choses à se dire.

J'arrivai dans ma chambre et me jetai aussitôt sur mon lit. Je repensai à notre petite sortie au parc avec Ave, Sem et Cole. Je me rappelai soudain le sentiment que je venais de ressentir lorsque j'avais vu Sem et Cole rire ensemble. Celui-ci m'avait pourtant dit clairement que Sem l'intéressait... Et ensuite il m'avait
« embrassée ». À quoi jouait-il ? Puis je repensai à son agression, aussi brève soit-elle. Sa réaction m'avait impressionnée. C'était grâce à son art martial. Comment s'appelait-il, déjà ? Buddha quelque chose.
Alors je décidai de lui poser quelques questions. J'entrai dans sa chambre et allai droit au but:

- Pourquoi tu m'as dit que Sem t'intéressait si au final tu m'as embrassée ? Faudrait que tu saches ce que tu veux. Tu peux pas jouer avec moi comme ça.

- Je joue pas du tout avec toi, Oka. Je suis désolé de t'avoir laissé penser ça. Si tu savais à quel point je m'en veux de ne pas te l'avoir dit avant de t'avoir embrassé...

- M'avoir dit quoi ?

- Que je taquinais Sem et que t'ai laissée penser qu'elle m'intéressait parce que je voulais voir comment tu réagirais. Depuis que je t'ai vue pour la première fois, je ne vois personne d'autre.

C'est bien beau les phrases toutes faites mais le pensait-il vraiment ?
Je restai sceptique, et il le remarqua rapidement. Il se leva et vint vers moi. J'avais peur de gober ses paroles s'il jouait avec mes sentiments.

- Je te jure que c'est vrai, Oka. Tu peux pas lire dans mes pensées ? Je peux pas te mentir à propos de mes sentiments, et puis ça se voit, non ? Tu me rends fou, j'arrive plus à réfléchir normalement. Je voulais absolument savoir si tu ressentais la même chose que moi alors j'ai un petit peu rigolé avec Sem, et je t'ai dit ça pour te pousser à réagir.

- Si t'as pas joué avec moi, alors t'as joué avec elle et je peux pas accepter qu'on fasse du mal à mes amies...

- T'as raison, j'aurais pas dû faire ça, mais je ne pensais pas que je pouvais l'intéresser, à vrai dire je ne pensais pas que je pouvais intéresser qui que ce soit.

Pardon ? Beau comme il est ? Et encore,
« beau », c'était un euphémisme !

- T'as jamais eu de... copines, avant ?

- Alors premièrement, non, et deuxièmement ça veut dire que tu considères qu'on est ensemble ?

J'avais l'impression que nous étions deux gamins qui se demandaient d'être amis. Mais tout était nouveau pour nous, autant pour lui que pour moi. Et moi, je n'étais vraiment au courant de rien à propos des relations amoureuses, contrairement à lui. Ici, sur Anone, les hommes étaient au courant de tout sur le sujet, à la différence de nous. Lorsque nous les épousions, nous découvrions tout. J'étais plutôt précoce, pour les Anoniens de mon âge...

- Oui, on peut dire qu'on est ensemble mais alors il ne faut pas que mes parents ni le gouvernement ne soient au courant !

Il sourit béatement.

- Au fait, demandai-je, quand tu t'es défendu, tout à l'heure, tu as utilisé tes techniques de ton Buddha quelque chose, c'est ça ?

- Le Buddhako, et oui, ce sont devenus des réflexes maintenant, pourquoi ?