Je ne savais pas si cette personne me voulait du mal, mais avec tout ce qui s’était passé ce jour là, je n’aurais pas été bien surpris d’apprendre que oui. Le choc que j’eus avec le sol dur m’étourdit un instant, et mon œil recommença à me lancer. Je me levai péniblement avec une douleur aigüe dans le bas de la colonne vertébrale, et marchai le plus vite possible vers l’issue la plus rapide vers la survie : les escaliers de secours. L’ascenseur était trop lent de fermeture, et je ne voulais pas rester enfermé dans un espace de quatre mètres carrés avec un agresseur dément qui désirait me scalper les paupières...
Ma paume glissa sur la poignée en fer de la volumineuse porte en acier. Elle était verrouillée.
«Merde!, marmonnai-je une dizaine de fois. Merde, merde, merde!»
Un autre bruit, plus proche de moi cette fois, me mis en alerte. Je fis mes prières. Un objet lourd et cireux s’écrasa sur mon front. C’était une balle, surement. Je remerciai mentalement Joshua et Lisbeth pour leur affection, mais j’allais bientôt disparaître. Une dernière personne me vint en tête, une personne à qui je pensais tous les jours depuis mon retour dans mon Époque.
Louis Rochelle. Le jeune homme que j’ai emmené avec moi dans les profondeurs de la mer. Dans une faille sombre et profonde. Et envers qui j’avais une amitié si vivante et réelle qu’il aurait pu être mon frère...
J’attendis un quelconque indice de douleur, de chaud ou de froid sur mon front pendant environ une minute. Je restai sans bouger pendant soixante secondes, les yeux fermés, la respiration en staccato. Toutefois, je ne sentais toujours rien. Un doute s’installa dans mon esprit, et je dus me mettre à tâter mon front pour me rendre compte qu’aucune trace de sang n’était présente. Un rire pâteux fusa de derrière une portière ouverte, et je dus me retenir pour ne pas sauter à la gorge de mon agresseur.
― Tu y as cru, n’est-ce pas?
Je giflai Joshua de toutes mes forces, les larmes aux yeux. Il resta immobile un instant, le tête projetée vers la droite à cause du choc que j’avais provoqué. Ses lèvres formèrent un sourire, mais je perçus une pointe de frustration dans ses yeux.
― Pour...pourquoi tu as fait ça?! Tu penses que j’ai envie de m’amuser après avoir su ce que je suis? Tu penses que je... que...j’aime ça?!
Josh s’approcha de moi. Il était plus grand que moi, musclé, et ses cheveux sombres en bataille reflétaient son réveil récent. Je me demandais quel shampoing il utilisait, pour garder ses cheveux aussi huileux même après une bonne heure passée dans le bain, tout à l’heure. Sûrement pas un très bon shampoing.
― Et tu penses que je profite de ce qui t’arrive pour m’amuser?
Il secoua la tête, son sourire béat collé aux lèvres.
― Je...je pense bien.
Mon cousin s’arrêta net, ne comprenant pas ma réponse, et son sourire disparut.
― Je veux dire, je ne pense pas que tu veuilles me...En fait, tu...euh, on...
Il baissa la tête et je m’insultai intérieurement. « Imbécile!, pensai-je, je n’aurais pas dû ouvrir ma grande gueule...».
― Tu...hum.
Il se gratta l’arrière de la tête. On se tut, puis il se rapprocha encore de moi. Josh n’était plus qu’à deux petits pas de moi, les mains dans ses poches de jean.
― Eddie, je sais que c’est dur...
― Ah oui? C’est certain, je suis sûr que tu as réfléchi à ça avant de me lancer cette chose sur le front, et me laisser prier pour que ce ne soit pas un tueur fou qui venait de me tirer dessus. Oh, oui, tu sais que c’est dur.
VOUS LISEZ
SLEEP TALKERS (Version Française)
Teen FictionEddie n'a que 17 ans. Pourtant, il a plus d'expérience de vie que n'importe quel jeune de son âge. On a essayé de l'assassiner une douzaine de fois en un mois, on lui a tiré dessus en vain une trentaine de fois, il a perdu son meilleur ami, a dû fai...