The Eyes Of The Viper

Chapitre 19

Média: Shirley.

Je coupai le moteur en observant attentivement les lieux.

Shirley — qui restait la seule connaissance que j'avais du concours — avait réussi à dénicher mon numéro je ne sais comment et m'avait envoyé un message;

« Coucou Elle, c'est Shirley. Je voulais que tu viennes au Cherry's Diner à 20h pour qu'on parle de la troisième épreuve qui a lieu dans une semaine. (Je t'invite!) »

Je n'avais pas le temps de me reposer après la seconde épreuve que mon esprit allait déjà se plonger dans la troisième... C'était presque plus épuisant psychologiquement que physiquement!

J'étais en train de me rendre compte de l'aspect psychologique qu'avait le concours. Les épreuves étaient espacées de seulement une semaine; ils ne voulaient pas nous laisser de répit. Lorsque vous en passiez une, il fallait déjà se préparer pour la suivante. Et c'était un cercle vicieux qui ne se terminait que lorsque vous échouez, ou lorsque vous réussissez la dernière épreuve et deveniez à votre tour une vipère.

Franchement, je jurais de donner le meilleur de moi-même. Parce que je n'allais pas faire tout ça pour perdre. Parce que personne ne prendrait la place de ma soeur et qu'elle devrait participer au prochain concours. Et parce que je craignais les représailles concernant l'offense du traité. Il n'y avait aucun moyen pour que je réussisse toutes les épreuves et échoue à la dernière. Je serai dans les cinq gagnantes, je m'en donnerai les moyens.

Voilà comment je me retrouvais devant un petit café à la décoration rétro; les planches en bois étaient peintes en rouge cerise faisant référence au nom du diner inscrit sur une grande pancarte. Des éclairages néons carminés et mauves venaient éclairaient la clairière déserte où trônaient des bécanes.

Une nouvelle fois, j'avais l'impression de me retrouver dans une toute autre génération...

Ce n'était pas sur leur territoire qu'il manquait de bars ou de cafés.

Je soufflais un bon coup et sortis de ma Range Rover. Je tirai sur mon short qui avait remonté et passai devant deux hommes qui fumaient sur le palier — ressentant les courbatures qui pointaient le bout de leur nez. Ils ne m'avaient pas accordés un seul regard mais on ne pouvait pas en dire de même pour ma voiture.

Elle faisait toujours son effet.

Lorsque je pénétrai dans le café, je laissai mes yeux parcourir la décoration d'intérieur. Des carreaux noirs et blancs faisaient office de carrelage, les fauteuils, les sièges en hauteur ainsi que les murs étaient rouges sans oublier les affiches de vieux films qui venaient agrémenter ce côté vintage.

J'avais l'impression de m'être retrouver dans le décor de la scène du Diner dans Grease. Mais j'hésitais à savoir si c'était le rôle de Sandy la jolie petite prude ou Betty la rebelle et la leader du gang des Pink Lady qui me collait le plus à la peau...

Sans oublier que mes narines n'étaient pas cette fois-ci agressées par un mélange d'odeur de cigarette et d'alcool. Non, bien au contraire; j'eus droit à des effluves exquises.

Si cet endroit ne se trouvait pas sur le territoire des bikers, je jurais que j'aurais passé mon été ici. Mais j'imaginais que si je parvenais à remporter le concours j'aurais une année pour me rattraper.

Je sortis de mon admiration et aperçus Shirley, me faire de grands signes de mains pour que je la rejoigne. Elle était installée sur un fauteuil rouge derrière une petite table où trônait déjà un géant milkshake. Je lui rendis son sourire et m'installai sur le fauteuil en face d'elle.