Chapitre 4 réécrit

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Après quelques minutes d'hésitation, je choisis de visiter Trinity College, un monument phare de la culture dublinoise, pour me changer les idées. Cela me permettrait d'oublier cette maudite journée et de me familiariser un peu avec la capitale irlandaise. Bien plus petite que New York, son charme dépassait amplement celui de la grosse pomme. Dublin possédait plusieurs facettes, historique, littéraire, fantastique, toutes plus magiques les unes que les autres. J'avais hâte de toutes les découvrir au fur et à mesure de mes tribulations. Si Jamie continuait de se comporter comme un con, j'aurais probablement fini le tour de l'Irlande en quelques semaines. Je sortis mon guide et commençai ma visite par une petite leçon d'histoire. Trinity College, installée en plein cœur de la ville, était la plus ancienne université d'Irlande. Datant du XVIème siècle, cet imposant ensemble avait été érigé sous le règne d'Elizabeth Ière, cette dernière souhaitant civiliser les populations grâce au savoir et à la religion protestante. La reine anglaise trouvait le tempérament irlandais trop rude pour ne pas dire complètement barbare et elle souhaitait les éduquer. Délicate attention, pensais-je, ironique.

De prime abord, l'entrée paraissait plutôt modeste et en décalage total avec les trésors qu'elle était censée receler. Mais une fois les portes passées, ma surprise fut de taille. Après le brouhaha de la ville moderne, la quiétude et le calme qui régnaient dans la grande cour me submergèrent. La sensation de pénétrer dans un autre monde était telle qu'un frisson de plaisir me parcourut des pieds à la tête. Je pris quelques minutes pour admirer et détailler le monument qui s'offrait à moi. L'université se composait d'un bâtiment principal en U, Regent House, d'une chapelle bâtie en 1798 selon les dires de mon guide, d'un campanile victorien de 30 mètres de haut où les visiteurs se pressaient pour immortaliser l'instant le temps d'une photographie, de quelques statues installées par ci par là, d'un réfectoire et d'une reading room. Mais l'attraction la plus prisée de Trinity College restait Old Library.

Cet impressionnant bâtiment du XVIIIème abritait 400 ans d'histoire, de littérature, de légendes chères aux Irlandais.

Au premier étage, une exposition permanente permettait de comprendre la fabrication des manuscrits religieux, véritables œuvres d'art aux enluminures dorées et bardées de détails et autres motifs ornementaux. Travail méticuleux autrefois confié aux moines et hommes d'église, l'enluminure avait traversé les âges et constituait encore, de nos jours, un savoir faire technique et artistique destiné à la restauration de ces précieux trésors de l'Histoire. L'exposition avait pour but de préparer les visiteurs à découvrir le Livre de Kells, un des joyaux de l'Irlande. Malheureusement pour moi, le manuscrit était actuellement en restauration et il m'était donc impossible de le voir. Tant pis, me dis-je. Ce sera une occasion de revenir.

Gravissant les quelques marches qui menaient à l'étage du dessus, je pensais aux nombreux ouvrages que j'avais laissé à New York, chez mes parents. J'aimais les livres depuis l'enfance. Lire me procurait un plaisir sans borne, une façon de m'évader de la routine, de parcourir des mondes différents ou même de découvrir des héroïnes qui plus tard influenceraient ma vie. En grandissant, contrairement à mes amies qui pensaient au maquillage, au shopping et aux garçons, j'avais continué de fréquenter assidument les bibliothèques, pour mes études et plus que tout pour ma propre satisfaction. Comme disait mon grand-père, quelque chose de spécial sommeillait en moi. Je n'avais jamais su quoi réellement mais lui pensait que je le saurais en vieillissant. L'avenir nous le dirait peut être un jour. Quand j'arrivais à l'entrée du long tunnel, mon émerveillement fut à la hauteur de la beauté du lieu. Je poussais un petit cri de joie qui me valut quelques regards noirs de touristes dévotes venus ici en pèlerinage. Cette vaste salle, dominée par une voûte en berceau et des piliers massifs, hébergeait environ 250 000 ouvrages, autant de chefs d'œuvres dormant paisiblement entre ces murs, gardiens des âmes de leurs auteurs. La lumières émanant des grandes fenêtres plongeait Old Library dans une ambiance presque mystique. Une jeune femme, encadrant une visite guidée, expliquait non loin de là qu'il fallait bien choisir le moment de la journée où nous entrions dans la bibliothèque car l'incroyable palette de luminosité irlandaise, entre le lever du jour et la tombée de la nuit, créait une ambiance unique et différente à chaque instant. Prenant place sur un banc en bois installé au centre de la salle, je laissais mon esprit s'imprégner du lieu.

An irish love (En Réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant