Je te ramène à la maison.

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Peter se retourna le sourire aux lèvres. Une nouvelle fois, cette satisfaction inexpliquée me questionnait. Il me regarda droit dans les yeux, mais cela me donna du courage cette fois-ci. Alors je continuai :

-" Je m'appelle Allison. Je suis en effet complètement perdue et ça fait 3h30 que je tourne en rond."

En m'entendant parler, je me trouvai tellement ridicule que j'eu un fou rire nerveux. Et d'un seul coup, sans explication, ou peut être avec l'accumulation des émotions sans doute, j'explosai en sanglots ! Je m'assis contre un mur la tête dans les genoux. Je sentis Peter s'approcher de moi. Il posa une main sur mon épaule et dit :

-" Dit moi où tu loges, je te ramène à la maison."

Je levai la tête et aquiesça, les yeux emplis de larmes...

Il m'aida à me relever, je lui dis mon adresse et nous étions en route.

Pendant 20 bonnes minutes de marche, nous ne pûmes nous adresser un mot car la foule autour était trop dense et trop bruyante.

Dans une rue plus calme, Peter me demanda :

-" Alors Allison, qu'est ce qui t'amènes dans une ville comme New York pour que tu puisses te balader si tard dans les rues ?

- Mes parents ont divorcé et mon père est venu s'installer ici. C'est la première fois que je viens lui rendre visite depuis la séparation et c'est également ma première fois à New York. Je voulais visiter aujourd'hui mais j'ai perdu mon ticket de métro, ma carte de la ville, je n'ai plus d'argent sur moi et mon portable n'a plus de batterie. Autant dire que si je ne t'avais pas rencontré, je serais toujours à pleurer dans  cette ruelle."

C'était la première fois que lui parlais aussi fluidement. Désormais, je me sentais en confiance à ses côtés, je n'avais plus peur. Il m'écoutait attentivement, sans lâcher son attention une moindre seconde. Il était à l'écoute...

A la fin de mon récit, il me sourit - oui il souriait beaucoup - et me répondit :

-" Eh bien ! C'est une sacrée histoire ! Je peux aussi t'assurer que tu as eu de la chance de tomber sur moi ! il me fit un clin d'oeil en riant, Du coup, tu vas revenir souvent je suppose ?

- Comme j'habite à Stamford, je n'ai qu'une heure de train jusqu'ici. Je reviendrai donc tous les vendredis soirs jusqu'au dimanche soir. Et pour quelques temps pendant les vacances aussi je pense...

- Super ! J'espère qu'on se reverra alors. Au pire, tu peux me passer ton numéro. A moins que ça te dérange ! Je peux te paraître trop direct désolé, ça doit faire une demi-heure qu'on se connaît et ...

- Je te le donnerais.

- Quoi ?!

- Je te donnerais mon numéro. Je connais personne à New York pour l'instant. Autant commencer à me  faire des amis !"

Cette fois-ci, j'étais celle qui souriais.

Il me donna son portable et je m'enregistrai avec joie.

Un peu plus tard, nous nous dirigeâmes vers une station de métro. Il devait être 23h15. Au niveau des tourniquets, Peter m'attrapa par les hanches, me souleva et me reposa de l'autre côté des tourniquets ! Je le regardai bouche bée passer à son tour au dessus.

-" Tu es fou ! On a pas le droit de faire ça !

- T'inquiète, je fais ça tout le temps."

Je ne répondai rien, ce qui était fait était fait. Et puis, je n'aurais pas pu payer de toute façon.  Nous continuâmes donc notre route en direction des rames.

Au fur et à mesure que Peter et moi parlions, un lien se créait. Une certaine connection nous reliait... nous ne pouvions arrêter notre discussion. Et voici ce que j'appris sur lui : il s'appelait Peter Anderson, il avait 18 ans et était en dernière année dans un petit lycée de la banlieue de Manhattan. Il n'habitait pas très loin de son lycée, dans un appartement avec sa petite soeur de 12 ans et sa mère. Il aimait l'art, mais ne m'a pas précisé quelle forme, et le rock. Nous aimions même quelques groupes communément.

Vers 23h30-45, nous arrivâmes devant l'appartement de mon père. Je montai la première marche de l'escalier et me retournait vers Peter. Je faisait sa taille perchée ainsi. Il s'approcha de moi, nos visages n'étaient qu'à une dizaine de centimètres l'un de l'autre. Je sentis son souffle chaud sur ma joue lorsqu'il me dit doucement :

-" Au revoir, fait de beaux rêves..."

Je lui souris et posa un baiser sur sa joue.

-" Merci pour tout. Bonne nuit."

Sur ce, il me rendit mon sourire et mon baiser puis s'éloigna. Je le regardai partir... mais je savais que le revoir n'était qu'une question de temps.

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