Chapitre 10 - Caleb

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Merde. Merde merde merde.

― C’est rien, t’inquiètes. Va te recoucher.

Eddie hésita une seconde. Il marmonna quelque chose que je ne pus pas comprendre, puis fit demi-tour et se dirigea vers sa chambre. Dès qu’il eut fermé la porte, je poussai un soupir de soulagement et ouvrit la lourde porte de l’armoire.

― Putain de…c’est quoi ton problème à la fin? Cria Goro.

― Euh, ben, désolé, mais euh, je n’avais pas vraiment le choix, tu vois? 

Il sortit de l’armoire en grognant et en murmurant des insultes incompréhensibles.

― Bon. Je ne vais pas m’attarder là-dessus, dit il en retirant une touffe de poussière de son épaule. Pourquoi tu m’as appelé?

― J’avais envie de te voir, y’a un problème?

Goro haussa un sourcil et remua les oreilles. Il ne me croyait pas.

― Dis-le tout de suite que tu veux que j’t’amène du stock, soupira-t-il.

― Du bon, si tu peux. Il me semble qu’il y a des mecs qui vendent encore des fusils de chasse à pompe, aux alentours du quartier de Bohr et du Cirque.

― Tu veux des Winchester?

― Winchester model 12. Enfin, tant que ça tire et que ça peut percer le crâne d’un homme, je suis preneur.

Il sourit. Il adorait les fusils. Moi aussi d’ailleurs.

― Tu peux compter sur moi, dit-il en marchant vers le balcon. Mais, euh.

Il s’arrêta et me dévisagea de ses fins yeux en amandes.

― Écoute, je te pose jamais de questions sur ce genre de truc, et je te demanderai pas non plus pourquoi tu veux que j’te ramène des armes, mais…

Il baissa le regard.

― …Si c’est pour que tu reformes ton groupe de criminels…

Nous fûmes interrompus par un bruit fracassant provenant de la chambre avoisinante. Goro sursauta et s’enfuit par le balcon.

― EDDIE? ÇA VA? Criai-je.

Pas de réponse.

― EDWARD? HÉ, OH?

J’effleurai ma ceinture pour vérifier que mon couteau et mon revolver y étaient bien accrochés. Je me dirigeai lentement vers la porte de la chambre.

― Ed?

J’entendis des chuchotements incompréhensibles. Un bruit d’étouffement. Puis un grincement.

― ED?

Je donnai un violent coup de pied à la porte et entrai en trombe dans la pièce.        

Personne.

Vide.

― Merde. Il est passé où ce…

― Bouge pas.

Je me figeai.

― Un mouvement et je vous troue le crâne. À toi et ton copain.

Le canon d’un revolver était collé sur ma tempe. Je levai les mains en l’air.

― Lâche ton flingue.

― Écoute, vieux…

― LÂCHE TON PUTAIN DE FLINGUE!

Je laissai tomber mon arme par terre.

― Écoute, mec, on peut discuter. Je sais pas ce que tu veux, mais on ne l’a peut-être pas.

― Ferme-là, enfoiré. Je vous ai vus sortir de l’immeuble et voler la bagnole du vieux proprio. J’vous ai vus.

Sa voix dérapa.

― J’vous ai vus tirer sur ma p’tite sœur. J’vous ai vus.

Ma respiration s’arrêta.

Il nous prenait pour les tueurs de la veille.

― É-écoute-moi, vieux. J’suis désolé pour ta sœur, vraiment. Mais on n’a rien à voir là-dedans, nous.

Il serra son arme. Mauvais signe.

― Ta gueule. T’as la même odeur qu’eux. Vous avez tous la même odeur qu’eux. ‘Te marre pas d’moi.

Je fronçai les sourcils.

― La même odeur?

― TA GUEULE!

J’entendis un cri étouffé. Du coin de l’œil, j’aperçus Edward, étranglé sous la prise musclée d’un grand homme à la peau noire. L’homme portait un chandail à capuchon bleu marin délavé, et une paire de jeans usée à la corde.

La réalité me frappa.

― Caleb?

L’homme eut un mouvement de recul. Il plissa les yeux, observant attentivement mon visage.

― D’où tu me connais?

Je ris nerveusement.

― C’est moi qui t’ai donné ce chandail, l’an passé à noël.

Il lâcha son arme.

― Non, pas possible…Jacob? Jonathan?

― Euh, Joshua, ricanai-je.

― Mais…mais ça se peut pas…t’as pas…t’as pas tiré sur ma sœur, c’est impossible…

― C’est ce que j’essaie te d’expliquer, tu vois, on…Euh, Caleb?

― Ouais?

― Tu peux lâcher mon cousin? Je pointai Edward, étouffé sous la prise musclée de son agresseur.

― Oh, euh, ouais, désolé bonhomme.

Ed reprit son souffle, puis s’écroula par terre. Je le pris sur mon épaule et l’aidai à s’assoir sur le matelas moelleux de la chambre.

À ce moment, la porte s’ouvra en grand et laissa entrer une Lisbeth furieuse, arme à la main.

Elle baissa vite son arme quand elle se rendit compte que le visage de l’homme lui était familier. Elle soupira et leva les yeux au ciel.

― Caleb, qu’est-ce que tu fous ici?

Caleb soupira à son tour.

― J’allais exploser le crâne de ton frère jusqu’à ce que…ben, jusqu’à ce que je m’rende compte que c’était ton frère.

Lisbeth n’en était pas moins nerveuse.

― Bon. Ce n’est pas important. Tu dois t’en aller. On doit tous s’en aller.

J’haussai un sourcil.

― Pourquoi? Il n’est pas encore midi, à ce que je sache.

Lisbeth se retourna lentement vers moi, les yeux sombres et la mâchoire contractée.

Elle dit d’une voix ferme et froide :

Ils sont là.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 02, 2014 ⏰

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