L'aura

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Je m'effondre sur le bitume, soudainement vidée de toute mon énergie. Le ciel se dégage peu à peu, avec une vitesse hallucinante d'ailleurs.

- Tu vas bien? s inquiète Séréna en se baissant pour me prendre dans ses bras.

Je hoche la tête. Je ressens des picotements là où Alicia m'a griffée. Génial. Pitié, faites que cela ne me fasse pas d'autres cicatrices. Je vais ressembler à Freddy Krugger après.

J'entends des chuchotements autour de nous, admiratifs, craintifs, surexcités. Je pose ma tête sur l'épaule de mon âme sœur, soulagée que nos deux auras aient disparu. N'empêche, je suis contente.

Mon aura s'est activée!

Je ne suis pas une incapable ! NAH! Que cette pouffe de Cho aille manger ses cheveux!

Je ris de ma propre pensée, ce qui intrigue Séréna. Elle a ressenti ma soudaine joie et ma fierté, et je peux sentir les mêmes émotions chez elle.

- Je crois qu'il va falloir qu'on parle, me souffle-t-elle en m'aidant à me relever, sa tête sous mon bras. Ton aura est bizarre.

- C'est toi qui est bizarre, je dis en tentant de plaisanter. Oh...

Je me sens vaciller: mes jambes tremblent, ma vue se brouille. Mes marques n'en font encore qu'à leur tête et ma tête justement, joue à la toupie. Je hais mon corps. Il ne fait que des trucs bizarres. C'est pénible.

- Cam? Cam? Ça va pas? Cam?

Je sens mes jambes se dérober sous mon corps, alors que ma vue s'assombrit dangereusement.

La dernière chose que je vois est mes amies et mes professeures se précipiter vers moi.



Je me réveille avec la sensation que l'on m'enfonce un marteau piqueur dans le crâne. Très douloureux. Franchement agaçant. Ça manque me faire payer un câble.

En poussant un grognement de frustration d'avoir si mal dès le réveil, je me retourne sur le ventre et enfouis mon visage dans l'oreiller. Wait. Une minute. L'oreiller?

J'ouvre les yeux, fixant un drap blanc. La pièce est plongée dans la pénombre, les stores sont baissés. J'apprécie l'effort. Au lycée, tout était toujours ouvert, alors la lumière crevait les yeux. Du coup, ça donnait envie de sortir et trucider tout le monde.

- Enfin réveillée ?

Je m'assois en sursaut et tourne la tête vers une jolie blonde aux yeux gris, les yeux écarquillés.

- Tu veux ma mort? La prochaine fois, préviens !

Elle éclate de rire. Moi je ne trouve pas ça drôle. J'ai vraiment eu peur. Tout le monde veut ma mort? Comment ça se passe?

- Désolée, je ne pensais pas te faire peur, froussarde.

- Eh oh. Froussarde toi-même.

Pire répartie au monde. C'est le genre de truc qu'on disait en maternelle. L'arme fatale.

- Tu te rends compte de ce que tu as fait?

Je fixe Séréna, qui me fixe avec une lueur joyeuse dans les yeux. Si je ne pouvais pas ressentir son excitation, j'aurais pensé que j'avais encore fait quelque chose de mal. Mais ce n'est pas le cas.

J'ouvre donc la bouche pour lui demander ce que j'ai encore fait quand les souvenirs remontent. Oh bouse!

J'ai enclenché mon aura. Je me suis battue. J'ai repoussé mes sœurs.

Alors je prends un air fier et bombe la poitrine en me levant pour lui faire face.

- J'ai eu une sacrée classe.

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