Chapitre 9 - Ronronnement

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― Il dort?

Ma sœur recouvrit Eddie de l’épais drap blanc du lit double, et je l’aidais ensuite à remplir nos sacs des petites figurines de savon de la luxueuse salle de bains.

― Oui. Tu sais que c’est mal ce qu’on est en train de faire, au moins? Lui chuchotai-je en riant.

― Hé, hé, ne discute pas et prend aussi les serviettes.

J’obéis et essayai de faire le moins de bruit possible. Il était déjà presque quatre heures du matin et nous voulions laisser Edward se reposer le plus possible avant de reprendre la route. En fait, je ne voulais pas vraiment l’entendre ronfler pendant que je serais au volant. Le bruit m’avait toujours stressé, et je n’étais pas très enthousiaste à l’idée d’entendre les ronflements explosifs de mon cousin durant tout le trajet.

― Vite, encore quinze minutes et on n’aura plus le droit au parking.

Lisbeth leva les yeux au ciel en secouant la tête.

― C’est bon, j’ai compris. Je vais aller changer le camion de place moi-même, me dit-elle en détachant lentement les syllabes de chaque mot qu’elle prononçait. En attendant, prépare les sandwiches pour la route. Je ne veux pas de caviar dans la bagnole. 

J’hochai la tête et lui fit signe de sortir. Dès qu’elle eut franchi la porte, je laissai faire les sandwiches et les savons et j’allais m’asseoir près de la fenêtre.

― Pff...C’est emmerdant à la fin...

Me relevant, je jetai un rapide coup d’œil à Edward en me passant la main dans les cheveux. Il n’avait pas changé d’un poil depuis qu’il était enfant. De grands yeux bruns vitreux, un visage de bébé, des cheveux doux et dorés...Même quand il dort, son air angélique persiste (si l’on oublie le fait qu’il ronfle très fort). Il tenait ça de son père...

Je sifflai un coup. Une fraction de seconde plus tard, des tapotements se firent entendre par la porte vitrée du balcon. Goro entra lourdement, son pelage noir luisant sous les premiers rayons de l’aube.

― Allez, tu peux te transformer. Ed dort.

Goro sauta sur le petit fauteuil gris dans le coin de la pièce. Un éclair l’illumina brièvement, et un jeune homme se retrouva logé dans mes bras. Les oreilles félines sur sa tête me chatouillèrent le nez, et sa queue noire balançait de gauche à droite calmement. Il était heureux de finalement retrouver sa forme. Et de se retrouver seul avec moi.

― Ça faisait trop longtemps qu’on ne s’était pas parlé face à face, dit-il en émettant un petit grognement. Tu me manques, tu sais.

Je lui caressai ses cheveux, noirs comme de la suie.

― Que veux-tu, c’est le prix à payer pour pouvoir se retrouver.

Goro commença à ronronner. On se sépara et le jeune garçon se pencha pour observer le visage d’Eddie.

― Il est encore plus mignon vu de près, murmura-t-il à mon intention. Tu penses qu’un jour je pourrai me montrer à lui?

J’éclatais de rire, essayant toutefois de me retenir pour ne pas faire trop de bruit.

― Ne le fixe pas, il va finir par sentir qu’on le regarde. Et crois moi, je n’ai pas trop envie de lui effacer la mémoire...

Goro soupira, visiblement déçu. Il aurait sans doute aimé se faire cajoler par Eddie aussi, pour faire changement de moi, qui avait quatre ans de plus que lui.

― Ça veut dire que je dois encore attendre, je suppose..., il sauta sur le ventilateur accroché au plafond, léger comme l’air.

― Eh, descend de là, tu vas tout détruire!

SLEEP TALKERS (Version Française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant