Jour 87

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Le mois de mai ne m'aide vraiment pas à me déconnecter et à penser à autre chose. Il y a trop de jours de congé. Et à chaque fois je me dis que j'aurais plaisir à passer tous ces week-ends prolongés avec Irénée. Mais non, il faut que je m'occupe tout seul. Nicolas débarque. Décidément, cet appartement est un véritable moulin. Mes parents ne disent rien, ils sont contents de voir que je me fais de nombreux amis...

— On va jouer avec les autres ?

Nicolas tient un ballon de foot. Je préfèrerais qu'on passe notre temps sur la console.

— Demain, si tu veux venir. Aujourd'hui, j'aimerais jouer le professeur.

Mince, il veut m'apprendre à maîtriser un sport que je déteste.

— Tu es partant ?

Je n'ai pas vraiment le cœur de dire non. Une certaine amitié s'installe entre lui et moi. Je dois aussi faire des efforts.


Nous nous retrouvons sur le terrain de foot.

— Pas comme ça ! Place ton pied légèrement de travers pour contrôler la direction de la balle.

Quand il m'arrive de voir des extraits de match de foot à la télévision, je me dis que c'est débile, que c'est simple de taper dans une balle. Dans la réalité, c'est un peu plus compliqué. Enfin, je ne suis pas plus idiot qu'un autre, je peux y arriver.

— Tu as compris que le principe était de marquer dans le but, pas autour ?

— Oh ça va, tu ne vas pas me gonfler non plus !

— J'essaie de t'apprendre mais tu ne fais aucun effort.

— J'en ai rien à foutre de ton sport pourri. C'est complètement con de courir après une balle, c'est bon pour les chiens ! Il y a plus intelligent à faire dans la vie !

— On est là pour s'amuser !

— Alors pourquoi on est en train de s'engueuler ?

— Parce que tu joues ta midinette alors que j'essaie de t'enseigner un sport viril.

— Ouais, bien sûr, dans le foot il n'y a que des vrais mecs.

— Attention à ce que tu vas dire.

— Jouer à touche pipi avec tes potes sous la douche, c'est effectivement super viril !

— Mathieu...

— Moi je suis gay et pourtant je ne vais pas aller toucher mes potes pour soi-disant rigoler.

— Je vais t'en coller une !

— J'ai peur... Je tremble... Nicolas va me donner une claque.


Non, en fait il se jette sur moi. Nous tombons sur le gazon du stade. J'ai vraiment réussi à le pousser à bout. Son poing se prépare. Je vais me faire tabasser par celui que je croyais être mon ami.

— Tu ne vas pas te défendre ?

— Je risquerais de te faire mal.

— J'aimerais bien voir ça !

— Pas moi.

— Quoi ?

— Je n'ai pas envie qu'on se batte. Je te présente mes excuses, mes mots ont dépassé ma pensée. C'est juste que ça m'énerve de ne pas réussir à entrer cette foutue balle dans le but. Je déteste quand je n'arrive pas à faire quelque chose.

— Tu aurais pu le dire plus tôt.

— Je n'aime pas non plus qu'on sache que je suis mauvais perdant. Désolé, je ne pensais pas tout ce que j'ai dit.

Le journal de Mathieu (10)Where stories live. Discover now