Conseils

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PDV Jake McCarter

Couché sur le lit, ça faisait une demie-heure que je contemplais le plafond de la chambre où j'étais resté endormi. Mes muscles étaient encore un peu douloureux et j'avais du mal à rester plus d'une dizaine de minutes debout sans me tenir à quelque chose. La porte s'ouvrit lentement, et son grincement suivit du bruit des pas m'arrachaient à ma contemplation. Je me redresse en position assise sur le lit, et regardai une femme habillée en servante m'apporter un plateau rempli de nourriture pour le poser sur une petite table près du lit. Elle rapprocha une chaise de la table et daigna enfin me regarder.

- Son Altesse a pensé que vous auriez faim, déclara-t-elle d'une voix fluette, elle m'a aussi prévenue que vous étiez blessé, arriverez-vous à vous lever jusqu'ici ou dois-je apporter votre plateau sur le lit ?

- Je...Bégayais-je, laissez-le là, j'arriverais à me lever.

- Bien, je me retire, si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez appuyer sur la sonnette ici, finit-elle en montrant un petit bouton à côté de mon lit, je reste à votre disposition Monsieur, bon appétit.

- Je... euh... Merci...

Je l'observai tourner les talons et atteindre la porte avant de l'interpeller.

- Oui, Monsieur ? Me répondit-elle dans la seconde.

- Je voudrais voir Mayra, quand viendra-t-elle ?

- Je suis désolée mais son Altesse est occupée, elle doit remonter son armée et s'occuper du royaume. Dois-je lui faire passer un message ?

- S'il a un message je le transmettrai de moi-même, rétorqua une voix plus grave dans le dos de la domestique.

Hadès se tenait devant nous, l'épaule posée contre le chambranle de la porte, les bras croisés.

- Monseigneur ! Je m'excuse, je ne vous avais pas vu, je... Je me retire de suite !

Elle effectua une petite courbette avant de s'enfuir de la pièce presque en courant. Hadès me toisa longuement de ses yeux bleus métalliques avant de se déplacer silencieusement dans la pièce.

- Que me vaut votre visite ? Demandais-je

- J'ai averti Mayra quant-à votre réveil mais elle a été très vite occupée par ses devoirs de Souveraine pour venir vous voir dans la minute.

- Qui sont ?

- Dans l'immédiat, reconstruire le royaume ainsi que l'armée, et canaliser les transformations de vos collègues.

- Quoi ?

- Ne croyez pas que vous êtes le centre du monde McCarter et encore moins de faire partie de celui de Mayra, commença-t-il en s'avançant, vous ne faites pas partie de notre univers, je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi et dans quelles circonstances Mayra tient autant à vous. Mais elle a tout de même tenu à vous garder en vie. Ne faites pas de bêtises que vous pourriez regretter.

- Serait-ce des menaces ? Fis-je en serrant les poings.

- Je dirais des conseils, contredit-il en soupirant

C'est tout ce qu'il dit avant de partir et de me laisser seul avec mes songes.


PDV Mayra

- Vous cherchez l'âme d'un homme appelé Davies qui a tué sa femme et abandonné son fils à la rue ?

- Oui, vous n'allez tout de même pas me faire attendre ? Rétorquai-je.

Cela faisait trois quart d'heure que j'expliquais ma requête auprès d'un agent administratif occupé de lister toutes les âmes châtiées. Et cela faisait trois quart d'heure qu'il remuait sans cesse la même feuille ce qui me contrariait légèrement. Finalement, ayant réussi à m'agacer, je lui arrachai la liste des mains et il me regarda en tremblant pendant que j'observai attentivement la liste des hommes correspondants à ma requête.

- Mais il y en a des dizaines ! Exaspérais-je en roulant les yeux au ciel.

- Vous n'avez pas d'autres informations ? Demanda timidement l'agent en serrant sa petite cravate.

- Son fils s'appelait Mattew Davies, lâchais-je en lui rendant la liste.

Il relit attentivement une énième fois la même liste avant de s'extasier tout seul :

- Ça y est ! Il s'appelle Marcus Davies, mort à 39 ans d'une overdose d'héroïne. Il a tué sa conjointe et son fils est mort dans une fusillade qu'il a causé, est-ce lui que vous recherchez ?

- Exactement, fis-je en plissant le regard, numéro de cellule ?

- Allée D, bâtiment 6, étage 21, numéro de porte 216.

- Merci.

Je sortis du bâtiment d'entrée des plaines du châtiment et me dirigeai vers les allées du quartier des punitions à durée indéterminées ou longues. Je me baladais en cherchant l'allée D pendant que je contemplais les hautes prisons d'illusions, chargées de vous culpabiliser durant votre punition, ou tout simplement vous rendre fou. J'espère pour moi que l'âme de Marcus est en assez bon état pour qu'il se maintienne correctement et si possible reconnaître son fils. Bon cette dernière partie n'est pas gagnée puisque Matt a légèrement changé depuis ses dix ans, je suppose.

Mes jambes s'arrêtèrent à l'allée D et, ayant assez de marcher, je décidais de déployer mes ailes et de voler jusqu'au bâtiment 6. Ceci fait, je grimpai rapidement les étages avant d'arriver devant la porte 216. Sans frapper, j'ouvris et me retrouvai dans une sorte de pièce sombre. Je remarquai vite Marcus assis sur un semblant de canapé, lorgnant sur une seringue posée sur une table basse. C'était un homme avec des cheveux grisonnants et un regard éteint. Il avait des cernes noires et semblait être assez gras. L'alcool et la drogue n'étaient pas un bon régime. Il n'y avait rien d'autre que lui, le canapé et la seringue sur la table basse. Je voyais qu'il luttait pour ne pas la toucher. Pour le faire réagir, j'attrapai la seringue et la tournai entre mes mains.

- Ça doit être dur d'être en manque, hein ? Raillais-je.

- T'es encore une de ces illusions ? Cracha-t-il.

- Non, je suis bien réelle, mon cher Marcus, fis-je en faisant disparaître la seringue de mes mains.

- Comment connaissez-vous mon nom ? Qui êtes -vous ?

- Ici c'est moi qui pose les questions Marcus, rétorquais-je d'un calme glaçant.(je le vis se renfrogner mais il ne réagit pas plus que ça) Dites-moi, ça fait quoi d'avoir tué sa conjointe ?

Je le provoquais ouvertement. Mais il ne répondait rien, ne faisant que serrer la mâchoire. Une seringue apparu sur la table, visiblement remplie d'une substance illicite. Il se pencha pour l'observer de plus près.

- Et d'avoir tué son fils ?

Directement, il reposa son regard sur moi. Son visage était fermé et peut-être en colère.

- Je n'ai pas tué ce rejeton, lâcha-t-il avec dédain.

- Dans une rixe que vous avez vous-même créée, ça revient au même pour lui.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?

- Si je vous dis que j'ai la possibilité de convenir d'une brève entrevue avec lui, fis-je déterminée, vous pourriez mettre tout ça au clair ?

- Face à Mattew ?

Pour toute réponse, je souris. Son âme était encore en bon état pour pouvoir avoir une conversation convenable. Matt sera furieux et je m'en réjouissais d'avance.

- Exactement, conclus-je en souriant.


La Mort   --tome 2--Où les histoires vivent. Découvrez maintenant