La honte

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Le bus est calme, d'un silence incroyable. Je croyais que les gens allaient discuter de leurs vacances, mais à voir les têtes refermées et ensommeillées, je vois que je me suis bien trompée.

Je plaque violemment ma main sur ma clavicule droite. Comme si on m'avait piquée, saleté d'insecte! En regardant ma main, je ne vois rien, pas même un moustique, un truc, n'importe quoi. Il a du s'envoler.

Super ! Surtout que je fais des réactions allergiques aux piqûres. Magnifique. J'aime. Ça n'est pas bien grave, c'est juste une sensation de brûlure et une tâche rouge qui finit toujours par partir.

Mais c'est pénible.

Je soupire une nouvelle fois. Ma bonne humeur de ce matin commence à s'envoler, entre l'autre débile qui m'énerve parce que je n'arrive pas a décider de ce qu'il est, et maintenant le fait que je vais me retrouver avec une tâche sur la clavicule. Ce sera visible en plus, avec mon débardeur!

Je ne vais pas laisser ces deux éléments me gâcher la journée.

On arrive au lycée. Je me lève la première et file vers les panneaux qui me montreront ma classe. Au passage, je bouscule une fille blonde sans le vouloir.

- Oh pardon!

On s'est exclamées en même temps. On se baisse toutes les deux pour ramasser les papiers qu'elle tenait à la main.

- Excuse-moi, j'aurais du regarder où j'allais, je fais.

- Non, c'est moi qui m'excuse. J'étais dans la lune.

En captant son regard, je m'aperçois qu'elle a des yeux gris incroyables. On se fige. C'est comme si une décharge électrique venait de parcourir mon visage. Je ne peux détacher mes yeux des siens, et visiblement c'est la même chose pour elle. Nous avons la même expression de stupeur, j'en suis sûre.

Je ne sais pas pourquoi ça se passe, ni comment. Toujours est-il qu'elle me prend la main vivement, ce qui me fait sursauter. Pendant une minute, elle a l'air en transe, complètement ailleurs, et je ne fais rien pour la dégager, je reste là, interdite, les papiers à la main, en train de la fixer dans ses yeux gris, si semblables aux miens.

Elle semble revenir à elle et me presse la main.

- Je m'appelle Séréna. Rejoins-moi à la cantine à midi, je dois te parler Camille.

Je sursaute une nouvelle fois, sidérée. Comment connaît-elle mon nom? Je ne l'ai jamais vue non plus, elle aussi doit être nouvelle.

Elle nous relève, me prend ses feuilles, et m'adresse un sourire de remerciement avant de s'en aller rejoindre ses amies.

Je secoue la tête, incrédule. Que vient-il de se passer? C'était si intense comme moment, j'en ai oublié de respirer...

En reprenant mon chemin, je ne peux m'empêcher de faire le lien avec ce Nicolas. Deux nouveaux. Deux nouveaux cette année. Bizarre non? C'est une sacrée coïncidence quand même.

Mais ses yeux gris... Je ne sais pas, on dirait les miens, c'était bizarre...

Oui parce que, si toute ma famille a les yeux bleus, qui prouvent qu'ils sont tous aptes à régner sur la communauté des vampires, les miens sont totalement gris. Personne ne s'était interrogé sur la signification de leur couleur puisque je suis humaine. Et je ne me suis jamais penchée sur la question non plus. Et ce n'est pas ce matin que je vais m'y intéresser.

Ce midi à la cantine. Qu'est-ce qu'elle me veut?

Je fronce les sourcils en me rendant  compte que peu importe ce que je pense, cette fille est au centre de toutes mes pensées.

HumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant