partie 14

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J'avais plutôt à me concentrer pour vite et bien finir afin d'aller voir la princesse dont j'attendais tant la venue au monde. J'avais déjà fait dilater le col utérin de la patiente. Il ne me restait plus qu'à vider l'utérus de son côté de quatre mois environ.
Après quelques dizaines de minutes, mon téléphone sonna pour une seconde fois. Je décrochait. C'ÉTAIT léra et la nouvelle fut celle à laquelle je m'attendais le moins ! Crystal avait des complications et se trouvait au bloc opératoire. Je me fis aider par mon stagiaire. Ma clinique étant située dans un quartier périphérique, je pris encore près d'une heure pour arriver à la maternité de l'hôpital et me dirigeai immédiatement vers le bureau de la surveillante. Ma première préoccupation était de savoir dans quel état se trouvait ma fiancée et ma fille. La surveillante me fit savoir que crystal n'allait pas du tout bien, mais que les médecins étaient à pied d'œuvre et que je n'avais pas à m'inquiéter. Je ne pouvais m'asseoir bien que l'on me l'ait demandé. J'implorais la grâce de Dieu sur ma fiancée et mon enfant, car c'était là mon dernier recours.
Quelques minutes plus tard, le médecin qui avait conduit l'intervention sortit. Je ne le connaissais car il avait été un de nos aînés à la Faculté. Je m'empressai d'acquérir les nouvelles. Mon collègue me dit d'un ton léger:<<nous avons tout fait et Dieu merci, nous avons pu sauver la vie de votre épouse. Seulement, l'enfant n'a pas survécu. Il est mort-né.>>
Ému, échaudé et surpassé, je ne pus retenir mes larmes. Tout en remerciant Dieu d'avoir sauvé crystal, je ne comprenais pas comment il ne pouvait pas faire prévaloir sa force de miracles pour les sauver toutes les deux! Tout en larmes, je demandai à voir le corps. Vu mon état, le surveillante n'hésita pas à m'y conduire. Je trouvai mon enfant emballé dans le pagne de crystal. Je le déballai et y trouvai une belle petite fille qui semblait dormir. Je voulus croire que c'était vraiment un sommeil mais...
A l'observer attentivement, cet enfant mort-né ressemblait trait pour trait à l'enfant que je venais d'avorter et à bien d'autres qui avaient subi le même sort. Je le pris dans mes bras, me raconta-t-on plus tard, et criai:<<je viens de la tuer!... Oui, je viens juste de tuer ma fille il y'a quelques minutes...>>.
Je rentrai ensuite dans la salle où se reposait crystal. Je ne pus la consoler véritablement, car j'avais honte de moi-même, convaincu que je venais de commettre un meurtre. En fait, je délirais sans le savoir. Je fus très marqué et profondément bouleversé.
Répartir chez moi ce soir fut une lourde et grande épreuve. En effet, lorsque je pris le volant, j'eus de la peine à rouler attentivement, tant mon attention était tournée vers ma fille, ma première et unique fille, mon unique enfant, morte parce-que...
Je me souviens combien crystal en fut touchée de même que sa mère. Tout ce que je lui disais à l'hôpital était destiné à cacher mon traumatisme, mais au tréfonds de moi-même, je ne ressentais que de l'amertume. Que vais-je faire?

Condamnés à ne jamais naître (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant