Jour 130

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Tout le week-end, chaque soir de la semaine, deux fois : avant l'entraînement et après. Effectivement, Patrick est accro. Et j'ai été bête de ne pas prendre la mesure de ce que cela implique. Ça ne me dérange pas, évidemment, au contraire ! Mais quand même, je n'ai jamais eu autant d'activité, je ne sais pas si je vais pouvoir tenir. Pour l'instant, nous devons nous focaliser sur la première compétition de l'équipe de natation.

— C'est l'heure, il faut que je fasse mes preuves.

— Tu as progressé de manière incroyable, Patrick.

— Mais je ne suis pas sûr d'être à la hauteur.

— Tu donnes le meilleur de toi-même et tout se passera bien.

— Je ne suis pas certain que les autres seront aussi cléments.

— Tu ne fais pas ça pour les autres mais pour toi, et aussi un peu pour moi.

— Sous le regard de mes parents, ça fera une pression supplémentaire.

— Ne te stresse pas trop, tu vas y arriver. Personne ne remarquera que tu as commencé la natation il y a moins d'un mois.

— Il y a une manière de se déstresser...

Mince, même dans un moment pareil il y pense. Et comme j'ai peur qu'il le prenne mal si je refuse, je lui accorde ce plaisir ! J'en ai envie aussi, mais j'aurais pu attendre que la compétition soit terminée.


J'ai un peu peur quand même. Mes paroles sont rassurantes lorsque je m'adresse à Patrick sauf qu'en tant qu'entraîneur j'ai conscience qu'il n'est pas du tout au même niveau que les autres. Pourtant, au moment de son passage, il y a beaucoup d'agitation dans les tribunes. Les filles sont là pour mettre l'ambiance. Et du même coup, ça rassure les parents de mon petit copain, qui sont heureux de savoir que leur fils sort officiellement avec une jolie demoiselle ! La prestation n'est pas fantastique, mais heureusement les autres membres de l'équipe sont des nageurs exceptionnels et nous remportons cette compétition sans trop de difficulté.


Dans les douches collectives, c'est la joie. Les nageurs ne font aucune remarque sur la faible performance de Patrick. Sans doute qu'ils espèrent que j'ai appris la leçon et que je ne le ferai plus participer à une compétition de si tôt. Sous les douches, il y a certains gestes que je tolère d'habitude mais qui là me rendent jaloux. Les mecs se touchent sans complexe, pour rigoler, moi ça m'énerve. Je ne dis rien, il faut les laisser exprimer leur joie. Et comme à chaque fois, je finis par me retrouver seul avec Patrick.

— J'ai été plutôt nul.

— Ne dis pas ça.

— Mathieu, je sais bien que tu veux me faire plaisir sauf que je ne suis pas idiot. J'ai bien vu que ma performance était médiocre.

— Disons que pour une première compétition tu t'es bien défendu.

— Merci.

— De quoi ?

— Je n'avais pas vraiment envie de faire partie de l'équipe. J'ai accepté surtout pour te faire plaisir et aussi parce que c'est le rêve de mon père depuis des années. Mais finalement, je me sens bien avec vous. C'est la première fois que j'intègre un groupe qui ne me juge pas en tant qu'héritier.

— Une fois en maillot de bain, on est tous pareils !

— Je suis sérieux, Mathieu, je me sens vraiment bien dans cette équipe.

— Et je crois qu'aujourd'hui tu as été adopté par tous les autres. Ils feront tout pour que tu t'améliores.

— Tu as complètement changé ma vie. En bien.

Le journal de Mathieu (10)Where stories live. Discover now