Humaine

La professeure

On prend vite notre douche. L'eau chaude coule le long de mon corps, parcourant ma peau nue, traçant des sillons qui me procurent des frissons de délice. Brusquement, j'ai l'image d'un regard bleu foncé en tête et fronce les sourcils.

Mais pourquoi Diable je pense à lui, moi?

Parce qu'il te plaît peut-être? susurre ma conscience.

Oh ferme-la. Pourquoi me plairait-il? Je ne l'ai vu qu'une journée, et en plus non seulement je ne sais rien de lui mais en plus il est arrogant, moqueur et débile. D'où son surnom le Débile.

Mais hyper sexy!

Ta gueule.

Je revêts l'uniforme, constitué d'une jupe à carreau rouges et noirs et d'une chemise blanche unie.

En m'habillant, je regarde ma marque et retiens un cri de surprise. Elle n'est plus si grise qu'avant, maintenant elle tire vers un bleu turquoise assez clair, comme si elle changeait de couleur. Mais qu'est-ce que c'est que ça encore?

J'en ai marre des changements moi!

Je ne veux pas en parler aux autres filles mais dès que je sors, Séréna me regarde d'un air entendu. Elle a du ressentir mon anxiété.

Elle me sourit en s'attachant les cheveux en un chignon coiffé-décoiffé. Une vague de calme me submerge soudain, me faisant presque oublier ma marque en tout point de vue différente. Je comprends rapidement que je ressens la zénitude de mon âme-sœur et lui adresse un sourire reconnaissant.

- Viens, on doit aller en cours, Camille!

Juliette me tire par la main. C'est vraiment incroyable de voir à quel point elles sont tactiles! Est-ce que c'est une particularité des sorcières ou n'ai-je vraiment pas prêté attention aux humains? Il faut dire que je suis assez renfermée. Toujours solitaire. Quand quelqu'un m'adresse la parole, je réponds, mais je n'engage jamais la conversation.

Au passage, l'une des triplets regarde ma marque et fronce les sourcils.

- Ta marque est bizarre.

Heureusement, les autres n'ont rien entendu et discutent devant. Je m'arrête, une main posée sur son bras pour lui faire signe de faire de même.

- Tu n'es pas Séréna, je fais. Chloé?

- Oui, comment tu le sais?

- J'ai fait au pif.

Elle rit mais retrouve rapidement son sérieux.

- Ta marque... je ne suis pas sotte. Ce n'est celle des sorcières.

Elle déboutonne suffisamment sa chemise pour me montrer un symbole en forme de balance grise.

- C'est une balance. Symbole de la justice. La tienne est différente.

- S'il te plaît, ne le dis pas. Séréna est au courant que la marque est différente, mais la couleur vient à peine de changer.

Chloé passe un bras autour de mes épaules.

- Ecoute, me dit-elle à voix basse en recommençant à marcher, je ne dirai rien. C'est ton choix. Mais... viens avec moi ce midi à la bibliothèque. Je suis sûre qu'on va trouver quelque chose sur ça. Tu devrais quand même en parler à Séréna. Je ne dirai rien aux autres si tu ne le veux pas.

- D'accord. Merci.

Les filles se sont arrêtées devant une porte, elles ne semblent pas remarquer notre retrait, ou alors ça ne les dérange pas.

Chloé détache mes cheveux et retire la pince que j'avais pour les retenir. Elle me fait signe de tourner face à elle et commencer à tresser mes cheveux avec des gestes à la fois doux, rapides et experts. Elle me fait une tresse en épi de blé et la pose sur mon sein gauche. Je ne pose aucune question. Elle se recule de deux pas pour admirer son travail.