Retour inattendu

763 72 3
                                    

A l'intérieur, la première chose qui me frappa fut le petit jardin au centre du salon, où des palmiers touchaient le plafond et où certaines plantes aromatiques poussaient entre deux fleurs de milles et une couleur. Dans le salon, le sol était en marbre ce qui rafraîchissait légèrement la pièce, et la peinture verte des murs s'écaillait par endroit. Le mobilier était relativement récent et de différentes couleurs rappelant les façades colorées des ruelles, il y avait beaucoup de babioles par ci par là, sur les étagères. Les volets étaient ouverts à moitié, de façon à laisser entrer un peu de lumière mais pas de chaleur.

Elle me montra ensuite ma chambre, une vaste pièce remplie de vieux mobiliers, le lit était assez confortable. Une grande commode apparentée à un énorme miroir, se tenait à sa droite à côté d'une grande fenêtre. Il y avait aussi un bureau et une vieille chaise en rotin et quelques bibelots qui traînaient. Mon bagage en main, je vidai mes affaires dans la commode. De toute façon, nous allions en avoir pour longtemps avant de trouver quelqu'un qui pourrait nous emmener aux Bermudes sans rechigner. Sam avait aussi sa chambre à lui et Marguerita m'y emmena pour que je puisse y ranger ses affaires, enfin à les déposer (je ne suis pas sa mère tout de même).

Quelques minutes plus tard, après avoir fini, je voulu m'affairer à la valise armée, mais je décidai de la laisser comme ça. Sam saura quoi en faire.

Finalement je rejoignis Marguerita qui préparait le dîner du soir dans la cuisine. Le jour encore bien présent dehors ainsi que le décalage horaire, me déréglaient mon horloge interne et je fus surprise de me rendre compte de l'heure présente.

Après un dîner rythmé par les nombreux racontars de Ricardo auxquels je ne comprenais qu'un mot sur dix (non je n'exagère pas), nous nous sommes couchés à la nuit tombée. Enfin, tous sauf Sam puisqu'il entra dans ma chambre silencieusement. J'étais penchée à ma fenêtre, appréciant la douceur de l'extérieur et le calme écho des vagues arrivant sur le rivage. Le vieux parquet craquait sous ses pieds et je me tournai vers lui.

- Tu ne m'as jamais parlé d'eux, déclarais-je, en reposant mon regard sur l'eau calme.

- Je ne savais pas comment t'allais réagir, je croyais que t'allais t'énerver, et me dire que jamais je n'aurais dû faire copain-copain avec tes jouets et que ma sensibilité allait ressortir pour que finalement je ne sois plus capable de les buter pour toi.

- Mes jouets ? MES jouets ? fis-je en me retournant brusquement vers lui, depuis quand les humains sont MES jouets ?! Je n'ai jamais choisi ce que je suis devenue ! Et tu me vois comme un monstre juste parce que je fais mon travail ?! Mais dis-moi, c'est lequel le tiens ? Tu es quoi ? Dis-moi ! DIS-MOI !

Soudain, un vieux journal qui était posé sur le bureau à côté de moi prit feu. Les yeux écarquillés, je me contentais de regarder le papier en proie aux flammes tandis que Sam s'efforçait à éteindre le feu avec une vieille couverture. Enfin éteint, il ne restait plus rien du journal, et le bureau avait noirci. Ricardo et Marguerita débarquèrent à ce moment-là, se demandant sûrement à quoi était dû le raffut. Margarita s'affola lorsqu'elle senti le brûlé mais Sam la rassura en lui disant que le feu était éteint. Il a prétexté qu'une bougie allumée était tombée et avait embrasé le papier. Il conseilla aux autres d'aller dans leur chambre et qu'il voulait me parler.

J'étais perdue. Complètement. J'étais sûre d'avoir perdu la totalité de mes pouvoirs, mais pourtant ce feu, il n'est pas apparu comme ça ! Ou peut-être que si justement.

- Peut-être que puisqu'on est relativement proche des Bermudes, ton pouvoir t'appelle ? Peut-être qu'il en restait un peu, mais ils ne se sont pas activés parce que tu n'étais pas en Enfer ?

- Alors j'ai une chance de les récupérer totalement.

- Il est grand temps de retourner là d'où on vient Mayra.

***

Le lendemain.

- T'es sûr de toi ? demandais-je à Sam.

On s'était mis d'accord pour louer ou acheter un bateau afin de rejoindre les Bermudes. Nous étions alors sur le port à chercher lequel de tous ces pêcheurs ou marins souhaiterai par le plus grand des hasards, de nous louer leur bateau ou de nous le vendre. Mais aucun n'était d'en l'optique de toute affaire. Sauf que là, nous nous tenions devant un stand de location de bateau en tout genre, allant du Yacht de luxe au pédalo et Sam avait l'air bien décidé à y négocier quelque chose. Il m'affirma d'un hochement de tête qu'il était confiant. Il se dirigea vers une grande maison, décorée d'un immense écriteau « Accueil pour location de bateaux » écrit en différentes langues, qui gardait et faisait office d'accueil pour la location des bateaux. N'étant pas assez douée pour comprendre un seul mot de leur discussion, je décidai donc de m'éloigner pour observer la petite dizaine de bateaux amarrés au même pont. Certains allaient partir tandis que d'autres revenaient et leurs utilisateurs s'efforçaient à accrocher leur corde afin de les amarrer correctement. Puis je me tournai vers Sam pour voir où il en était, et je le vis revenir vers moi.

- Alors ? fis-je impatiente.

- J'ai loué un yacht cet après-midi, me répondit-il en tenant un coupon de location dans sa main.

- Tu es conscient que si nous ne revenons pas ce soir et c'est ce qu'il va se passer, ils vont envoyer les autorités nous chercher ?

- Ils ne nous retrouveront pas.

- Qu'allons-nous faire ? Il n'est que 10h du matin ?

La Mort   --tome 2--Où les histoires vivent. Découvrez maintenant