La Mort --tome 2--

Coupable ou innocent ?

- Personne ne le voit et pourtant, la plus cruelle des choses peut avoir une pensée pour les autres, fis-je d'une voix sincère totalement nouvelle.

- Tu n'es pas la plus cruelle des choses, me répondit-il.

- Arrête je t'en prie, arrête de mentir pour faire joli.

- C'est la vérité, ce n'est plus toi pour l'instant, dit-il en souriant.

Je soupire. Il se redresse et s'éloigne vers la baie vitrée. Mais une question me taraude l'esprit et au moment de la poser, il me devança :

- ça fait quoi de perdre ses pouvoirs ?

Mes muscles se crispent, ma mâchoire se serre, et je baisse la tête. Je respire un coup, déstabilisée mais agacée à la fois.

- Qu'est-ce que ça fait à ton avis, de perdre ton identité, tes espoirs, tes sentiments, te sentir brisé et perdu, ne plus vouloir exister ?! Répondis-je d'un ton sec.

Il se retourne d'un coup, les bras croisés et les sourcils froncés. Je le fusille du regard mais baisse la tête en pensant qu'il devait voir mes yeux verts. Ces horribles yeux verts, les yeux que Raphaël a choisis. Si je pouvais m'arracher les yeux, je le ferais.

- Je suis désolé.

Mots de trop, je pars au quart de tour.

- Tout ce que tu trouves à dire c'est « je suis désolé » ? T'as pas trouvé mieux sérieux ? Au moins quelque chose de crédible ! Arrête de faire semblant, tu te fiche de moi ! Tu penses que le monde tourne autour de toi, mais regarde un peu ! C'est un Archange qui a pris ta place et qui veut gouverner tout le monde ! Redescend de ton nuage tout rose et regarde autour de toi ! C'est la guerre.

- Au moins tu n'as pas perdu ta répartie, fit-il dans un souffle, mais il y a une chose sur laquelle tu as tort (je fronce les sourcils à mon tour) depuis peu, je ne me fiche pas de toi.

Je n'ai pas eu le temps de lui répondre quoi que ce soit qu'il se rapproche de moi et me fixe du regard.

- Tu as une personnalité intéressante, tu m'intrigues, finit-il.

Je fronce encore une fois mes sourcils. J'entends soudainement des pas venant derrière nous.

- Une dernière chose : appelle-moi Aurélien.

- Un peu moderne le nom, pour un vieux millénaire.

- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, Joyce, fit-il en reculant.

Je souris à l'entende de mon faux nom, mais je me reprends assez vite en retrouvant Sam et les autres. Tous étaient là, vivants mais mal en point. Surtout Sam. Affalé dans un fauteuil roulant, son cou était protégé par une minerve et ses deux genoux étaient dans le plâtre.

- Que t'est-il arrivé ? Dis-je choquée.

- Il t'a sauvé la vie, tu ne te rappelles de rien ? Me répondis Aurélien alias Dieu.

Je fronce les sourcils. Tout ce dont je me souvenais était de m'être disputée avec Jake, de l'avoir grièvement blessé, d'un bruit énorme m'ayant vrillé les tympans et...

- On s'est fait attaquer.

- Explosion ? En déduis-je en me retournant vers Matt, un bras dans le plâtre.

- Exact, m'affirme-t-il en hochant la tête.

- Les Démons ? Demandais-je en me retournant vers Sam

- Non, impossible ils étaient trop loin pour tenter quoi que ce soit, me répondit-il d'une voix faible qui me brisa le frêle cœur que je possédais.

- Attendez... des Démons ? nous interrogea Dylan.

- Si je me souviens bien, juste avant l'explosion, nous avions vu un groupe de Démons voler vers nous, expliquais-je.

- C'est possible que ce soit eux, rétorqua Matt, nous ne savons plus à quel camp nous fier !

- Non, ils étaient beaucoup trop loin, contredis Sam

- Alors qui d'autre cela pourrait être ? S'emporta Matt.

- La bombe était déjà à l'intérieur, déclarais-je.

Oh, merde, me dis-je. Je venais de lâcher une bombe justement, entre nous tous, et elle menaçait d'éclater et de nous diviser les uns contre les autres. Putain, pourquoi je ne garde pas ces pensées pour moi ?

Tout de suite, tout le monde se tait et tous se regardent les uns et les autres. Je m'efforce à regarder le sol, sentant la tension monter jusqu'à ce que...

- Pourquoi vous me regardez tous ?! Crie presque Matt.

- Et voilà...murmurais-je.

- Tu étais resté à l'appart seul quand on était en reconnaissance, se justifie Jake.

- Ecoutez, si cela se trouve, et ce qui est probable, c'est que ça n'est l'œuvre d'aucun de nous, mais d'un ennemi qui a dû s'introduire, poser la bombe et nous diviser après tout ça, contredis Aurélien.

- « nous » ? Fis-je en haussant un sourcil, le dévisageant, on ne t'a jamais demandé de nous suivre.

- Quoi ? me demande-t-il en haussant un sourcil lui aussi.

- Tu ne te ferais pas un peu chier sur Terre toi ?

- Mais...

- A un tel point que tu essayerais de te divertir grâce à nous ? Demandais-je en le fusillant du regard.

- Mayra, tu ne penses tout de même pas que je...

- Oh mais biensûr que si je pense, je pense beaucoup même ! C'est assez étrange qu'à notre toute première rencontre, tu les as reconnus et puis ensuite boom ! Explosion. C'est vrai que c'est drôle de voir tes petites créatures en pâtir, se blesser, voire même se tuer non ? C'est même très divertissant, tu ne trouves pas ?

- Mayra ! Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas fait !

Je ne réponds rien, premièrement parce que je me sens coupable d'avoir lancé la bombe et deuxièmement parce que je suis à court d'argument.

- Je n'ai plus rien à dire, conclus-je en quittant le groupe.

- Putain, t'es sérieuse ?

- Qu'est-ce que t'as McCarter ? Un problème ?

- Tu te barres comme ça, je te signale que...

- Arrête, tu me fous la nausée.

Contre toute attente, il s'était tut, ayant peut-être peur de possibles représailles. Je m'éloignai vers la fenêtre du salon. Le temps était à l'orage et une fine pluie s'abattait contre la vitre. Bientôt ce fut de plus grosses gouttes qui s'y écrasaient. Je devais faire quelque chose. Je devais sauver les Mondes à ma façon. Certes, c'était un peu prétentieux dit comme ça mais il fallait que je décide pour une fois, les autres ne semblaient pas prêt à faire quoique ce soit à part se crier les uns sur les autres, et ça m'énervait de me coltiner la face d'un Dieu qui n'a jamais fait attention à quoi que ce soit.

- Je dois retrouver mes pouvoirs, lâchais-je.