Chapitre 11: Adieu, mon amour

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Ils parlèrent beaucoup, ce soir là.
Et tandis que le petit vert posait sa petite tête sur le torse de son père, Katsuki lui déballa tout.
Absolument tout.
Parce que les secrets sont un poison. Un poison qui rongent une famille, un poison qui coule dans les plaies saignantes du cœur jusqu'à l'infection, se gangrène dans tout le corps avant de faire pourir de l'intérieur un être et sa raison.
Le mensonge a brisé lentement, progressivement, sournoisement le mental du petit garçon qui n'avait jamais pu comprendre qui il était, ni d'où il venait, et encore moins quelle était sa place sur cette terre.
Maintenant, il comprenait mieux.
Il comprenait mieux cette pulsion sanguine qu'il ressentait quand son corps ne lui obéissait plus, cette montée d'adrénaline, boosté par la peur et le danger.
C'est ce qu'il avait ressenti quand il s'était mis entre Shoto et Haru.
Katsuki parla longuement de Deku. D'Izuku Midoriya, ainsi que du One for All, puis de Haru.
Il avait ramené un album photo, qu'ils feuilletèrent longuement, les larmes aux yeux.
Depuis combien de temps Katsuki ne s'était-Il pas octroyé le droit de regarder une photo de Deku?
Hirito, lui, découvrait celui qui lui avait donné la vie, en gardant fatalement en tête qu'il ne pourrait jamais voir son sourire, et qu'il ne le rencontrerait jamais.
C'était insupportable.
Katsuki avait également ramené la biographie officielle qui avait été publié tel un best seller à la mort de Deku, ricanant intérieurement de la tristesse de découvrir son père à travers un livre.
La vie était tout de même une belle pourriture.
Avaient-il tous été prédestiné à vivre malheureux?
Ou était ce un pur hasard ironique et fatal?

La cruelle réalité frappa Hirito de plein fouet. Quelque chose les réunissaient tous.
Lui, Hope, Katsuki, Eijiro et Denki, Uraraka, Shoto, Aizawa, All Might.
Et tous les autres.
Ils avaient un point commun.
- Tu sais, papa, commença-t-il d'une voix triste. Il y a un gros problème. On n'avancera pas si on ne le fait pas.
- De quoi tu parles? Lui répondit l'explosif, tout en lui caressant les cheveux.
Hirito soupira, la voix tremblante.
- On ne leur a pas dit au revoir. murmura-t-il doucement. Je crois qu'on ne pourra pas aller de l'avant si on ne leur fait pas nos adieux.
Katsuki avait tourné la tête, le regard perdu dans le vide, fixant un point imaginaire à l'horizon.
- On en a besoin, papa. insista-t-il. Ça ne veut pas dire qu'on les oublie, mais juste qu'on les laisse enfin partir, et reposer en paix.
C'est vrai, il n'avait jamais dit au revoir ni à Deku, ni à Haru.
Il n'avait pas pu voir leur corps, il n'avait pas pu aller à leur enterrement.
Il ne voulait pas les laisser partir.
Il ne voulait pas aller de l'avant.
Il ne voulait pas abandonner Deku.
Parce que, bordel, comment ils pouvaient comprendre, eux tous, que sans lui, il n'était plus rien?
Il était son âme sœur, et on ne peut pas vivre sur cette terre sans son âme sœur.
Ce sale petit imbécile de nerd avait pris son cœur, l'avait kidnappé, et l'avait serré jusqu'à ce qu'il explose en mille morceau, sans qu'aucune colle au monde ne puise le recoller.
Ce monde n'a jamais été fait pour eux.
Encore moins pour Deku.
Ça faisait mal, putain.
Ça faisait tellement mal.

Puis il repensa aux petits yeux verts et tristes levés vers lui.
Hirito et Hope méritait d'être heureux.
Shoto méritait de faire son deuil.
Eijiro méritait de passer à autre chose.
Ochako méritait d'essuyer ses larmes.
Le Japon méritait d'être enfin en paix.

- C'est d'accord, mon grand. On va leur faire les adieux qu'ils méritent.


Ce fut un jour, à la fin mai, qui fut choisi.
L'anniversaire des 10 ans de la mort de Deku tombant à la même période, le grand public s'était pris de passion pour l'événement, oubliant pendant quelques heures le conflit mondial, pour pleurer leur ancien hero.
Deku et Haru avaient été inhumé ensemble, dans un petit cimetière japonais traditionnel à l'ouest de la ville, loin de l'agitation.
C'était un cimetière privé constamment baigné de lumière. La végétation se mêlait aux monuments tandis que le lierre grimpait sur les vieilles pierres tombales.
C'est un endroit que Deku aurait adoré.
Katsuki avait refusé tout journaliste ou chaîne de télévision. Seule une quinzaine de personne avait été convié.
Ses parents seraient présents. Inko également, et tous ses amis. Il voulait que ce soit intimiste.
Il regarda par la fenêtre de sa chambre.
Il pleuvait.
C'est comme si la terre entière le pleurait.
Plus stéréotypé, tu meurs.

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