Chapitre 15

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Je ne pouvais m'empêcher de le fixer sans jamais détourner le regard. Le lorgner comme une boîte de chocolat qu'on hésiterait à ouvrir pour la dévorer, ou l'éloigner de notre portée afin d'éviter toute tentation.

Et pourtant, j'en avais vu des beaux garçons. Des jeunes hommes aux looks surfer et aux sourires ravageurs. Ou d'autres aux cheveux soyeux et à l'apparence toujours soignée...

Mais jamais un homme comme Deven. J'avais l'impression de redécouvrir la beauté à chaque fois que je posais mon regard sur lui.

Et on ne pouvait même pas le qualifier de beau. Enfin, ce n'était pas l'adjectif qui le représentait le mieux.

Il avait ce charisme bourru, presque ravageur qui vous envoûtait dès l'instant où vous osiez le dévisager. Sans oublier son regard à vous en retourner l'esprit.

Danger. Tentation. Passé douloureux.

Je regrettais désormais de l'avoir suivi. Parce que dire que je n'avais pas eu le choix serait un demi-mensonge. J'aurais pu me débattre d'avantage ou ne pas monter dans sa voiture. J'aurais pu lui mettre un coup de pied bien placé ou demander de l'aide à mes amies. Mais je ne l'avais pas fait. Démangée par une curiosité malsaine.

Il était vrai que j'étais faible face à cet homme. C'était un ancien détenu, quelqu'un qui avait écoper d'une peine de deux années de prison. Quelqu'un de certainement pourri jusqu'à la moelle. Mais aussi quelqu'un — que la partie naïve de mon esprit — ne pouvait s'empêcher de croire un tant soit peu bon, mais simplement meurtri. Comme si c'était des épreuves de la vie qui l'avait poussé à se comporter ainsi; à être devenu un délinquant.

J'étais idiote. Je devrais me persuader qu'il était néfaste pour quiconque et qu'aucune part de bonté abritait son cœur. Je devrais faire comme la plupart des filles de Bacliff en le voyant: prendre mes jambes à mon cou. Mais c'était plus fort que moi. Et je n'aimais pas ce sentiment d'impuissance que j'éprouvais à ses côtés. Qui me poussait à me convaincre du contraire.

J'avais envie de détruire tout le mystère qui planait autour de lui.

Une belle énigme suborneuse.

Pff, quel plaie, oui!

Le contact du coton imbibé d'alcool me sortit de ma transe une fois de plus. J'ignorais cela faisait combien de temps qu'il avait commencé, mais je souffrais le martyre. J'avais l'impression de revivre la même scène que la dernière fois. Les seules discordances restaient que nous n'étions pas dans une caravane sur un canapé mais bien dans une chambre et sur un lit.

Deven attrapa le tube de salin à sa portée et refit un bandage autour de mon mollet.
Je me rappelais encore de l'excuse que j'avais donnée à mes parents. Quand ma mère m'avait vu débarquer avec la jambe dans cet état, elle était à deux doigts de contacter tous les meilleurs médecins de la ville. Heureusement que j'avais prétexter être tomber dans l'allée de cailloux d'Amber. Je lui avais même fait croire que sa mère, étant médecin, s'était occupée de mon cas. Si elle savait la vilaine vérité; à savoir que c'était en fait un biker de la ville voisine, elle aurait probablement fait une crise cardiaque.

—  Je te conseille de garder le bandage en bon état plus longtemps, cette fois-ci.

La voix rauque et suave de mon biker vint se répercuter jusqu'au long de mon échine. Comment un simple timbre pouvait m'attirer autant?

Puis ses propos s'assimilèrent dans mon esprit et ma fascination s'envola aussitôt. L'envie de lui répondre par une réponse cinglante —disant que c'était plutôt ironique de me balancer ça à la tronche alors que c'était à cause de leur épreuve de mes deux — me démangeait la gorge. Mais je retenus ma langue, pour une fois.

The Eyes Of The Viper   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant