Alors c'est une longue vignette, mais je ne voulais pas que ça soit dans un chapitre ou carrément un chapitre, car elle va avec les vignettes précédentes. Je m'excuse pour la longueur du coup.
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Hae Soo savait qu'elle détonnait dans le bar plutôt miteux où elle avait atterrie.
Les établissements longeant la route, hors de la ville, n'avaient jamais eu bonne réputation.
Au milieu de la clientèle majoritairement masculine et adulte, personne ne lui prêtait spécialement attention pourtant.
Personne à part l'homme assis à sa gauche, au comptoir.
Hae Soo faisait plus que son âge, ça avait toujours été le cas.
À douze ans déjà, on lui en donnait quinze et aujourd'hui, personne n'avait songé à lui demander sa carte d'identité avant de lui servir son verre.
Pourtant, elle portait encore l'uniforme de son prestigieux lycée, ce qui aurait normalement dû interpeller les gens.
Peut-être simplement qu'ils s'en foutaient ?
Son âge, son nom, ses problèmes, ça n'intéressait personne ici.
Au fond, elle ne détonnait pas autant qu'elle le pensait.
Aussi perdue et vide que les autres clients.
Accrochée à son verre, laissant l'alcool brûler sa gorge, noyer son estomac vide, espérant qu'il fasse de même avec ses démons.
Décidée à boire jusqu'à s'évanouir ou au moins, vomir ses idées noires.
Elle était là car elle n'avait pas d'autre endroit où être, pas mieux.
Personne qui l'attendait ou s'inquiétait.
Elle fuyait sa vie et se fuyait sans doute encore plus.
Serrant ses doigts autour de son verre, elle ricana légèrement.
Elle était surtout là car sa mère l'avait jetée dehors lors de sa dernière crise.
Il y a quelques heures à peine, quand elle était tombée sur son époux tentant d'abuser de sa fille et décidé que c'était la faute de cette dernière.
Hae Soo se demandait pourquoi sa génitrice l'avait à ce point torturée pour faire d'elle une parfaite poupée, un aimant à mâles, si c'était pour ensuite la détester pour ça.
Plus elle grandissait, plus sa mère la haïssait. Lui en voulant d'être jeune, alors que ses rides résistaient toujours plus aux soins, crème hors de prix et chirurgie esthétique.
Vieillir revenait à perdre sa seule arme, la seule chose qui avait toujours comptée.
Vieillir voulait dire ne plus attirer le regard des hommes, ne plus être la plus belle de toutes.
