«Tu comptes vraiment te rendormir»
«Oui»
«non»
« Si.»
«c'est mon lit»
«tu l'as déjà dit»
«et?»
«votre argument n'est pas assez convaincant pour être pris en considération , veuillez réessayer ultérieurement »
«demain matin , quand tu ne rêveras plus , c'est ça ?»
«Elle est futée la petite» nageai-je mon double imaginaire.
«on verra bien , qui est la plus futée de nous deux demain matin ... fais-moi de la place» qu'elle audace.
«vas dormir ailleurs» grommelât-je «tu t'incrustes dans mes rêves et tu ne me laisse que la moitié de mon propre lit en plus de ça»
«un lit imaginaire , venu droit d'un monde imaginaire» dit-elle en étendant la fin de chaque mot.
«tu admets alors enfin que je suis bel et bien entrain de rêver?» questionnais-je en me relavant vivement. Je suis une folle.
«Non, dors.»
Je gloussait , moi , glousser, glousser, moi.
«ne me donnes pas d'ordre, je te rappelle que tu es dans ma tête»
«tu te sentiras super conne demain, j'ai hâte de voir ta tête quand tu te réveillera demain»
Je hoquetais , je déteste quand les gens utilisent ces termes devant moi.
«t'as avalé ta salive de travers ou quoi?»
«n'insulte pas» , elle avait un sourire qui s'étendait jusqu'à ces oreilles «Tu ... tu , c'est le mot conne qui te déranges alors?»
«Oui , je viens de te le dire»
«conne , conne , conne , conne», elle sautillait sur le lit en se fermant les oreilles de ces paumes, je n'étais pas la seule folle ici.
«mais qu'est-ce qui te prends , maman va remonter et elle va-»
«elle va quoi? Revenir ici pour voir ta jumelle imaginaire, tu rêves , t'as oublié , ou tu admets que c'est la réalité»
«Oh , j'ai oublié , bonne nuit cher rêve»
«bonne nuit Aurore» , je lui donnais mon dos et elle fit de même , demain sera une longue journée.On jouait d'un instrument qui s'appelle "tambour" sur la porte de ma chambre, étrangement je ne délectais pas le songe divin de mon image restant à la maison pour dormir d'avantage , j'avais même envie de me lever du lit.
«Aurore ma chérie, ne mets pas trop de temps à te préparer s'il te plaît» , la voix de ma mère était anxieuse , du jamais vu , comme dirait Alex ,enfin je dirais plus du jamais entendu.« T'inquiètes man , je suis déjà prête»
Oui j'étais à moitié réveillé , oui mon téléphone affiche six heures treize , oui je n'étais pas du matin, oui j'admets être un peu folle sur les bords , et non ce n'étais pas moi qui avait répondu à ma mère stressée.
Je ne voulais absolument pas ouvrir les yeux, je ne voulais plus rêver, les rêveries n'étaient pas pour moi et je n'étais pas pour elles.
Le monde veut qu'on ouvre les yeux chaque jour , qu'on s'élance sur des chemins rocheux , et qu'en en soit heureux , quelle idiotie. Mes rêves s'étaient mis d'accord avec le monde pour me hanter la nuit et de laisser le monde en faire autant le jour, ils se relayaient.
«Tu es une vraie marmotte» , je ne répondrai pas , je ne donnerai pas ce plaisir à un rêve debile , je ne me laisserai jamais faire, je serai plus forte que mon subconscient enjôleur.
Quand un réveil sonna, quand la normalité et le connu sonna , quand j'entendis le cri habituel de ma mère je consenti enfin à ouvrir mes prunelles. Elles étaient traîtresses car la porte était bleue.
Elles étaient traîtresses car j'arrivais à me voir sans miroir.
Moi perchée sur ma tête me regardant moi dans mon lit , mon lit adossé sur le mur bleu. J'étais dans rêve sans fin, un rêve qui me donnait le jour alors qu'il faisait nuit et c'était aussi ironique qu'insupportable.
«Bonjour» chantonna-elle , je ne lui accordait même pas un regard.
«J'ai dit bonjour» répéta-elle
«Je vois» , mon subconscient était stupide et éveillé , stupide de croire que j'allais gober ces balivernes et éveillé en me faisant faire des constatation en étant endormie , j'étais une détraquée c'était insensé de parler de la sorte d'un subconscient, du sien.
Elle soupirait , puis ouvrait les fenêtres pour laisser le souffle frais du matin faire sa ronde dans une chambre que je croyais mienne mais qui, sous la vérité du jour ne m'était qu'étrangère, ces murs n'étaient pas miens , sa porte non plus , mon étagère était ici inexistante , les rideaux étaient fleuris alors que les miens étaient gris , l'armoire vide était pleine , je le savais par son entrebâillement , un rayon de soleil me rapporta l'image de vêtements parfaitement pliés , ma petite bibliothèque sur le mur de droite étais décorée d'hortensias verdissants , dans ma chambre ils étaient déjà bleus. Il y avait des pinces à cheveux, des broches et des épingles parsemés sur le sol, au plus grand plaisir de mon pied gauche. Tout ici m'étais étranger jusqu'à mon propre reflet, un reflet qui chantonnait je ne sais quel aire joyeux , un reflet portant une robe , rose par dessus le marché , elle était absorbée dans son bouclage de cheveux , les siens étaient parfaitement domptés , moi j'avais abandonné il y'a bien longtemps , je croyais cela impossible.
