Un mois plus tard
― Comprenez-vous l’importance de prendre soin d’un voyageur, maintenant? Edward sourit et ferma son bouquin.
― Ouais, je comprends mieux maintenant pourquoi tu étais aussi désespéré. En fait, tu avais seulement mal, hein?
― Exact! Il rit et donna une tape sur l’épaule de son ami. Je ne sais même plus pourquoi je criais ces drôles de phrases à tout bout de champ.
Lisbeth le regardait d’un air suspicieux. Elle doutait un peu de l’honnêteté d’Eddie, mais ne voulait pas intervenir.
― Un mois, déjà..., elle le fixait toujours. Tu ne te souviens plus de rien?
Quelqu’un sonna à la porte, et Eddie fit semblant de ne pas avoir entendu Lisbeth. Joshua alla ouvrir, et un silence assez pesant couvrit l’entrée, ainsi que le reste de la maison.
Elle continua à parler avec Edward, mais changea de sujet. Elle avait remarqué qu’il ne désirait plus aborder celui de son voyage à travers le temps.
― Tu sais, pendant que tu n’étais pas là, ils ont fait une découverte incroyable au labo!
Eddie la regardait, visiblement ennuyé.
― Une découverte incroyable? Il soupira. Tu sais, tellement leurs «découvertes» sont fréquentes, ça ne m’intéresse plus vraiment. Ça a toujours un rapport quelconque avec le clonage de tel ou tel animal étrange...
― Non, cette fois, ça n’a rien à voir avec la reproduction asexuée de bestioles, lui dit-elle. Imagine-toi donc que l’équipe de Sabine a prouvé que...Oh, et puis non. Je suis sûre que ça ne va pas t’intéresser..., Edward roula les yeux et sourit.
― Ne me fais pas languir. Allez!
― Nous ne sommes pas les seuls à pouv..., Lisbeth fut interrompue par un cri venant de la porte d’entrée, puis un coup de feu bruyant.
― EH! Qu’est-ce qui se passe?! Edward, apeuré, s’accrocha à sa cousine.
― Oh, non, pas déjà..., un air effrayé couvrait le visage de la jeune femme.
Un autre coup de feu se fit entendre, puis une éclaboussure, qui faisait clairement penser au bruit du sang qui s’étale sur le plancher.
Je ne pensais pas que l’équipe de nettoyage arriverait seulement à la fin du premier mois. Si ça avait été le cas, j’aurais mis Edward en sécurité dès le début! Des bruits de pas lourds résonnaient jusque dans la chambre d’amis où nous étions cachés tous les deux. Je lui fis signe de ramasser tout ce qui traînait sur le lit, pour leurrer les tueurs à gages qui étaient présentement dans la maison. Dans notre maison. Ed fit ce que je lui dis, et pris même la peine de rapidement refaire le lit. Je me penchai sous la commode et pris la télécommande qui était soigneusement cachée et collée entre deux plaquette de bois. Elle me permettait d’enclencher la douche à distance, encore une fois pour jouer un mauvais tour à nos invités. Mais ce n’était pas le moment de blaguer : ils étaient là pour nous faire la peau, pas pour partager notre dîner.
Encore une fois, dû à sa respiration trop bruyante, je dus faire taire Edward en lui mettant ma main sur sa bouche.
― Il ne va absolument rien nous arriver, d’accord? Je chuchotai si bas que je doutai presque qu’il pouvait m’entendre. Il faut seulement que tu fasses exactement les mêmes choses que moi, compris? Il hocha la tête, plus muet qu’une roche.
Je lui fis signe de me suivre, et nous entrâmes dans le garde robe. Il avait un double fond, très soigneusement camouflé, dans lequel nous avons pénétré sans faire le moindre bruit. Un conduit d’aération en pente allait vers le haut. Nous avons rampé pendant une minute jusqu’à arriver sur une petite plateforme en fer noir, sur laquelle traînaient des dizaines de touffes de poussière grise. Deux boutons indiquaient une flèche vers le haut ou vers le bas, et j’appuyai sur le premier.
La plateforme monta sans grincer, ce qui me rassura énormément.
― Maintenant, on monte sur le toit. Tu vas imiter mes moindres gestes, même si ça te paraît dangereux. Tu m’entends?
Je le fixai d’un regard, je l’espère, perçant. Il hocha la tête en tremblotant, le teint pâle et les yeux grands ouverts. J’avais sûrement l’air d’un général de l’armée, avec mes ordres durs et mon ton sérieux.
La plaque de fer montait toujours, et je remerciai Dieu que nous habitions un grand immeuble. Ainsi, les hommes venus nous...nous tuer ne pourraient pas se rendre en haut plus rapidement que nous. Cet ascenseur était un ascenseur industriel qui servait à monter des charges légères, rapidement et sans dégât. Plus nous nous rapprochions de la légère lumière qui rayonnait en haut, plus je frissonnai. L’idée qu’ils nous attendaient me donnait la chair de poule. Je ne voulais pas mourir. Pour moi, mais aussi pour Eddie.
La lumière du jour m’aveugla un instant, et je dus plisser les yeux pour me rendre compte qu’il n’y avait, Dieu merci!, personne. L’ascenseur s’était arrêté dans le pigeonnier vide (qui ne servait plus à rien depuis une vingtaine d’années), qui sentait la moisissure et la fiente séchée.
― C’est bon.
Edward se leva prudemment derrière moi. Il m’observa un instant, puis regarda autour de lui.
― Je peux chuchoter? Il m’implora.
― Oui, mais méfie-toi. Parle doucement, lui ordonnai-je en mettant mon doigt sur ma bouche.
Il hésita un instant, regardant toujours à l’extérieur et autour de lui. Il ressemblait à un enfant désemparé qui venait de se perdre dans un immense centre commercial, cherchant en vain ses parents. Il se décida enfin.
― Est-ce tu as un flingue?
Sa question me surprit, mais me força à sourire. C’était une question piège. Je ne savais pas s’il la posait pour être rassuré, ou pour savoir si j’étais réellement dangereuse.
― Il n’est chargé qu’à moitié.
De peur de voir sa réaction, je me retournai en avançant vers l’extérieur de la petite cabane en briques. En touchant mon aisselle, je me rendis compte qu’en fait, il était chargé et qu’il ne manquait aucune balle. Il y avait même une boîte de munitions, sur la ceinture que j’ai prise avant d’entrer dans la garde-robe. Ah, sacré Josh.
Nous avançâmes l’un derrière l’autre, prudemment. Je sentais sa méfiance, et je fis de mon mieux pour ne pas laisser paraître ma peur.
― Maintenant, écoute-moi bien. On va courir jusqu’au bord du toit et on va sauter.
Il n’osa pas répliquer. Au moins, ça prouvait qu’il me faisait confiance.
― Tiens-moi la main. Et surtout, ne crie pas. On sera en sécurité tant qu’on ne se fait pas voir, ni entendre.
― Il y a douze étages.
Je retins mon souffle. Il avait raison. Même si j’avais tout méticuleusement préparé, il avait raison.
― On est en sécurité. J’ai tout préparé.
― Il y a douze étages.
Je fronçai les sourcils et le fixai.
― Nous. Sommes. En. Sécurité.
Il se tut, puis me pris la main. Je lui souris encore une fois, puis me plaçai en position de départ, comme à la course. Il m’imita. Je lui jetai un coup d’œil.
― Trois...
Un ange passa.
― ...deux...
Un autre...
― ...un...
Cette fois, ce fut au tour du diable.
― ALLEZ!
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SLEEP TALKERS (Version Française)
Novela JuvenilEddie n'a que 17 ans. Pourtant, il a plus d'expérience de vie que n'importe quel jeune de son âge. On a essayé de l'assassiner une douzaine de fois en un mois, on lui a tiré dessus en vain une trentaine de fois, il a perdu son meilleur ami, a dû fai...