Merde. Merde merde merde.
― C’est rien, t’inquiètes. Va te recoucher.
Eddie hésita une seconde. Il marmonna quelque chose que je ne pus pas comprendre, puis fit demi-tour et se dirigea vers sa chambre. Dès qu’il eut fermé la porte, je poussai un soupir de soulagement et ouvrit la lourde porte de l’armoire.
― Putain de…c’est quoi ton problème à la fin? Cria Goro.
― Euh, ben, désolé, mais euh, je n’avais pas vraiment le choix, tu vois?
Il sortit de l’armoire en grognant et en murmurant des insultes incompréhensibles.
― Bon. Je ne vais pas m’attarder là-dessus, dit il en retirant une touffe de poussière de son épaule. Pourquoi tu m’as appelé?
― J’avais envie de te voir, y’a un problème?
Goro haussa un sourcil et remua les oreilles. Il ne me croyait pas.
― Dis-le tout de suite que tu veux que j’t’amène du stock, soupira-t-il.
― Du bon, si tu peux. Il me semble qu’il y a des mecs qui vendent encore des fusils de chasse à pompe, aux alentours du quartier de Bohr et du Cirque.
― Tu veux des Winchester?
― Winchester model 12. Enfin, tant que ça tire et que ça peut percer le crâne d’un homme, je suis preneur.
Il sourit. Il adorait les fusils. Moi aussi d’ailleurs.
― Tu peux compter sur moi, dit-il en marchant vers le balcon. Mais, euh.
Il s’arrêta et me dévisagea de ses fins yeux en amandes.
― Écoute, je te pose jamais de questions sur ce genre de truc, et je te demanderai pas non plus pourquoi tu veux que j’te ramène des armes, mais…
Il baissa le regard.
― …Si c’est pour que tu reformes ton groupe de criminels…
Nous fûmes interrompus par un bruit fracassant provenant de la chambre avoisinante. Goro sursauta et s’enfuit par le balcon.
― EDDIE? ÇA VA? Criai-je.
Pas de réponse.
― EDWARD? HÉ, OH?
J’effleurai ma ceinture pour vérifier que mon couteau et mon revolver y étaient bien accrochés. Je me dirigeai lentement vers la porte de la chambre.
― Ed?
J’entendis des chuchotements incompréhensibles. Un bruit d’étouffement. Puis un grincement.
― ED?
Je donnai un violent coup de pied à la porte et entrai en trombe dans la pièce.
Personne.
Vide.
― Merde. Il est passé où ce…
― Bouge pas.
Je me figeai.
― Un mouvement et je vous troue le crâne. À toi et ton copain.
Le canon d’un revolver était collé sur ma tempe. Je levai les mains en l’air.
― Lâche ton flingue.
― Écoute, vieux…
― LÂCHE TON PUTAIN DE FLINGUE!
Je laissai tomber mon arme par terre.
― Écoute, mec, on peut discuter. Je sais pas ce que tu veux, mais on ne l’a peut-être pas.
― Ferme-là, enfoiré. Je vous ai vus sortir de l’immeuble et voler la bagnole du vieux proprio. J’vous ai vus.
Sa voix dérapa.
― J’vous ai vus tirer sur ma p’tite sœur. J’vous ai vus.
Ma respiration s’arrêta.
Il nous prenait pour les tueurs de la veille.
― É-écoute-moi, vieux. J’suis désolé pour ta sœur, vraiment. Mais on n’a rien à voir là-dedans, nous.
Il serra son arme. Mauvais signe.
― Ta gueule. T’as la même odeur qu’eux. Vous avez tous la même odeur qu’eux. ‘Te marre pas d’moi.
Je fronçai les sourcils.
― La même odeur?
― TA GUEULE!
J’entendis un cri étouffé. Du coin de l’œil, j’aperçus Edward, étranglé sous la prise musclée d’un grand homme à la peau noire. L’homme portait un chandail à capuchon bleu marin délavé, et une paire de jeans usée à la corde.
La réalité me frappa.
― Caleb?
L’homme eut un mouvement de recul. Il plissa les yeux, observant attentivement mon visage.
― D’où tu me connais?
Je ris nerveusement.
― C’est moi qui t’ai donné ce chandail, l’an passé à noël.
Il lâcha son arme.
― Non, pas possible…Jacob? Jonathan?
― Euh, Joshua, ricanai-je.
― Mais…mais ça se peut pas…t’as pas…t’as pas tiré sur ma sœur, c’est impossible…
― C’est ce que j’essaie te d’expliquer, tu vois, on…Euh, Caleb?
― Ouais?
― Tu peux lâcher mon cousin? Je pointai Edward, étouffé sous la prise musclée de son agresseur.
― Oh, euh, ouais, désolé bonhomme.
Ed reprit son souffle, puis s’écroula par terre. Je le pris sur mon épaule et l’aidai à s’assoir sur le matelas moelleux de la chambre.
À ce moment, la porte s’ouvra en grand et laissa entrer une Lisbeth furieuse, arme à la main.
Elle baissa vite son arme quand elle se rendit compte que le visage de l’homme lui était familier. Elle soupira et leva les yeux au ciel.
― Caleb, qu’est-ce que tu fous ici?
Caleb soupira à son tour.
― J’allais exploser le crâne de ton frère jusqu’à ce que…ben, jusqu’à ce que je m’rende compte que c’était ton frère.
Lisbeth n’en était pas moins nerveuse.
― Bon. Ce n’est pas important. Tu dois t’en aller. On doit tous s’en aller.
J’haussai un sourcil.
― Pourquoi? Il n’est pas encore midi, à ce que je sache.
Lisbeth se retourna lentement vers moi, les yeux sombres et la mâchoire contractée.
Elle dit d’une voix ferme et froide :
― Ils sont là.
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SLEEP TALKERS (Version Française)
Fiksi RemajaEddie n'a que 17 ans. Pourtant, il a plus d'expérience de vie que n'importe quel jeune de son âge. On a essayé de l'assassiner une douzaine de fois en un mois, on lui a tiré dessus en vain une trentaine de fois, il a perdu son meilleur ami, a dû fai...