«Tu as faim?» , faim? Dans un rêve ? Hah, quelle question stupide! Ou tentative puérile de mon subconscient de me convaincre de la réalité du rêve. Mais comme je l'ai déjà dit mes escapades nocturnes aimaient me contredire et c'est pour cela que mon ventre se mit soudainement à gargouiller.
«Je te monte un plateau , ne sors pas d'ici» , elle n'avait aucun ordre à me donner , c'est exactement ce que je vais faire.
Dés qu'elle sortit je la suivis hors de la chambre.
«Aurore?»
«Bonjour Adam»
«Mais comment?»
«comment quoi?»
«comment ..je»
«accouches» ses bégaiement commençaient à m'agacer.
«T'es méchante, je .. , tu viens de descendre , et tu portais une robe, t'étais pas en pyjama»
«eh bien mon cher Adam j'ai changé d'avis , aller à l'école en pyjama serait merveilleux , n'es-tu pas du même avis»
«maman te laisse y aller comme ça?», et puis on fait un rêve comme ça qu'un fois.
«Oui» , il sautillait en place, il allait être déçu le pauvre, je m'éclipsais avant la catastrophe.
«Maaan , je peux aller à l'école avec mon pyjama Iron man?»
Je tendais l'oreille pour connaître la suite fracassante qu'engendreront mes actes , actes maléfiques je vous l'accorde.
«Bien sûr que non Adam , fais vite tu vas être en retard»
«mais tu laisses Aurore et moi c'est toujours non» pleurnicha-il , le Adam que je connais aurait plutôt crié , il se serait roulé par terre à la seconde où il aurait perçu le "non".
«Ta Soeur est en bas , habillée et prête à partir alors fais en autant ... un pyjama quelle idée »
«mais maman elle est dans la chambre je te jure , elle m'as dit que tu l'avais laissé y aller en pyjama» il était scandalisé et elle le prenait pour fou , c'était un philosophe.
J'entendais des pas s'approcher de la chambre , elle allait me voir et ce serait alors la confusion. Je me cachais , comme mon reflet hier, dans l'armoire , aussi vite et silencieusement que je le pouvais , c'était inconfortable , j'écrasais les vêtements de l'autre et les froissais en m'asseyant dessus , cette armoire-là n'était pas poussiéreuse et vide , elle vomirait bientôt tout son contenu parfumé au jasmin. Les voix dans la chambre étaient confuses , la porte de l'armoire fermée me faisait parvenir ces dernières comme des ondes cassées et déformées.
«Tu vois Adam, personne , maintenant files»
«Mais Maman...»
«il n'y a pas de mais qui tienne , je ne me répéterai pas deux fois».
Les pas et la fermeture sec de la porte m'indiquèrent le départ des étranges étrangers , qui m'étaient aussi peu familiers que cette armoire. J'expirais profondément , je n'avais pas remarqué que j'avais retenu mon souffle depuis tout ce temps , j'étais aussi confuse qu'auraient pu l'être ma mère et mon frère s'il m'avaient vu , enfin si c'étaient ma mère et mon frère car leurs traits physiques avant beau demeurer similaire à ce qui m'était familier , leurs traits moraux étaient tout autre que les leurs.
La porte s'entre bâilla puis s'ouvrît , je ne me cacherai plus qu'ils aillent au diable ce ne sont que des poussières de la nuit , cette mesquine.
«Je t'avais dit de ne pas sortir»
«et je t'avais dit de ne pas me donner d'ordres»
«tu ne l'as jamais dit»
«maintenant si»
«Adam parlait d'Iron man , qu'est-ce que t'as fait , tu voles?»
Franchement , la situation était
Ridiculement drôle , voler , même dans mes rêves les plus fous je n'avais jamais volé.
«Arrête de rire , ce n'est pas drôle , ma mère croit qu'il est fou»
«on l'est tous un peu»
«moi je suis sensée»
«on ne peut s'auto juger objectivement »
«mais on peut le savoir en se comparant à mademoiselle je sors me dévoiler au monde entier»
«Et pour quelle raison pourrais-je bien vouloir m'enfermer dans cette chambre hideuse?»
Elle recula un pas en arrière , poussée par des mots ou attirée vers l'arrière par sa propre émotion , je ne saurais dire , c'est qu'elle n'était pas moi.
«Ma chambre n'est pas hideuse» chuchota-Elle, «et puis je ne sais pas ce qui pourrait se passer si l'on nous voyait toutes les deux ensemble , au même moment au même endroit.
«On serait choqué et confus tout bonnement» répondis-je .
«Je ne crois pas mais on le saura bientôt».
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Âme sœur
General FictionAurore a 16 ans, c'est sa première année au lycée. La jeune fille est tout sauf un cliché . Colérique mais froide , studieuse mais pas lèche botte pour autant , forte mais subit les troubles procurés par les parasites de la nuit et qui , à...