Chapitre 2: L'odeur des fleurs de cerisier

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« - Espèce de petit con! » lui hurla l'adulte  tandis que le jeune homme esquivait tant bien que mal les attaques de son père.
Il allait finir par détruire ce bureau.
« - Salut p'pa. » fut la seule chose qu'il trouva à dire.
Oups.
C'était pas la bonne formule magique.
Il n'avait jamais vu son père autant en colère. Il ne savait pas par quel moyen il allait réussir à s'en tirer.
Pourtant, il sentit quelqu'un se mettre entre lui et son père.
Une explosion se heurta à la glace.
Mr. Todoroki.
« - Tu as intérêt à ne pas te mêler de ça, double face! » menaça son père.
Mais aucune explosion ne retentit.
Les deux Bakugo ne comprirent pas, avant d'apercevoir le vieux Aizawa sortir de l'ombre.
Bien évidemment.
C'est vrai, il était directeur de Yuei, maintenant.
Il se permit alors de jeter un œil à la pièce. Ils étaient loin d'être seul.
Uravity, Red riot et Present Mic étaient également présents.
Wouah. Ça faisait beaucoup de hero dans une même pièce.
Tout ça à cause de lui.
Il recula d'un pas, tandis que la peur s'emparait de lui.
Les adultes présents, jusqu'à lors occupés  à se hurler dessus, semblèrent enfin s'en rendre compte.
Il vit le regard d'Uravity se radoucir un peu, mais à aucun moment, la tristesse ne quittait ses prunelles marrons.
« - Tu peux nous expliquer pourquoi tu as fait ça, Hirito? » soupira-t-elle, sans le regarder dans les yeux.
Pourquoi l'une des plus grandes héroïnes de sa génération, qu'il ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam, n'arrivait pas à le regarder dans les yeux, lui, un simple lycéen comme les autres?
Hirito tiqua.
Qu'avait-il bien pu faire pour faire remuer le plus grand lycée de super hero du Japon?
Il y avait définitivement quelque chose qui clochait.
Ne pleure pas, Hirito.
Ne pleure surtout pas.
Il souffla un grand coup pour faire le vide dans sa tête.
Bien sûr.
Elle parlait de l'inscription. C'est vrai qu'il avait falsifié les papiers d'inscriptions.
Il balbutia quelques mots, sans arriver à former une phrase complète, tandis qu'il sentait le regard dur de son père se poser sur lui.
Il tenta de faire abstraction des héros présents dans la pièce pour s'adresser directement à Ground Zéro.
« - Je suis désolé, papa, je suis vraiment désolé. Mais tu ne voulais pas m'écouter. Tu ne m'as jamais pris au sérieux. Mais moi papa, j'ai toujours rêvé d'être un hero. Je veux être ce genre de hero qui donne du courage et qui sauve les gens avec le sourire! »
Il avait hurlé. Bien trop fort. Tandis que les larmes lui montaient aux yeux, la réaction qu'il provoqua n'était, encore une fois, pas celle qu'il attendait. Il aurait aimé aimé avoir une réponse plus mesurée, mais cette journée continuait à jouer avec ses nerfs.
Uravity, les yeux pleines de larmes, quitta la pièce.
Un silence pesant s'était installé. Un silence qu'il ne comprenait pas.
Qu'est ce qu'il avait dit?
Non. Cette fois ci, eux non plus n'allait pas s'en tirer comme ça.
Hirito n'allait pas s'arrêter là.
« - Et tu sais quoi, papa? T'avais probablement raison sur toute la ligne. Ce lycée, j'imagine qu'il n'est pas fait pour moi. Vous avez tous été étrange aujourd'hui. Je ne comprend pas. Je ne vous comprends pas! Vous me cachez quelque chose. Je le sais. Je ne sais pas si c'est lié à ma mère ou à cet étrange vide que je ressens au fond de moi, cette sensation qu'il manque quelque chose. Mais expliquez-moi, vous tous, les plus grands héros de tous les temps, pourquoi MOI je n'ai pas le droit d'être un héro? »
Il avait débité tout ça d'une traite, sans même reprendre son souffle.
Il pleurait maintenant.
Encore une fois.
De toute façon, il n'était visiblement bon qu'à ça.
Katsuki soupira, tandis que personne n'osait parler.
Pourquoi fallait-il qu'il LUI ressemble autant?
Il savait qu'Hirito était quelqu'un de très angoissé. Ça faisait un peu trop d'un coup pour le petit garçon.
Bakugo savait que tout ça était de sa faute.
Il regarda son fils, désolé, ayant bien conscience qu'il ne pourrait jamais combler cette partie de lui qu'il avait perdu.
Il s'approcha de son petit garçon. Ce dernier s'attendait à se faire à nouveau réimprimander, gronder, exploser, tuer, mais Ground Zero ne fit rien de tel. Il effaça simplement ses larmes et planta son regard carmin dans celui de son enfant:
« - Écoute, mon grand. J't'en veux pas, d'accord? J'ai très mal géré cette histoire. Tu me pardonnes? »
Hirito, abasourdi de cette soudaine douceur qu'il reconnaissait pourtant, hocha la tête.
Il allait vraiment s'en tirer comme ça?
Il avait menti. Il avait desobéi. Ça ne ressemblait vraiment pas à Katsuki de l'aider passer ça.
« - Tu veux bien m'attendre dehors, Hirito? Je dois parler à ces gens. »
Il hocha à nouveau mollement la tête.
« Tu n'as qu'à visiter l'école, en attendant. » rajouta-t-il.
Il n'eut d'autres choix que de quitter la pièce, sans jeter un seul regard à tous ces héros qui semblaient en savoir bien trop long sur lui.
Il referma la porte, puis hésita.
Tout ça, ça avait été bien trop facile. Il s'en tirait à trop bon compte.
Pourquoi?
Il avait une terrible envie d'écouter la discussion.
C'était mal. C'était vraiment très mal.
Et si c'était sa seule chance de savoir?
Mais savoir quoi, au juste?
Après une bien trop courte hésitation, il colla son oreille à la porte.
« ...particulier....mauvaise idée.....ici...alter....pourra contrôler...sécurité...Haru... »
Il ne comprenait rien, se maudissant à cet instant de ne pas avoir un alter d'audition comme l'héroïne Earphone Jack.
Il entendit une voix se rapprocher, qu'il attribua à Mr. Todoroki.
« C'est certainement ce qu'il aurait voulu, Bakugo. Si il était là, avec nous, il te l'aurait dit, que c'était la meilleure décision. »
« Mais il n'est pas là. » souffla son père. « Il n'est plus là. »
La voix de Katsuki venait de se briser.
Le petit vert sentit son cœur se serrer.
Il en avait assez entendu.
Il se mit à courir dans les couloirs, avant que quelqu'un ne se rende compte qu'il avait écouté aux portes.
Il n'allait pas risquer d'aggraver encore plus son cas.
Il ne pleurait plus. Plus vraiment. Son état était passé d'incompréhension à confusion. Il ne comprenait toujours rien. Il savait que son sens de déduction était exceptionnel et pourtant, rien à faire.
Le puzzle ne s'assemblait pas.
Il lui manquait bien trop de pièce.
Alors qu'il réfléchissait, il ne se rendit pas compte qu'il s'était énormément éloigné de son point de départ.
Il leva les yeux au ciel. Il était tard, maintenant. Tous les élèves étaient partis depuis plusieurs heures.
Il était seul.
De plus, c'était une partie du lycée qu'Hirito n'avait pas encore exploré. Il avait comme le pressentiment que plus personne ne venait là.
Peut être était-ce une ancienne aile de l'établissement?
Il y avait une grande salle commune, une cuisine, et un long couloir menant à plusieurs portes.
Cela ressemblait fortement à un dortoir.
Un dortoir qui devait avoir un lourd passif, étant donné que de nombreux objets de la vie quotidienne traînaient ici sans que personne ne les ait rangé.
Ce bâtiment avait quelque chose d'étrange.
Tout semblait avoir été laissé sur le tas, comme si ses occupants étaient partis précipitamment pour ne plus jamais réapparaître.
Il voulait partir, mais ses jambes ne semblaient plus vouloir lui obéir. Il avança, tel un robot, vers ce qu'il estima être des chambres.
Il ne sût pas pourquoi, mais il ne s'arrêta que devant la cinquième porte.
Il n'était plus maître de son corps.
C'était comme si une force supérieur le forçait à s'arrêter devant cette porte précise.
Il toucha la porte, anxieux, sans trop savoir pourquoi, à l'idée de la pousser.
Il finit tout de même par entrer.
Il fut ébloui par la luminosité de la pièce. La petite chambre était dotée d'un éclat, presque d'un aura particulier que les autres pièces ne possédaient pas. 
La profonde sensation de malaise qui ne le quittait pas depuis le début de la journée, sembla s'apaiser.
La petite chambre était remplie de poster d'All might. Bien qu'elle ait pris la poussière, elle semblait bien rangée, contrairement au reste du dortoir, comme si une partie de vie ne l'avait pas tout à fait quittée.
Il s'approcha du lit qui était défait et, sans trop savoir pourquoi, prit l'oreiller dans ses bras.
Il respira son odeur.
Un étrange mélange de fleur de cerisier et de nitroglycérine.
Il ferma les yeux.
Il connaissait ces odeurs.
Chacune séparément. Mais également ensemble.
C'était si particulier comme mélange, si apaisant. Mais encore une fois, c'était étrange que ce mélange lui soit si familier.
Et pourquoi cette odeur était-elle si réconfortante?

Il s'écroula soudainement sur le lit.
Il sentit son corps s'affaiblir.
Un gémissement s'échappa de sa bouche.
Sa tête.
Bon dieu qu'il avait mal.
Des images s'imposèrent dans son cerveau.
Étais-ce des souvenirs?
Il vit une petite main s'accrocher à un tee shirt. Sa petite main. Quelqu'un le tenait dans ses bras, alors qu'il n'était certainement qu'un bébé.
Étais-ce réellement lui?
Il sentit une autre main, une plus grande, qui ne lui appartenait pas. Cette main caressa doucement sa joue avant de se poser dans ses boucles vertes.
Son cœur se serra à nouveau.
Il connaissait cette sensation. Il se souvenait de la douceur de cette main.
Pourquoi ne pouvait-il pas voir le visage de cette personne?
Tout ce qu'il entendit, ce fut son rire. Un rire cristallin, le plus pur et le plus innocent qu'il lui fut donné d'entendre.
Il voulait savoir à qui appartenait ce rire.
Une voix s'éleva. C'était une voix enfantine.
« - Il ne t'arriveras rien, Hirito. Je serais toujours là pour veiller sur toi et Hope. »
« - Tu me le promets, Haru? »
« - Je te le promets. »

Haru.

Il avait entendu ce nom quelque part, mais bon dieu, il avait tellement mal à la tête. Ses forces le quittaient petit à petit. Il n'arrivait pas à réfléchir.
Il devait réfléchir.
Hirito eut juste assez de force pour se glisser dans les draps.
Il s'endormit, bercé par l'odeur de la nitroglycérine et des fleurs de cerisiers.

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