partie 10

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Je sentais combien cette grossesse semblait représenter un enjeu pour cette femme au lourd passé psychologiquement mélancolique. Que pouvais-je faire pour elle? Il s'agissait ici d'un cas spécial et une décision paternaliste n'était point la bienvenue.
Il fallait consulter son médecin initial et entrevoir une discussion entre confrères. Il fallait nécessairement trouver le moyen de sauver cette grossesse. Le cas échéant, on pourrait recourir à un avortement thérapeutique. En effet, ce type d'interruption volontaire de grossesse est pratiqué lorsque la vie de la mère est en danger. Après une multitude d'examens que nous lui demandâmes et qui révélèrent la présence d'une tare chez le fœtus, il fallait ensuite fonder nos réflexions sur certains éléments scientifiques:
La tare que présentait le fœtus au moment du diagnostic pouvait-elle permettre à l'enfant de vivre après la naissance? Cette tare était-elle curable?. Si cet enfant, à la naissance pouvait vivre avec la tare, il n'y aurait aucune raison de procéder à un avortement. Les examens avaient révélé que cette tare présentait un risque de mort imminent chez la mére. C'était une situation complexe et nous devions la partager avec la patiente. C'était à elle de prendre la dernière décision. Ce fut un moment difficile mais l'enjeu était l'autre. Nous la fîmes venir; après de longs moments d'échanges, la femme comprit et accepta la proposition. La réquisition à médecin fut préparée au nom de la clinique. Je m'entendis avec la dame et lui fixai un rendez-vous pour le jeudi suivant. Lorsqu'elle arriva, il me fallut commencer d'abord par la préparer psychologiquement. J'eus encore toutes les peines mais son fiancé qui l'avait encore accompagnée me paraissait être le psychologue le mieux indiqué en ce moment. Lorsqu'elle accepta, je lui fis une anesthésie après l'avoir installée sur la table d'opération. Quelques instants après, je lui administrai une injection qui déclencha plus tard les contractions pour l'accouchement.
Au bout de quatre heures d'horloge, la dame accoucha d'un mort-né. Avec mes collaborateurs, je fis tout le nécessaire pour qu'elle ne vît pas les résidus de son enfant afin de réduire son degré d'anxiété.
Alors que je continuais à penser à la tragédie qu'avait vécue cette femme, je fus appelé en urgence le lundi suivant à la clinique Louis d'Orion qui était gérée par les soeurs réligieuses. En effet, une femme de la trentaine y avait été emmenée dans un état comateux. Son état semblait désespéré et nécessitait une intervention immédiate. Dès mon arrivée, nous nous acharnames à voir ce qu'elle avait réellement et découvrîmes entre ses jambes, un amas de sang coagulé. Je me résolus à dégager d'abord cette masse sanglante afin d'analyser l'éventuel problème auquel cette femme était confrontée. Dans cet exercice, mes collégues et moi découvrîmes la petite jambe coupée d'un foetus de six mois environ. Très rapidement, nous comprîmes qu'elle avait des complications liées à une tentative d'avortement par la voie mécanique. Il ne fallait plus attendre, car elle saignait intensément. Très rapidement, nous la conduisîmes au bloc opératoire. Quelques temps aprés, alors que nous la croyions endormie, la pauvre dame se redressa subitement sur son lit, fixa la porte comme si elle y voyait venir des <<extra-terrestres>>, et pourtant, il n'y avait rien d'effrayant ni de surprenant. La sueur perlait sur son front, ses cheveux étaient hérissés, son corps tremblait et elle tentait de se réfugier sous son drap.
Pourquoi était-elle dans ce état?
Devinez et laissez vos commentaires. Gros bisous.

Condamnés à ne jamais naître (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant