Ils avaient changés de vêtements. L'uniforme d'officier étant mal vu, ils étaient en civil.
-J'ai l'impression que je portais cet uniforme depuis mille ans, annonça fièrement Stéphane Freeman, heureux de pouvoir faire une blague qui prouvait qu'il avait compris quelque chose.
-C'était le cas, annonça Jonathan en fermant son casier.
Ils étaient encore dans les vestiaires des Libérateurs. L'endroit était étroit. C'était une ancienne usine, reconvertie de nombreuses fois, un coup en loft, un coup en bureaux, abandonnée, réhabilitée, abandonnée de nouveau. Les murs portaient les stigmates des passages des nombreux habitants successifs, et aujourd'hui les Libérateurs squattaient l'endroit plus qu'ils ne l'habitaient. Les locaux étaient modestes, exigus et bien trop petits pour loger tous ceux qui y vivaient.
Jonathan et Jérémy remontèrent le couloir menant au dortoir. La pièce, assez profonde mais peu large, comportait trois rangées de lits de camps, parfaitement alignés. Chaque lit était espacé du suivant de moins d'un mètre. La qualité de vie était vraiment ridicule.
Au milieu de la pièce, un jeune homme d'une vingtaine d'année interrompit Jonathan.
-Mon Capitaine ?
-Oui?
-Excusez nous, Capitaine, mais nous n'avons pas encore su dégager une pièce pour vos appartements personnels. Il est possible que vous ayez à dormir dans le dortoir avec nous, mais juste cette nuit.
Jonathan écarquilla les yeux. Il ne s'attendait pas à une telle remarque.
-Identifiez-vous, soldat, répondit sèchement Jonathan.
Le jeune homme se mit au garde à vous.
-Première classe Jesse Wayans, mon Capitaine. J'ai eu l'honneur de servir les Mondes Unifiés sur le vaisseau corvette UWSS Friedman.
Jonathan tiqua sur le nom du gars. Wayans, comme Sorora, la voyageuse temporelle… Se pourrait-il qu'ils aient un lien de parenté ? Jonathan commençait à douter que le hasard puisse exister.
-Jesse, dit Jonathan. Je vois dans quoi vous vivez depuis que vous êtes arrivés ici. J'admire le courage dont vous avez fait preuve pour rejoindre les Libérateurs au lieu de fuir et disparaître, ou de vous soumettre. Mais si il y a bien une chose que je vous interdit, c'est de priver qui que ce soit de quoi que ce soit pour me réserver une pièce ou un quelconque confort particulier. Je ne le mérite pas plus que n'importe qui ici. Je le mérite même sûrement moins.
-Permission de parler librement, Capitaine ?
-Bien sur.
-Si je peux me permettre, vous êtes responsable de la survie de plus de la moitié des personnes de ce bâtiment. Plus de huit milles personnes ont survécu grâce à vous. Elles ne sont pas toutes ici, mais elles font toutes parties, sans exception, des Libérateurs. Tous ici feraient n'importe quoi juste pour vous donner leurs lits. Vous êtes un héros, Capitaine. Personne n'oubliera ça.
Jonathan sourit.
-Merci, Jesse. Ça fait parfois du bien d'entendre le bien que les autres pensent de nous. Mais vous ne me ferez pas changer d'avis sur un point : il est hors de question que je dorme ailleurs que dans le dortoir, avec les autres hommes. Faites passer le message.
-A vos ordres mon Capitaine !
Le première classe Wayans partit vers le fond de la pièce, tandis que Jérémy accompagna Jonathan vers le fond de la pièce.
-Jérémy, demanda Jonathan. Rends-moi un service s'il te plaît.
-Avec plaisir !
-Tous ces gens me sont infiniment reconnaissants de ce que j'ai fait, et c'est assez dérangeant. Promet moi que si je prends la grosse tête, tu me collera un bon coup de pied au cul.
Jérémy le regarda.
-Avec plaisir !
Ils sortirent de la pièce, longèrent un couloir et retrouvèrent Max dans la salle de réunion.
-Asseyez-vous messieurs, proposa Max.
Ils s'exécutèrent.
-Nous vous écoutons, dit Jonathan. Comment allons-nous renverser le général Smith ?
-Comme vous l'avez sûrement remarqué, commença Max, cette base est à proximité du Télécom Palace. Cette position stratégique, quoique dangereuse, nous permet de garder un œil sur tous les mouvements du personnel du bâtiment. Presque un an d'espionnage nous on permis de connaître presque parfaitement les allers et retours de chacun. Demain à 9h13, il y aura un changement de garde à l'entrée est. C'est le moment où nous passerons devant pour accéder au passage donnant sur la cave. Les gardes ont pris la fâcheuse manie de délaisser leur poste deux minutes avant la fin de leur temps de garde. L'équipe aura donc deux minutes pour passer devant, forcer la serrure de l'accès à la cave, y pénétrer et refermer derrière. Ensuite il faudra longer les couloirs complexes des souterrains jusqu'à arriver en zone sud. La, il y a un passage secret, logiquement destiné à l'évacuation d'urgence. Il donne directement sur la suite demi lune du Palace. C'est la qu'est gardé prisonnier le président Lopes . On le récupère, on fait le chemin inverse. Une équipe se chargera de distraire le garde lors de la sortie de la cave. Ça vous convient ?
-Ca a l'air pas mal, enchaîna Jonathan.
-Il y a un truc qui ne colle pas, demanda Jérémy. Si le président est enfermé dans une pièce où il y a un passage secret pour s'enfuir, pourquoi est-il encore là ?
-Remarque très judicieuse, répondit Max. Nous savons de source sûre que le Président est enfermé dans cette pièce. Mais personne ne sait pourquoi il n'utilise pas cette porte pour s’enfuir. Peut-être a-t-elle été condamnée. Ce sera la surprise.
Jonathan et Jérémy se regardèrent.
-Moi je roule pour, annonça Jonathan. Qui comptez-vous envoyer ?
-J’osais croire que vous accepteriez de faire partie de l'équipe de récupération, dit Max. Votre retour à mis du baume au coeur de toutes les équipes. Et je pense que vous avez largement l'expérience nécessaire pour mener à bien cette mission.
-J'espérais que vous me le demanderiez.
-Bien, enchaîna Max. Composez votre équipe, Capitaine. La mission commence demain matin, à neuf heures. Je vous fournirai les plans d’architectes du Télécom Palace que nous avons réussi à pirater. Apprenez-les pour ne pas vous perdre dans le sous-sol, c’est un dédale.
Jonathan et Jérémy se levèrent et quittèrent la pièce. Longeant le couloir pour retourner au dortoir, Jérémy brisa le silence.
-Tu ne compte pas me demander de venir, n’est-ce pas ?
-Tu commence à bien me connaître !
-Depuis le temps qu’on est amis, il serait temps !
-Je voudrais que tu reste au cas où j'échoue. Tu connais la date butoir et les enjeux. Si je me plante, tu rattrapes le coup.
-Tu compte échouer ?
-Je ne suis plus sûr de rien. Toutes mes bases sont chamboulées en ce moment…
VOUS LISEZ
l'Odyssée des étoiles - Tome 2 : Les Disparus Et l'Empire
Science FictionAprès avoir disparu dans un trou noir, Jonathan et l'équipage restant du Discovery vont devoir affronter d'impensables dangers pour revenir chez eux... et chasser le Général Smith