De retour

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En une demie seconde, je m'étais retrouvée en Enfer. Fini les cocotiers et les flamboyants rayons du soleil, mais bonjour le silence de mort et l'infini couleur rouge qui peignait les parois de ce qui me semble être une grotte. Je me retourne, m'attendant à m'apercevoir Shan et l'Entre-Monde mais il n'y a que de la pierre rouge. J'effleure les pierres, comme si elles pouvaient m'aspirer mais non. Il n'y a sous ma paume, qu'une surface rugueuse et totalement solide. Bon, au moins je sais que je ne peux pas faire de retour en arrière. 

Un peu angoissée, tourne les talons en soupirant et suis le chemin poussiéreux le long de la grotte. Je me demande où je suis, car je n'ai jamais visité cette partie de mon Royaume, ou bien je ne m'en souviens pas. Il n'y a autour de moi que des stalagmites très pointues qui font office de paysage. Je m'aventure à pas lents car je ne vois pas le bout du tunnel. Il n'y a pas de lumière, enfin je n'appelle pas ce qui m'éclaire le chemin de lumière, car c'est assez déstabilisant. C'est comme si je ne voyais que d'une seule couleur, le rouge en l'occurrence. Soudain, en marchant, je me prends le pieds dans un rocher et m'étale tout du long sur le sol. Je mange littéralement la poussière. 

- Oh putain ! Jurais-je en me redressant.

En époussetant mes habits devenus rouge, j'entendis un écho de bruit au loin. Rapidement, je me cache derrière un gros rocher en retenant ma respiration. S'il y a bien un truc que j'ai toujours su, c'est que la discrétion est la clé de la survie. Je serais bien restée debout avec mes pouvoirs et j'aurais sans doute, aucun mal à affronter le danger. Sauf que là, ma survie est de prime, je peux me faire tuer d'un claquement de doigts. Même si je sens que mes pouvoirs m'appellent, je ne peux rien faire devant d'éventuels agresseurs à part fuir. Sauf que je ne fuirais pas longtemps face à des démons qui sont des pros pour chasser leur proie. J'entendis des éclats de voix au loin. 

- Comment peux-tu être sûr qu'elle soit vivante ! Cet enfoiré de Lucifer nous a assuré qu'elle était morte et que l'on avait plus aucune cause à défendre ! 

- Comment oses-tu croire un seul mot de ce que ce traître a dit ? Tonna une voix grave, même si Mayra est morte, je ne tolérai jamais que l'on ne défende pas sa cause parce qu'elle est morte. Elle n'aurait pas voulu que l'on baisse les bras.

Je fronce les sourcils, reprenant une faible respiration silencieuse. Je suis officiellement morte, d'après eux, mais ils n'ont pas l'air de beaucoup y croire. J'ai envie de me lever et de m'écrier que je suis viavante mais je dois bien m'assurer qu'ils soient de mon côté. Les démons sont vicieux, ils peuvent vous faire croire tout ce qu'ils veulent, et dans mon cas, étant donnée ma nature d'humaine, je suis susceptible de tomber dans leur filet. Sauf qu'au contraire des humains lambdas, je sais comment ils s'y prennent. La poussière m'irrite les voies respiratoires mais je m'efforce à faire le moins de bruit possible. J'entends que les bruits de pas se rapprochent. Soudain, ils s'arrêtent. Je n'entends plus aucun bruit, alors je retiens ma respiration. 

- Il y a quelqu'un, entendis-je le premier dire.

Mes mains tremblent et épaules se crispent. Je n'ai presque plus d'air, mais je dois encore tenir un peu. Ma gorge me pique. J'entendis les pas se rapprocher encore un peu.

- Elle est là, déclara la voix grave, elle est passée par le portail. 

- Par...Elle est...

Soudain, une main entre dans mon champ de vision. Une main gantée de cuir et tendue vers moi comme pour m'aider à me relever. Anxieuse, je dérive mon regard de la main pour le poser sur le visage de mon probable agresseur. Mais les iris bleutés que je croisent ne me sont pas inconnus.

- Hadès...Articulais-je d'une voix rauque.

- Mayra, déclara-t-il de sa voix grave, je suis heureux de te revoir parmis nous.

Cependant, ayant acquis l'expérience d'avoir accordé ma confiance trop tôt, je me relève sans accepter sa mains tendue, et me recule de quelques pas, le regard méfiant. Je dévisage le deuxième homme. Un général de l'armée d'Hadès, que je reconnais à sa plaque encore accrochée à l'armure aux couleurs de l'écusson de son Chef.

- Nous ne sommes pas vos ennemis, Mayra, déclara le général d'une voix calme. 

- Je ne sais plus trop en ce moment, raillais-je, tu vois, deux types en qui j'avais une confiance aveugle m'ont menée à ma perte. L'un a prit mes pouvoirs et mon trône et l'autre a faillit me tuer, donc je ne sais plus trop quoi faire.

- Je comprends tes soupçons, Mayra, tenta de me rassurer Hadès, mais je t'assure que je suis de ton côté, Shan m'a averti que tu passerais le portail. 

- Tu connais Shan ? Demandais-je

- Oui, enfin...Disons qu'il s'est immiscé dans ma tête sans mon consentement il n'y a pas très longtemps.

Je hausse les sourcils. Je reste campée sur mes positions, même si une part de moi-même vacille pour le croire. Je serre les mâchoires en reprenant un visage crispé et méfiant.

- Mayra, tu ne réussira pas toute seule, déclare Hadès, mais nous sommes là pour t'aider ! S'il-te-plaît fais-moi confiance...

Je suis partagée. Une petite partie de moi commence à vaciller mais la majorité reste sceptique et méfiante. Je plisse les yeux, le regardant de la tête aux pieds. 

- Je veux savoir où sont Jake McCarter et les deux Angelots.

Je vois Hadès se renfrogner et son colonel reculer de quelques pas, la tête baissée. Je croise les bras, attendant la réponse. 

- Emprisonnés par Lucifer lui-même. Il prévoie de les jeter dans le Tartare.

J'écarquille les yeux. Pas le Tartare. Il n'y a que les traîtres voire même ceux dont Dieu punit qui y sont envoyés. Jay n'y survivra pas à cause de son humanité. Tandis que les deux Anges auront du mal à survivre mais arriveront à s'en sortir en pas trop de morceaux.

- Il faut les sauver, dis-je d'une voix calme mais autoritaire.

Je vis Hadès se raidir et son visage changea d'expression. Il semblait plus nerveux.

- Et comment vas-tu t'y prendre toute seule ? 

- Vous serez avec moi, conclus-je presque en m'écorchant les cordes vocales, mais un seul pas de travers et lorsque j'aurais retrouvé mes pouvoirs, je vous jetterai dans le Tartare sans aucun espoir de retour, est-ce que c'est clair ?

Le colonel se met directement à genoux, la tête toujours tournée vers le sol. Hadès acquiesce de la tête et courbe un peu l'échine. Je le toise de mon regard que je veux le plus terrifiant, et il finit par baisser la tête en grognant. Finalement, les avoir à mes côtés ne peut que m'être bénéfique, suite à l'idée que je venais d'avoir.

- Tu me demandais comment est-ce que j'allais m'y prendre, Déclarais-je en me tournant vers le Dieu grec, c'est bien simple, on va utiliser une vieille ruse (je vois son regard briller de curiosité) J'espère que tu te rappelle du Cheval de Troie ? 


La Mort   --tome 2--Où les histoires vivent. Découvrez maintenant