Chapitre 4: On ne parle pas des "mal-morts"...

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L'église est vide. Giorgio s'avance et voit des tables d'écoliers prêtes pour la classe, puis, au dessus de l'autel un Christ qui semble fait à la main. La tête, très inclinée rappelle celle de Madame Degrâce qui, la veille était marquée au cou. Giorgio va prendre un cierge parmis ceux disposés sur le côté, monte sur un chaise et s'approche de la gorge du Christ comme il s'était approché de celle de Madame Degrâce.

-Arrêtez!

C'est l'abbée Glaise, la soixantaine et une jambe en bois, qui avance lentement vers Giorgio.

-Chaque cierge présent protège un enfant ou un mari parti à la guerre. Les familles viennent souvent disposer ces bougies pour que Dieu veille sur eux.

Giorgio commence alors à l'interroger sur la disparition des enfants.

-Mon père, je peux vous poser une question?

-Ma foi, si je peux y répondre.

-Qu'est-il arrivé aux enfants?

L'abbée stopa un cours instant ce qu'il entreprend, regarde Giorgio puis reprend.

-Ceux de l'orphelinat Degrâce? Alors c'est pour ça que vous êtes là. Ici personne ne sait rien, personne n'y est pour rien. Voyez ça avec l'hôpital de Sainte Lucie, l'orphelinat dépender de chez eux, ils ont tous les dossiers.

-Mais vous connaissiez les enfants...

-Non! Enfin à peine. Ils étaient apart. On ne devrait pas parler des morts...surtout quand ils sont mal mort!

Giorgio qui n'avait pas eu les réponses qu'il espérer regarda désespérément l'abbée Glaise.

-Ne me regardez pas comme ça! Que voulez-vous que je vous dise! On ne l'ai voyez pas. Madame Degrâce se chargeait de leur éducation, le docteur de leur santé. Et la petite Catherine les emmenait en promenade et puis un jour elle est rentrée seule. Voila, personne n'en sait davantage.

-Douze enfants ne se noya pas en même temps.

-Je sais.

-Je n'y crois pas!

-Oui, c'est curieux qu'aucun d'eux n'est pu remonter sur la berge, mais il faisait un froid de loup et puis vous savez ces enfants étaient bizarres. Ils avaient peur de tout et de tout le monde.

-J'ai entendu parler de piqûres.

-Oui, le docteur leur aurait fait un vaccin.

-L'on m'a dit qu'il serait à Sainte Lucie. Pourquoi ne rentre t-il pas?

-Pauvre homme, il n'aura jamais revue sa femme. Il ne saura peut-être jamais qu'elle est morte. Pauvre femme.

-Il est gravement malade?

-Oh que oui! Quand ce drame les a frappé, Madame Degrâce a sombré dans la mélancolie, la petite est devenu étrange et le docteur a complètement perdu la tête. Pas étonnant, c'est lui qui a plongé dans l'eau glacée quand les corps sont remonter à la surface trois jours plus tard. C'était affreux, affreux! Les enfants, leur petit corps gonflés, leur yeux exorbités, leur visage tout griffés. A croire qu'ils avaient vu le démon! Mais...Qu'est-ce que je raconte? Partez! Vous me faites dire des bêtises!

Leur conversation est interrompue par la venue d'une petite fille mystérieuse surnommée "poulette". Elle apporte le courrier des villageoise à l'abbée qui l'envoie aux soldats. Sa récompense est toujours la même "la jambe". Poulette saute deux fois par dessus la jambe de bois de l'abbée pour la remercier d'avoir apporter le courrier. Après son départ, Giorgio demande où sont enterrés les enfants. L'abbée Glaise l'emmène dans le cimetière qui jouxte l'église. Ils sont au fond, leur douzes croix de bois se détachent de l'immense étendue enneigée qui va jusqu'à la lisière de la forêt. Giorgio, seul, se recueille longtemps. Il en fera de même vers les marais où il brisera la glace qui a cédé sous les pieds des orphelins.

GiorginoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant