The Eyes Of The Viper

Chapitre 21

Média: Elle

Passer les portes de la maison fut bien plus compliqué que ce que je pensais. Depuis le commencement du concours, j'avais pour habitude de prétexter m'envoler dans une soirée de Bacliff, loin de la réalité rocambolesque de San Leon ouest.

Et malgré les suspicions de ma mère quant à mes sorties encore plus régulières que les années précédentes, elle était loin de s'imaginer ce qui se tramait réellement derrière son dos. Bien évidemment que si elle était au courant, nous aurions déjà déménagé à l'autre bout des États-Unis.

Mais ce soir fut bien plus complexe. À cause du thème imposé, je devais m'habiller comme une hispanique. Au départ, j'avais voulu n'opter que pour un simple petit haut à pois et un pantalon noir qui me donnait en réalité plus un air espagnole que latina. Mais la manière dont Deven m'avait provoqué  m'avait donné envie d'oser, de me prendre bien plus au jeu que ce à quoi tout le monde s'attendait. Le surprendre.

Aussi vite que j'avais pu, j'avais contacté Ester, avec qui les tensions s'étaient apaisées pour lui demander non seulement de m'accompagner à la soirée mais également de me dénicher une robe parfaite pour le thème. En effet, Ester faisait énormément de théâtre et elle adorait jouer des rôles les plus friands aux plus cocasses; il était impossible qu'elle n'avait pas dans son armoire, un costume de « latina fougueuse ».

Elle avait trouvé ce qu'il me fallait mais elle n'avait pas daigner ne serait-ce que de m'envoyer en photo la robe ou de simplement me la décrire. Elle était sûre de son choix et pour ce qui en était de la taille et bien nous avions la même morphologie. Ainsi, je lui avais donné ma confiance tout entière, les yeux fermés. Je redoutais tout de même qu'elle m'ait sorti quelque chose de peut être un peu trop audacieux. Et si c'était le cas, alors tant mieux car si la plupart prenait le thème à coeur seulement vestimentairement parlant, moi je le prenais tout entier; du physique au comportement. J'avais hâte de narguer Deven, lui qui s'attendait sûrement à ce que je ne respecte pas le code et que je débarque avec mes artifices habituels. Non, j'allais lui montrer que je savais sortir de ma zone de comfort et m'adapter parfaitement à mon personnage.

Alors si je ne comptais enfiler ma tenue que dans la voiture d'Ester, vous vous demandez qu'est-ce qu'il faisait que de sortir de chez moi plus compliqué que d'habitude? Et bien tout simplement le maquillage.

J'avais longuement hésité; eye-liner ou rouge à lèvre rouge? Que ce soit l'un ou l'autre, ma mère en avait horreur! Elle trouvait ça vulgaire et particulièrement aguicheur. Car si elle appréciait dessiner des traits de crayons légers pour agrandir son regard, une virgule au feutre noir était trop marqué, trop brut, trop grossier selon elle.

Mais ils restaient des atouts typiques d'un maquillage d'une latina. Aussi cliché que cela pouvait-il paraître, je pouvais vous affirmer après avoir côtoyé les vipères qu'ils s'avéraient tout bonnement vrais. J'avais décidé de mettre le rouge à lèvre rouge pour donner un peu de couleur dans ma robe qui s'annonçait noire.

Lorsqu'elle m'avait vu avec la bouche carmin, elle n'avait pas pu s'empêcher de me faire une remarque:

— Mon dieu, va nous retirer ce rouge à lèvre beaucoup trop voyant, et applique ton gloss habituel!

Je n'avais pas daigné lui répondre et avait préféré me munir de mes clés.

— Elle! m'avait-elle interpellée de manière offusquée. Tu m'entends? Tu ne comptes tout de même pas sortir comme ça?!

Je me retournais vers elle pour lui faire face et enclenchai la poignée de la porte d'entrée.

—  La couleur est assortie avec mon haut. Tu n'aimes pas? Demandais-je d'un air faussement innocent.